Gérard et Julien Holtz : «La passion du sport en héritage»
Gérard Holtz et son fils Julien nous emmènent «À la conquête de l’impossible» dans un nouveau tome de «100 histoires de légende», édité chez Gründ. Rencontre avec la famille Holtz (découvrez l’intégralité de l’interview en vidéo au bas de l’article).
Comment est venue l’idée de faire cette collection de livres « Les 100 histoires de légende » ?
Julien : En 2012, notre éditeur est venu voir Gérard pour la 100e édition du Tour de France. On en a parlé ensemble au Sénégal et c’est de là que le projet commun est parti. Ça a été un carton. Depuis, on écrit un livre tous les ans. C’est le neuvième qu’on propose cet été.
Gérard : Notre éditeur nous a dit que de vendre 3.000 livres serait un vrai succès. On en a vendu 107.000 exemplaires si on prend toute la collection. On aime raconter des histoires, des secrets sur le sport. L’année prochaine, on parlera du tennis pour le 40e anniversaire de la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros.
La passion du sport se transmet de père en fils dans la famille Holtz ?
Julien : Oui, mon frère Antoine aussi. La passion que je partage avec mon père, c’est le cyclisme, la course à pied.
Gérard : Avec mes enfants, on a fait la montée jusqu’au Mont-Blanc. Notre philosophie était « ne laisser sur la montagne que les traces de nos pas ». On a atteint le sommet tous les trois et on a pleuré.
Dans votre livre, vous expliquez comment certains sportifs ont repoussé les limites. À quel moment avez-vous repoussé vos propres limites ?
Gérard : En 2003, je me blesse au genou pendant le Dakar, c’est très grave. Je suis immobilisé pendant 2 ou 3 mois. Je me dis que j’allais faire le Tour de France quelques mois plus tard. Au mois de juin 2003, j’ai fait le Tour de France sur les traces du Tour 1903 tout seul avec une moyenne de 27 km/h. 2.400 kilomètres en 11 jours !
Julien : Il était méconnaissable tellement il était maigre après ça.
Gérard : J’avais perdu quasiment 8 kilos avec la canicule et l’effort, je faisais 62 kilos. Dans mon bureau à France Télévisions, j’avais un poster sur lequel il était inscrit : « L’extase, c’est de pouvoir progresser chaque jour. »
Julien, que retenez-vous de la carrière de votre papa ? Et Gérard, quel est votre meilleur et pire souvenir de carrière ?
Julien : Il est entré dans le salon des téléspectateurs. Il a réussi à faire aimer le sport avec émotion. Il a toujours voulu partager la connaissance, la compréhension des choses. Je retiens qu’il a été un médiateur. Les gens l’aiment pour son naturel et pas pour une mauvaise ambition.
Gérard : Je ne me suis jamais considéré comme une star ou vedette, je suis juste un passionné. Le mot retraite n’existe pas pour moi. Dès que j’aime quelque chose, je veux que tout le monde l’aime. La naissance de mes garçons reste l’un de mes meilleurs souvenirs, j’ai dû couper le cordon moi-même. Pour ma carrière, c’est d’avoir créé le Téléthon en 1987, c’était un grand moment. La télévision était au service du public. Mon pire souvenir est la mort du cycliste Fabio Casartelli. La chute est arrivée à 20 mètres de moi, on est arrivé avec la voiture, j’ai relevé Johan Museeuw et malheureusement Casartelli était la tête fracassée sur le sol, c’était un très très mauvais moment.
On vous connaît à la télévision mais vous avez aussi fait du cinéma avec notamment Coluche. Racontez-nous cette expérience.
Gérard : J’ai fait du théâtre, un peu de cinéma avec Coluche. C’était des rôles de journaliste. Michel Colucci est devenu un copain, il m’a même donné un carnet. C’est une confidence que je vais vous faire. On était en train de déjeuner ensemble et il écrivait sur un carnet toutes les réflexions de la voisine d’à côté, cela allait lui servir pour un sketch. Depuis, je note aussi toutes les réflexions que je peux entendre, il y a des choses drôles ou insolites. Par exemple, Jacques Chirac qui a dit : « Je m’en tape le coquillard avec une patte d’alligator femelle. ».
Avez-vous des regrets suite à votre départ de France Télévisions ?
Gérard : Non, zéro. J’ai basculé par amour. Ma femme a été nommée à Rome à la Villa Médicis. J’avais aussi prévu de basculer pour faire des livres avec mon fils et du théâtre.
Dans la vraie vie, quel style de papa êtes-vous ?
Julien : C’est le premier de cordée, il m’a emmené pour me faire vivre des choses, mon enfance a été riche en apprentissage et avec des privilèges. Cela m’a construit, ça a développé ma curiosité et ma soif de vivre. C’est un papa poule.
Gérard : Sur le frigo, j’avais noté une phrase à la maison « Deviens ce que tu es ». J’ai essayé de leur donner des valeurs, lutter contre l’extrémisme, le racisme. J’ai voulu les guider.
Avez-vous regretté certaines choses dans vos vies ?
Gérard : Oui, j’ai regretté deux choses. La première est d’avoir dit oui à Sportissimo, je voulais faire un magazine avec des reportages sur le sport et la production m’a balancé des changements, j’aurais dû dire non. La deuxième est le journal de 13h pour les conditions, je n’étais pas bien entouré, je ne me suis pas assez entouré pour me protéger. Il y a eu des bagarres internes pour faire passer des idées, j’ai regretté d’avoir fait le 13h dans ces conditions-là.
Julien : Quand j’étais adolescent, j’avais un petit don pour le dessin. Après le BAC, j’ai voulu faire une école d’art et je me suis planté. Sur 1.200 candidats, on n’en prenait que 30. J’ai gardé cette frustration, c’est une élite qui ne garde que les meilleurs. Mon père m’a toujours dit : «quand on te ferme la porte, il faut savoir rentrer par la fenêtre».
La notoriété a-t-elle été parfois négative pour votre famille ?
Julien : Oui, on en a un peu souffert. Notre père ne nous appartenait pas. Dans les années collège, les élèves font des choses parfois pas très sympas. On est mis de côté. C’est une période que j’ai un peu mal vécu. À partir de 18 ans, ça a changé.
Gérard : C’était des moments gâchés. On partait en vacances, les gens me tiraient par l’épaule pour prendre une photo, on venait me voir sans cesse à table ou dans la rue. C’était de la gentillesse mais quand on est en famille, ça gâtait un peu. Au début, je refusais de faire des autographes. Cela ne servait à rien pour moi. On me demandait toujours pourquoi je refusais, cela me prenait tellement de temps à expliquer que j’ai décidé de faire des autographes par la suite. Je pensais que ça allait disparaitre. Quand j’étais à Rome dans la Villa Médicis, c’était presque l’enfer. On me dit souvent que j’ai bercé l’enfance des gens. Dernièrement, une dame me voit au Monoprix, elle se retourne une fois, deux fois, trois fois et elle me dit « Ne me dites pas que c’est pas vous » (rires). »
Quel rêve vous reste-t-il à accomplir ?
Gérard : J’en ai 150. Je me fais des fiches avec mes rêves à réaliser. Je veux apprendre à piloter un avion, je veux être maire d’un village, je veux traverser l’Atlantique à la voile.
Julien : Soit acheter une maison à retaper en Haute-Savoie ou Normandie. Pour réaliser ce rêve, on va avancer doucement. On espère continuer de faire des livres qui se vendent bien. Dans les deux ans qui arrivent, on veut passer de la plume à la caméra. On veut transformer nos histoires des livres en matière pour la télévision. C’est notre ambition tous les deux.
Découvrez l’intégralité de l’interview en vidéo :
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