François Hollande : «Des erreurs majeures ont été commises par l’Occident ces dix dernières années»
François Hollande vient de sortir un livre intitulé «Bouleversements». L’ancien Président de la République Française revient sur les dix dernières années qui ont bouleversé l’Europe.
Rencontre avec François Hollande.
Dans votre livre, vous décrivez les bouleversements économiques, militaires, politiques depuis dix ans. Vous avez été acteur en tant que Président de la République entre 2012 et 2017, y a-t-il eu des erreurs pour vous ?
Je ne crois pas, même si le sujet aujourd’hui n’est pas celui de mon mandat. En revanche, et c’est ce que j’explique dans mon livre, des erreurs majeures ont été commises par l’Occident au cours de la dernière décennie. D’abord celle de Barack Obama en août 2013, lorsqu’il n’a pas souhaité intervenir en Syrie pour punir Bachar al-Assad après l’utilisation d’armes chimiques contre son peuple. La deuxième a été celle de Donald Trump que Joe Biden a été obligé de suivre, celle du retrait précipité des soldats américains en Afghanistan, qui a permis aux Talibans de revenir au pouvoir. Cette débandade a laissé croire à Vladimir Poutine qu’il pouvait agir en Ukraine en toute impunité.
Est-ce que ça a été facile de retrouver une vie «normale» après votre passage à l’Élysée ?
Non, ce n’est jamais simple de passer à un rythme élevé d’activités aux pages blanches d’un agenda à remplir. Mais c’est une rupture à laquelle j’étais préparé. On se retrouve seul mais avec une grande liberté.
La solitude est-elle plus grande pendant ou après votre mandat ?
La responsabilité isole. Pour prendre des décisions importantes, un Président a besoin de nombreux conseillers, de ministres, même si seul lui décide. Quand j’ai quitté l’Elysée, je n’avais plus d’experts à mes côtés, mais j’étais ouvert au monde. Je pouvais circuler, entendre, saisir les mouvements de la société plus facilement que lorsque j’étais au pouvoir.
À l’ère du clash et du buzz permanent, est-il encore possible de débattre sereinement à la télévision ?
Oui, il doit être possible de débattre sur des idées. Aujourd’hui, les polémiques sont omniprésentes, certaines émissions sont conçues uniquement dans cette perspective. C’est un problème quand la vulgarité envahit tout. On vit une période de guerre en Ukraine, d’inflation élevée, une perte de pouvoir d’achat et les débats portent sur la corrida ou le barbecue. Cela est tellement réducteur par rapport à ce que vit la population.
Il y a une émission dans laquelle on ne vous voit jamais, c’est celle de Cyril Hanouna. Que pensez-vous de son émission et pourriez-vous y aller ?
La liberté c’est de pouvoir dire ce que l’on pense sans avoir de propos insultants ou irrespectueux. Chacun est libre d’aller ou non dans cette émission. Quand on y va, on connaît la règle du jeu : c’est une émission fondée sur l’outrance. Si on veut l’éviter, pas besoin d’y participer. Ma place est davantage là où il est possible d’avoir une parole apaisée, fut-elle grave.
L’épisode du scooter, la pluie, les surnoms… François Hollande répond sur tout dans la vidéo ci-dessous :
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