Nathalie Uffner à la barre des Magritte : «Se moquer de soi-même plutôt que des autres»
Comédienne et directrice du TTO (Théâtre de la Toison d’Or) à Bruxelles, elle est la metteuse en scène de la 11e cérémonie des Magritte du Cinéma, ce samedi dès 20h35 sur La Trois.
Si en 2021, l’Académie André Delvaux avait fait l’impasse sur une cérémonie de remise des prix du cinéma belge, cette année signe le retour des Magritte, en mode semi-confiné.
La 11e édition aura bien lieu, toujours au Square, dans le centre de Bruxelles. Pas vraiment de présentateurs pour la soirée, retransmise sur La Trois, ce samedi 12 février 2022, mais plusieurs humoristes vont tenter de nous faire passer une bonne soirée.
Aux commandes de la troupe, Nathalie Uffner, dont la qualité de l’humour et la finesse du verbe n’est plus à démontrer. Des Magritte autrement, mais des Magritte quand même !
On n’annonce pas de présentateurs, mais vous êtes metteuse en scène. Pourquoi ?
Quand Patrick Quinet (président de l’Académie André Delvaux, NDLR) m’a contactée, il m’a d’emblée dit qu’il n’y aurait pas de maîtresse ou de maître de cérémonie, cette année. L’idée n’est donc pas de donner carte blanche à un présentateur, mais à moi, en tant que directrice artistique et metteuse en scène. Je peux faire exactement ce que je veux. J’ai imaginé une soirée qui est à l’image de ce que je fais d’habitude au TTO, c’est-à-dire du divertissement, avec de la musique. J’aime bien aussi quand ça danse et que c’est coloré. J’ai donné mes idées et mes envies à Sébastien Ministru et Myriam Leroy qui sont mes auteurs. Il y aura des petits films de présentation de chaque maître de cérémonie. Par exemple, on va voir une séquence avec Laurence Bibot, et quand la capsule est terminée, elle arrive sur le plateau en maîtresse de cérémonie. Ce sera comme ça pour tous.
Les noms sont connus ?
J’ai pris beaucoup de femmes. Ce n’est pas une volonté militante particulière, mais ce sont des personnes avec qui j’ai envie de travailler, que j’admire et qui me font rire. Ce ne sont pas des personnalités du cinéma, mais plutôt du théâtre comme Laurence Bibot. Il y aura aussi Dena, Ingrid Heiderscheidt, Achille Ridolfi et Bwanga Pilipili. Ce sont des comédiens qui ont déjà fait du cinéma, ils sont donc légitimes dans la fonction.
Ce n’est pas osé de faire appel au théâtre pour promouvoir le cinéma ?
Vous croyez que le théâtre et le cinéma s’opposent ? Les autres années, c’était un peu la même chose… Fabrizio Rongione ou Charlie Dupont, ce sont des comédiens de théâtre au départ qui ont aussi fait du cinéma. L’Académie des Magritte a toujours fait appel à des gens du spectacle. Une cérémonie, en soi, c’est un spectacle. Ici, on sera plus sur une émission de télé, en direct, vu la configuration.
Les séquences humoristiques auront comme thème les films en compétition ?
Non. J’ai demandé à mes auteurs de la bienveillance, que l’on ne se moque pas des autres, mais plutôt de soi-même. Tous les maîtres de cérémonies ont accepté de venir dans l’aventure, s’ils acceptaient de se moquer d’eux-mêmes. Si c’était difficile pour eux, je préférais qu’ils renoncent, et ils ont tous accepté. J’estime que je ne suis pas Ricky Gervais qui peut se permettre de se moquer de Leonardo DiCaprio ou de Robert De Niro aux Oscars. Ici, les personnalités qui seront nommées ne seront pas forcément connues de tout le monde, ce serait difficile de les caricaturer.
La médiatisation de l’époque du «Jeu des dictionnaires» sur la RTBF ou sur Bel RTL ne vous manque pas ?
Je travaille déjà tellement comme directrice du TTO… Lorsque je suis médiatisée, c’est pour des interviews dans le cadre de mon travail. C’est vrai que quand j’étais chroniqueuse sur Bel RTL, j’avais une visibilité qui a disparu depuis, mais je suis passée à autre chose. Ce que je prépare autour des Magritte m’intéresse plus que d’être visible dans les médias. Avec toute une équipe qui m’entoure, j’ai l’impression de réaliser une émission de télé, c’est super ! Je n’ai pas besoin de plus.
Qu’est-ce que vous aimez au cinéma ?
Tout. C’est pour ça que cette expérience me va bien. Je suis une enfant de la télé, du cinéma et du théâtre. Ce mélange a du sens. J’aime le cinéma américain, certains films français et belges. Je suis curieuse du tout.
On ne vous a jamais proposé de faire du cinéma ?
Plus jeune, j’ai tourné dans un film des frères Dardenne avant le succès de «Rosetta». J’ai également joué dans «Dikkenek». Ce n’était que des petits rôles… Je suis lucide aussi : nous sommes en Belgique, dans un petit pays, où le cinéma n’est pas un cinéma de comédie. On m’identifie essentiellement dans la comédie, donc on ne penserait jamais à moi pour faire autre chose que de la comédie. Et il y a l’âge aussi… Quand une comédienne vieillit, les rôles se font plus rares. À une époque, chaque année, j’avais un tournage. Depuis un petit temps, c’est terminé.
Ni une série ?
J’ai participé à un casting pour la série de la RTBF «Invisible», mais quand on m’a dit que je devais jouer nue, j’ai renoncé. (Rires) Mes enfants et mon mari me l’ont interdit… J’ai participé à plusieurs webséries.
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