«Une amie dévouée» (HBO Max) : mentir pour exister
Inspirée du livre-enquête «La Mythomane du Bataclan» d’Alexandre Kauffmann, la minisérie «Une amie dévouée» est la première série française originale HBO Max.
Pitch : Tous les concerts des Eagles of Death Metal à Paris, elle y était. Mais la nuit du 13 novembre 2015, Christelle (Laure Calamy) n’y était pas. Pourtant, elle prend contact avec plusieurs victimes pour leur apporter son soutien et trouve en elles un but. Seulement voilà, la quadragénaire célibataire et sans emploi se fait passer pour l’une des survivantes de l’attentat. Quand l’idée de créer une association prend forme, Chris s’impose comme un élément essentiel. À mesure que son influence et ses relations grandissent, les incohérences de son histoire suscitent des soupçons.
Mensonges, culpabilité et solitude
Cela fait presque neuf ans que les faits se sont déroulés, et pourtant, pour certains, c’est comme si c’était hier… Le 13 novembre 2015, les attentats du Bataclan ont fait 130 morts et plus de 400 blessés. Une histoire marquante, mise en scène dans la première série française originale de HBO Max, racontée du point de vue… d’une mythomane !
En effet, «Une amie dévouée» est inspirée du livre-enquête d’Alexandre Kauffmann, qui se base lui-même sur l’histoire vraie de Florence Monjault, alias Flo Kitty, qui s’est inventé un ami grièvement blessé dans l’attentat et qui a bénéficié de milliers d’euros du FGTI (Fonds de Garantie des Victimes). La femme a été reconnue coupable d’escroquerie et d’abus de confiance.
À l’écran, c’est Laure Calamy qui interprète la menteuse Christelle, alias «Chris». Elle apporte au personnage un côté sournois mais aussi profondément empathique. Just Philipot, réalisateur de la série, nuance également le personnage : «Elle agit autant pour elle que pour les autres et toujours pour de bonnes raisons. C’est ce qui rend son geste complexe à comprendre pour nous, mais qui permet de racheter le personnage. À mes yeux, il y a trois identités en elle : une super-héroïne, un bourreau du XXIe siècle et une victime du XXIe siècle. C’est un triangle qui permet de renouveler le prisme du spectateur et d’aborder le personnage sous un angle toujours différent.»
Laure Calamy ajoute par ailleurs : «On voulait en tirer quelque chose d’intéressant sur l’être humain et le fonctionnement de la société. Les mythomanes sont porteurs d’une souffrance, ils éprouvent le besoin d’être regardés, ils ont un besoin de reconnaissance, ils souffrent d’une blessure narcissique profonde, et ils s’accaparent l’histoire des autres.»
«Fausses victimes qui fascinent» et «vraies victimes tombées dans l’oubli»
Franceinfo a recueilli des témoignages de rescapés suite à l’annonce de la sortie d’une série inspirée de l’histoire de Florence M. Ils s’inquiètent notamment d’une réécriture de leurs histoires.
Just Philippot, réalisateur de la série, a tenu à rassurer tout le monde en déclarant que la série ne tirerait pas dans le voyeurisme. Pour eux, le plus difficiles restent à venir : le visionnage des épisodes. «Florence nous a fait énormément de mal. Elle a menti à tout le monde : aux associations, aux victimes, au fonds de garantie. La remettre en lumière, c’est vraiment rajouter de la douleur à la douleur», a déclaré Sophia Parra, une survivante des attentats du Bataclan. Certains membres de l’association Life for Paris se sont aussi exprimé et ont souligné le fait que «les médias ont tendance à beaucoup parler des fausses victimes, qui fascinent», tandis que «les vraies sont en train de tomber dans l’oubli, surtout depuis la fin du procès».
«Une amie dévouée» est sans aucun doute un pari risqué. Elle n’en reste pas moins une œuvre audacieuse qui force la réflexion. Reste à voir si la pilule va passer…
La minisérie est à découvrir dès aujourd’hui sur HBO Max. La bande-annonce :
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