Wagner : les mercenaires de Poutine

Sans existence officielle, Wagner est une véritable structure secrète comptant dix mille hommes. Son terrain d’action actuel : l’Afrique. © France 5/Capa

Pour conquérir le monde en sous-main, Poutine utilise un groupe de mercenaires. Nom de code : Wagner.

Wagner… Pour les amateurs d’opéra, ce nom évoque «La Walkyrie» et «Tannhäuser». Les férus d’histoire l’associent au nazisme : Hitler était un fervent admirateur du compositeur. Aujourd’hui, Wagner est le nom d’un inquiétant groupe paramilitaire russe. Qui est-il ? Que veut-il ? Plusieurs journalistes ont été tués pour avoir osé enquêter. Dimanche à 21h, France 5 propose néanmoins un documentaire très fouillé sur le sujet : «Wagner, l’armée de l’ombre de Poutine».

Ni vu ni connu

«Wagner ? Jamais entendu parler !» C’est en substance ce que répond Vladimir Poutine quand on l’interroge sur ce groupe de mercenaires qui serait à la solde du Kremlin. «Oui, il y a sans doute des citoyens russes en Libye», concède-t-il à un journaliste. «Mais ils ne représentent pas l’État russe et ne reçoivent pas d’argent de l’État russe.»

Officiellement, Wagner n’existe pas. Et pourtant… L’histoire commence en 2014 dans la région du Donbass, à l’est de l’Ukraine. Poutine estime que ce territoire lui revient. Alors que la guerre civile y fait rage, des combattants russes viennent prêter main forte aux séparatistes pro-Moscou. Ce ne sont pas des soldats de l’armée officielle, ce sont des hommes du groupe Wagner.

Dix mille hommes

Ce groupe paramilitaire a été fondé par un vétéran des forces spéciales russes : Dimitri Utkin. Grand admirateur d’Hitler, il a pris Wagner pour nom de guerre. Utkin recrute des mercenaires à qui il propose un salaire très attractif. Depuis 2014, on estime que dix mille hommes ont répondu à l’appel.

On les croise en Syrie en 2015, recrutés par Bachar el-Assad. Au départ pour combattre l’État islamique, puis pour reprendre des champs de gaz et de pétrole aux mains des Kurdes. Par la suite, Wagner opère à Madagascar, au Mozambique, au Soudan, en Centrafrique…

Le nerf de la guerre

Wagner est financé par un oligarque russe : Evgueni Prigojine. Ce businessman au passé trouble est l’un des hommes de main de Poutine. Le FBI l’accuse d’ingérence dans les élections présidentielles américaines de 2016. C’est lui qui aurait financé la fameuse campagne Web de désinformation pour favoriser l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.

Si Prigojine paie les mercenaires, il le fait probablement à la demande de son ami Poutine. D’autant que les hommes sont équipés de matériel militaire russe. Il ne s’agit donc pas de quelques barbouzes financés par un illuminé : Wagner est une véritable structure secrète du pouvoir russe.

Objectif : l’Afrique

Vladimir Poutine rêve de restaurer la grandeur passée de la Russie. Wagner est l’un de ses outils pour y parvenir. Il lui permet de prendre discrètement le pouvoir.

Comme en Centrafrique. Pour aider le pays dans la tourmente, la Russie a envoyé du «personnel de sécurité»… Qui n’a pas tardé à s’infiltrer dans les coulisses du pouvoir et à mettre la main sur les ressources naturelles. Poutine est ravi de voir ainsi tomber dans son escarcelle un pays qui était jusque-là sous influence française. Et son ami Prigojine se paie largement en exploitant les mines de diamant.

Meurtres, exactions… Tout est permis. Wagner ne respecte pas les lois de la guerre. En décembre dernier, l’Union européenne s’est dite «vivement préoccupée» par le sujet. Que faire de plus alors qu’il n’existe officiellement ni guerre ni Wagner ? Avec son armée de l’ombre, Poutine défie les institutions internationales. Prochain objectif de Moscou : le Mali.

Cet article est paru dans le Télépro du 17/2/2022

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