Les cyborgs sont parmi nous !

Jesse Sullivan et Claudia Mitchell montrent leurs bras prothétiques en 2006 à Washington. Claudia Mitchell est la première femme à recevoir un «bras bionique contrôlé par la pensée», une prothèse avancée. Jesse Sullivan était, en 2001, considéré comme le premier cyborg... © Getty Images

Les êtres à la fois humains et machines n’appartiennent plus seulement à la fiction…

Il est affreux. C’est en tout cas ainsi que j’imagine ce héros de littérature de science-fiction pour très jeunes ados dont, à l’aube des années 1970, je dévore les aventures. Grâce à son intelligence surentraînée et à une force hors norme, Doc Savage (c’est son nom…) réussit à s’extirper des situations les plus inextricables. Mon héros ! J’ai beau avoir la voiture miniature de Batman et parcourir les BD du «Fantôme» dans le journal, celui que l’on surnomme «L’homme de bronze» reste mon préféré. Homme ? Robot ? Le temps passe. Doc Savage se fond dans les méandres de ma mémoire…

Et Robocop arriva

Jusqu’à ce qu’un autre personnage débarque, sur les grands écrans cette fois. C’est un ancien policier criblé de balles et laissé pour mort par des criminels. Des génies des disciplines médico-scientifico-informatiques le traficotent. Mi-homme, mi-robot, Robocop (c’est son nom…) devient un combattant d’exception dont personne, ou presque, ne peut venir à bout. C’est la première fois que j’entends parler de cyborg. Sa version améliorée s’appellera «Terminator», un androïde capable en plus de dire : «I’ll be back».

Vous avez dit cyborg ?

Et mon Doc Savage alors ? Il a déjà une trentaine d’années quand le terme «cyborg» apparaît, en 1960. Contraction de «cybernetic organism», il sort de l’imagination de Nathan Kline et Manfred Clynes. Ces deux scientifiques américains rêvent de voyages interplanétaires en mondes hostiles et d’hommes-machines pour les effectuer. Le cyborg serait cet hybride, ce mélange d’humain et de mécanique.

Sa particularité ? Comme l’explique la plateforme spécialisée en sciences humaines, Cairn.info, «à la différence du robot, entièrement artificiel et simple répétiteur, le cyborg ? est un être autonome». En réalité, cet «homme augmenté» n’a pas attendu tout ce temps pour nous hanter.

Dans la littérature, le «prototype» du cyborg est décrit par Edgar Allan Poe dès 1839 : «L’homme qui était refait», un général américain au corps constitué de prothèses. «Frankenstein», «L’homme qui valait 3 milliards» et bien d’autres seront quelques-uns des spécimens les plus connus de sa très longue descendance. Oui mais, et Doc Savage dans tout ça ? Patience.

En chair et en technologie

Outre dans la littérature, les cyborgs sont présents parmi nous depuis longtemps. En chair, en os et en technologie. Il y a les exemples les plus spectaculaires. L’électricien américain Jesse Sullivan est considéré comme le premier cyborg : à la suite d’une greffe nerf-muscle, il a pu activer ses deux bras entièrement robotisés. C’était en 2001. Les techniques ont évolué : une prothèse révolutionnaire permet aujourd’hui de saisir les objets aussi fragiles que des œufs. Elle se commande grâce à ses chaussures. Petit clin d’œil : elle est baptisée «Le bras Luke», en référence au combat de Luke Skywalker contre Dark Vador dans «Star Wars»…

La réalité dépasse la fiction

Un bout de doigt remplacé par une prothèse avec clé USB, un implant électronique rétinien pour redonner un semblant de vision, un micro-robot qui navigue dans le corps humain pour l’explorer et le soigner… : en matière de cyborg, la réalité dépasse depuis longtemps la fiction.

Moins spectaculaires, il y a les cyborgs que nous côtoyons au quotidien, voire que nous sommes nous-mêmes. «Les porteurs de stimulateurs cardiaques électroniques ou de systèmes d’implantation de médicaments, d’implants intra-oculaires ou de peau artificielle peuvent être considérés comme des cyborgs, même si le terme peut paraître péjoratif», écrit Futura, le portail Web de vulgarisation scientifique.

Et Doc Savage dans tout ça ? Cyborg ou pas ? Chut ! Pas de bruit. Il vient de se rendormir dans la chambre aux souvenirs.

Cet article est paru dans le Télépro du 14/4/2022

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