La journaliste Hadja Lahbib devient Ministre des Affaires étrangères

Hadja Lahbib © Isopix

La journaliste Hadja Lahbib remplacera Sophie Wilmès à la fonction de ministre des Affaires étrangères également en charge des institutions culturelles et du commerce extérieur, a annoncé vendredi le président du MR, Georges-Louis Bouchez. David Clarinval reprendra quant à lui le poste de vice-Premier ministre.

Le MR a créé la surprise. Les spéculations sur la succession de Sophie Wilmès restaient jusqu’à présent dans le sérail politique libéral. La nouvelle venue est bien connue du public francophone puisqu’elle a longtemps présenté le journal télévisé de la RTBF et a effectué plusieurs reportages à l’étranger.

Depuis un an, elle travaillait à défendre la candidature de Bruxelles comme capitale culturelle européenne en 2030. Le président du parti et la nouvelle ministre ne se sont pas étendus sur les contacts qu’ils ont eus avant que l’intéressée n’accepte la proposition. Georges-Louis Bouchez voulait transformer la « difficulté » posée par le départ de Sophie Wilmès en « opportunité ».

« Hadja Lahbib était mon premier choix et mon unique choix. C’est venu assez simplement, par les qualités qu’on lui connaît », a-t-il expliqué au cours d’une conférence de presse. « On pouvait faire des choix plus conservateurs, plus faciles mais, si l’on veut rapprocher les gens de la politique, il faut aussi pouvoir montrer que la politique n’est pas un milieu fermé, où ce sont toujours les mêmes ».

Née en 1970 à Boussu, commune du club des Francs Borains dont M. Bouchez est président, Hadja Lahbib est d’origine algérienne et vit aujourd’hui à Bruxelles dans la commune de Schaerbeek. « Elle incarne parfaitement un parcours méritocratique : d’une petite maison de Boussu vers la présentation du JT, par la force du travail et de l’engagement, de Boussu à la rue des Petits Carmes (siège du SPF Affaires étrangères), il y a un très long chemin, et ce chemin est exemplaire », a ajouté Georges-Louis Bouchez.

Si elle est novice en politique, la nouvelle ministre connaît bien les dossiers internationaux par son métier de journaliste, selon le président libéral. « Elle n’a peut-être pas d’expérience politique mais elle a une meilleure connaissance que certains de ses prédécesseurs quand ils sont arrivés à ce poste ».  

« J’aurai l’honneur d’être le visage de la Belgique à l’étranger », a déclaré Hadja Lahbib qui a assuré être la première surprise quand elle a été contactée. « Il y a des coups de fil qui vous font entrer dans une autre dimension, j’étais un peu sous le choc. Il s’en est suivi une longue conversation, sans tabou ».

Cette désignation intervient à un moment où l’Histoire européenne est bouleversée. « Quelqu’un a écrit que l’Histoire était de retour, peut-être conviendrait-il de dire que l’Histoire frappe à nos portes, et chacun y répond à sa manière », a-t-elle souligné.

La nouvelle ministre n’a pas encore voulu se prononcer sur les dossiers en cours mais a tout de même fait référence à la guerre en Ukraine. Elle devrait d’ailleurs réserver son premier déplacement, si les circonstances le permettent, à Kiev où la Belgique vient de rouvrir son ambassade. 

Hadja Lahbib a rendu hommage à sa prédécesseure avec qui elle s’est longuement entretenue. « Mes conversations avec elle m’ont aidé à prendre ma décision », a-t-elle expliqué en insistant sur le lien de « sororité » qui s’était créé entre les deux femmes.

La nouvelle ministre n’était pas connue comme étant proche du MR. Elle ne s’est pas prononcée sur son engagement au sein du parti. « Je ne suis ni de gauche, ni de droite, je suis fondamentalement libre », a-t-elle dit avant d’ajouter qu’elle restait « capitaine de son âme ».

Sophie Wilmès reprendra son siège de députée à la Chambre. Le parti a confirmé qu’elle serait tête de liste aux prochaines élections législatives.

Portrait de Hadja Lahbib

Figure de la RTBF pendant de nombreuses années et désormais ministre des Affaires étrangères en remplacement de Sophie Wilmès, Hadja Lahbib est née dans une famille d’origine algérienne le 21 juin 1970 à Boussu, commune du club de football des Francs Borains dont Georges-Louis Bouchez est président.

Au début des années 90, elle obtient une licence en journalisme et communication à l’ULB où elle est assistante durant deux ans. En 1997, elle est engagée comme journaliste au service société de la RTBF avant de faire ses premières armes à la présentation des journaux télévisés de la chaîne publique. Elle y restera jusqu’en 2019.

En parallèle, elle effectue de nombreux reportages sur des terrains de guerre, notamment au Proche orient et en Afghanistan où elle réalise un documentaire intitulé « Afghanistan. Le choix des Femmes » dont un livre sera également tiré. Dans les années 2000, elle réalise différents documentaires, dont « Adamo, quand je chante », « Patience, patience t’iras au Paradis » ou encore « Le Cou et la tête ». 

Elle présente également une émission culturelle mensuelle sur Arte « Quai des Belges » puis sa version bilingue « Vlaamse Kaai » aux côtés de différents écrivains flamands.

On la retrouve ensuite à l’édition et à la production de « Tout le Baz’art », émission elle aussi bilingue culturelle bimensuelle sur La Une et Arte.

En 2019, elle quitte la présentation des journaux télévisés pour devenir, l’année suivante responsable des « Services aux publics » de la RTBF tout en poursuivant ses projets documentaires. Vice-présidente du Csem (Conseil supérieur de l’Education aux médias) en Fédération Wallonie-Bruxelles, elle est par ailleurs chargée, en 2021, de la préparation de la candidature de Bruxelles au titre de Capitale européenne de la culture en 2030 en binôme avec Jan Goossens. 

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