Judith Godrèche porte plainte pour viols sur mineure contre le réalisateur Benoît Jacquot
Nouvelle déflagration dans le #MeToo français du cinéma: l’actrice Judith Godrèche a porté plainte pour viols sur mineure contre le réalisateur Benoît Jacquot, qui l’a dirigée et entretenu plusieurs années une relation avec elle à partir de ses 14 ans.
Son avocate, Me Laure Heinich, a confirmé mercredi matin à l’AFP cette information du Monde sur le dépôt de plainte de l’actrice pour viols sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité, mardi à la Brigade de protection des mineurs.
Selon Le Monde, M. Jacquot, 77 ans, « nie fermement les allégations et accusations ».
Sollicité début janvier sur ces accusations par l’AFP, le réalisateur n’avait pas souhaité commenter. Il n’a pu être joint mercredi matin par l’AFP.
Dans la série « Icon of French cinema » sur Arte, la comédienne avait très récemment évoqué cette relation avec le cinéaste de 25 ans son aîné, qui aurait débuté au printemps 1986, alors qu’elle avait tout juste 14 ans, et se serait achevée au début des années 1990.
Mme Godrèche n’avait encore jamais mis en cause le réalisateur devant la justice pour ces faits, qui paraissent prescrits.
Dans une dizaine de stories publiées dans la nuit de mardi à mercredi sur Instagram, Mme Godrèche qualifie à plusieurs reprises M. Jacquot de « pervers » qui la « remet inlassablement à la place de l’objet inexistant ».
Début janvier, dans une autre story, la comédienne de 51 ans disait que « la petite fille en (elle) ne peut plus taire ce nom » et parlait d' »emprise » et, encore, de « perversion ».
« Il s’appelle Benoît Jacquot », nommait-elle.
« Qui a de l’estime pour (ses) pratiques ? Connues de tous et toutes depuis 35 ans ? Qui cautionne et valide ? L’agent qui le représente ? Qu’il m’a présenté à 14 ans ? Son producteur ? Même chose. (…) D’où lui vient ce sentiment d’impunité ? Tout se savait. Et les mêmes sont aux manœuvres », poursuivait-elle, disant craindre qu’on ne lui « tourne le dos », après ces propos.
« Complaisance »
Elle reprenait là une accusation courante dans le cinéma français, selon laquelle de nombreux faits de violences sexuelles auraient été collectivement connus mais tus pour éviter de mettre en péril la carrière d’acteurs renommés.
Concernant Mme Godrèche, sa prise de parole avait été motivée par le visionnage d’un documentaire de 2011 où Benoît Jacquot reconnaissait le caractère illégal de sa relation passée avec l’adolescente : « Oui c’était une transgression. Ne serait-ce qu’au regard de la loi (…) on n’a pas le droit en principe, je crois. Une fille comme elle qui avait en effet 15 ans, et moi 40, je n’avais pas le droit », disait-il.
Devant les enquêteurs, Judith Godrèche, révélée en 1988 dans « Les mendiants » de Benoît Jacquot, a par ailleurs dénoncé des violences au cours de cette relation, selon Me Heinich.
Le cinéaste, héritier de la Nouvelle vague et connu surtout pour des succès d’estime, a construit son œuvre autour des actrices, des stars comme Isabelle Huppert ou des débutantes comme Isild Le Besco, sœur de Maïwenn, révélée à 18 ans dans « Sade », premier de leurs six films ensemble.
« Je ne peux filmer une comédienne que si j’en suis amoureux », lançait en 2009 l’intéressé dans le journal Le Figaro.
Cette plainte vient s’inscrire dans le sillage de nombreuses accusations du #MeToo du cinéma français et provient cette fois d’une figure connue du public, plusieurs fois nommée aux Césars.
Ces dernières semaines, d’autres personnalités majeures du 7e art tricolore ont fait l’objet d’accusations.
Gérard Depardieu, mis en examen pour viols depuis fin 2020, a été cloué au pilori pour des séquences anciennes tournées en Corée du Nord, diffusées par Complément d’enquête en décembre, où il multiplie propos misogynes et insultants en s’adressant à des femmes.
Le réalisateur Nicolas Bedos doit lui être jugé jeudi pour une agression sexuelle présumée dans une boîte de nuit – un geste involontaire selon lui. Il est visé par une enquête pour viol et agressions sexuelles après plusieurs plaintes.
En 2019, l’actrice Adèle Haenel avait dénoncé « l’emprise » du réalisateur Christophe Ruggia alors qu’elle était adolescente. Il a été mis en examen pour « agressions sexuelles sur mineur » et Mme Haenel a depuis quitté ce milieu « complaisant ». Le dossier s’oriente vers sa clôture.
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