Annie Cordy résumait sa vie : «Que du bonheur»
La gouaille et l’enthousiasme en bandoulière, Annie Cordy a enchaîné 70 années de succès populaires de « chanteuse rigolote » et d’actrice émouvante.
« J’ai plusieurs casquettes mais je pense que je suis surtout une bonne humeur », s’exclamait l’artiste belge à la carrière exceptionnelle. Sept cents chansons, des millions de disques vendus, plus de 4.000 galas à travers le monde, une dizaine d’opérettes et de comédies musicales et des dizaines de films.
Avec son tablier immaculé de « bonne du curé », ses nattes articulées de « Frida Oum Papa » et son truc en plume de « Tata Yoyo », la reine du music-hall français a consacré sa vie à la scène où elle ne voulait donner « Que du bonheur », titre d’un spectacle jazz et swing qu’elle donna au Casino de Paris et à l’Olympia.
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Léonie Cooreman est née à Laeken, quartier de Bruxelles, le 16 juin 1928. Elle sera caricaturée sous les traits de Nicotine, femme du chef du village, dans « Astérix chez les Belges. « La France est mon pays et la Belgique ma patrie », disait-elle.
Blonde piquante, Annie Cordy a débuté dans des orchestres en chantant des standards américains, avant d’être engagée comme meneuse de revues au « Bœuf sur le Toit » à Bruxelles, puis à Paris au « Lido » en 1950 où elle devient Annie Cordy.
D’opérettes en comédies musicales (« La Route fleurie » avec Georges Guétary et Bourvil, « Visa pour l’amour » avec Luis Mariano, « Hello Dolly »), en passant par le rire, la chanson, le théâtre, le cinéma et les téléfilms, l’infatigable fantaisiste fait preuve d’un perfectionnisme quasi maniaque.
Elle enchaîne répétitions, tournées, enregistrement de chansons et plateaux de cinéma, à un rythme impressionnant.
« Maurice Chevalier en jupons »
« J’endosse l’étiquette de chanteuse rigolote, le public m’aime pour ça, grâce à Dieu je n’ai jamais été un sex-symbol », disait Annie Cordy, première femme à recevoir le prix Moutarde à Dijon en 1965, pour le piquant de sa personnalité artistique.
Celle que l’Amérique qualifiait de « Maurice Chevalier en jupons » ne pouvait être réduite à des titres comme « La Bonne du curé » (disque d’or 1975) ou à des chansonnettes de pacotille (« Hello le soleil brille », « Indien vaut mieux que deux tu l’auras », « La Bouchembiais », « Cho Ka Ka O »).
Car l’amuseuse professionnelle était également une excellente actrice. Après avoir débuté avec Sacha Guitry (« Si Versailles m’était conté », 1953), elle a élargi et ému son public par des rôles dramatiques dans « Le Passager de la pluie » de René Clément, « Le Chat » (Pierre Granier-Deferre) ou « La Rupture » (Claude Chabrol).
En 2015, elle sonne tout aussi juste dans son rôle de grand-mère fugueuse dans « Les souvenirs » de Jean-Paul Rouve. Lors de la promotion du film, elle porte un perfecto bleu pétrole, des jeans et des cheveux blonds en pétard.
« Nini la chance », qui préférait croire en sa bonne fortune qu’en son talent, affirmait tout devoir à son mari et impresario François-Henri Bruneau, dit « Bruno », de 17 ans son aîné, mort en 1989, qu’elle avait coutume d’appeler « papa ». Mariés pendant près de 40 ans, ils n’eurent pas d’enfant.
Elle a été anoblie par le roi des Belges qui l’a faite baronne en 2004. Sur son blason, figurait sa devise : « La passion fait la force », en référence à celle de la Belgique, « L’union fait la force ».
Elle résidait ces dernières années dans sa maison de Vallauris (Alpes-Maritimes), où, en dépit des années qui s’accumulaient, elle menait une vie très remplie: en 2011-2012, puis 2013-2014, elle s’est produite sur les scènes de France avec « Âge tendre, la tournée des idoles ».
En 2012, elle a sorti un énième album intitulé « Ça me plaît, pourvu que ça vous plaise », comprenant un étonnant duo avec le musicien camerounais Manu Dibango. Au cinéma, elle joue dans « Le Cancre » de Paul Vecchiali (2016), ou « Tamara Vol.2 » d’Alexandre Castagnetti (2018).
À l’occasion de ses 90 ans en 2018, Bruxelles baptisait un parc à son nom.
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