Réchauffement climatique : va-t-on mourir de chaud ?

En Belgique, les vagues de chaleur font plus de victimes que toute autre catastrophe climatique… © Getty Images

Le réchauffement climatique affecte notre santé physique et mentale. Le constat est fait… Et après ?

« ​Le changement climatique est la plus grande menace pour la santé et le bien-être à laquelle l’humanité ait jamais été confrontée. »

L’avertissement est clair. Il est signé d’une scientifique américaine, spécialiste en santé publique. Que faut-il craindre exactement ? « En Belgique, les vagues de chaleur font plus de victimes que toute autre catastrophe climatique », peut-on lire dans un rapport de la Commission nationale climat (CNC), la structure qui coordonne les politiques belges en la matière. On sait que l’augmentation des températures a un impact sur la santé de la planète, des océans, des forêts… Mais elle en a aussi un sur la santé des humains. Mercredi à 23h sur La Une, « ​Matière grise » interroge : le corps humain peut-il faire face au réchauffement ?

L’été 2003

Qui se souvient de l’été 2003 ? L’Europe n’avait plus connu une telle vague de chaleur depuis 1947. L’été fut très ensoleillé… mais aussi très meurtrier. En plein milieu de la canicule, le climatologue Jean-Pascal van Ypersele annonçait que ce pic de chaleur causerait la mort de 1.000 à 1.500 personnes dans notre pays. Le ministre de la Santé évoquait plutôt 150 victimes. Les chiffres officiels de Sciensano donneront raison au climatologue. Durant la vague de chaleur, on a enregistré 1.300 décès supplémentaires…

Deux décennies se sont écoulées depuis et, malgré quelques décisions politiques, les chiffres semblent indiquer que rien n’a changé. Toujours selon Sciensano, les fortes chaleurs de 2022 auraient entraîné 1.200 décès. Bien que l’organisme n’établisse pas explicitement un lien de causalité, il indique la coïncidence entre les pics de chaleur et la surmortalité.

Issue fatale

En Belgique, on comptait en moyenne 1 jour de canicule par an dans les années 1981-2014. Pour la période 2041-2074, il faut s’attendre à en avoir 27 par an… Or le corps humain ne supporte pas les températures extrêmes. Les organes sont programmés pour fonctionner à 36,9 ​°C. Un système de thermorégulation ajuste la température lorsque le corps est soumis au chaud ou au froid, mais ce système a ses limites. Quand il fait trop chaud, vient un moment où il ne peut plus rien. Il en résulte un « ​coup de chaleur ». La température du corps monte à 39 ou 40 °C, les organes vitaux commencent à dysfonctionner et l’issue peut être fatale. Surtout chez ceux dont l’organisme est déjà fragile : personnes âgées, enfants en bas âge, personnes en surpoids, malades chroniques…

Un inquiétant tableau

Sciensano établit aussi un parallélisme entre les pics de mortalité estivale et les pics d’ozone. Car il n’y a pas que la chaleur qui tue.

Durant une canicule, la pollution de l’air explose. Les particules en suspension finissent alors dans nos poumons. Le réchauffement climatique accentue donc le risque de problèmes respiratoires. Les scientifiques pointent aussi un impact sur les maladies cardiovasculaires, les maladies immunitaires, ainsi que certains cancers. D’autres ajoutent que l’apparition d’insectes tropicaux, comme le moustique tigre, entraîne de nouvelles maladies…

Au vu de cet inquiétant tableau, on ne s’étonnera pas qu’en plus d’affecter le corps, le réchauffement climatique bouleverse aussi le psychisme. Toujours selon la CNC, « ​un lien a été établi entre les épisodes de canicule et des problèmes de santé mentale, notamment un nombre plus élevé de troubles de l’humeur, des tentatives de suicide, une augmentation de l’agressivité et de la violence ». Une ombre de plus au tableau.

Cet article est paru dans le Télépro du 6/2/2025

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