L’art de bien dormir
S’il est indispensable pour le repos du corps et du cerveau, le sommeil est une source de problèmes pour environ 30 % des Belges. Voici des solutions pour se régénérer en dormant.
Nombreux sont ceux qui considèrent que le sommeil c’est du temps perdu qui empêche de se consacrer à d’autres activités plus intéressantes. Alors, pourquoi dormons-nous ? S’il garde toujours une part de mystère, les données scientifiques actuelles sont formelles : le sommeil est une fonction vitale, essentielle pour régénérer l’organisme et prévenir l’usure et le vieillissement. Notre corps a besoin de se régénérer chaque jour.
Selon certains chercheurs, le repos protégerait le cerveau contre le stress oxydatif. Autrement dit, son rôle serait de ralentir l’activité cérébrale et de diminuer son attaque par les radicaux libres.
La durée idéale de sommeil tourne autour de sept à huit heures par nuit. Mais, tout comme devant les maladies, nous ne sommes pas égaux face au dodo. Pour certains, six voire quatre heures de sommeil suffisent pour se réveiller en pleine forme. D’autres ont besoin de huit à neuf heures pour fonctionner correctement.
Le déficit de sommeil et la santé
Le manque de sommeil a des conséquences sur la santé. Pour comprendre son rôle fondamental, il suffit d’observer les personnes qui ne dorment pas assez. Traits tirés, visage fatigué, elles ont des difficultés à se concentrer et deviennent vite irritables.
Quand on zappe des heures de repos, on a tendance à grignoter, à manger plus gras et plus sucré pour se donner un petit coup de «boost» avec, à la clé, une prise de poids et une exposition au diabète.
Le système immunitaire des petits dormeurs n’est pas au top niveau et les défend moins bien contre les infections et les maladies. Le manque de sommeil aggrave aussi l’hypertension artérielle et favorise le stress ainsi que des comportements anxieux voire dépressifs. Des nuits trop courtes se lisent sur une mine fatiguée et cette fatigue correspond à l’état et à l’usure de l’organisme.
Sommeil, source de problèmes
En premier lieu : l’insomnie. Qu’elle soit modérée ou grave, de plus en plus de Belges se tournent vers les somnifères. Un Belge sur huit en prend. Chaque jour, on consomme 1.260.000 pilules. Le plus souvent, il s’agit de la benzodiazépine, mais cette substance hypnotique crée rapidement une accoutumance et une dépendance.
Il vaut mieux se tourner vers des méthodes douces, comme la valériane, par exemple. La qualité du «bien dormir» dépend de nombreux facteurs, sur lesquels nous pouvons agir. Optez pour une chambre bien aérée, pas trop chauffée, dans un environnement paisible et silencieux. Apprenez à vous coucher à une heure raisonnable, en évitant de vous endormir devant la télé.
Zappez les repas copieux. Préférez un dîner léger qui vous évitera une digestion fastidieuse et des réveils fréquents. Et surtout, bannissez tous les écrans une heure au moins avant de vous coucher. La fameuse lumière bleue qu’ils émettent inhibe la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil. Le cerveau vous dit «il ne faut pas dormir» et, du coup, il vous impossible de tomber dans les bras de Morphée.
Le syndrome d’apnée/hypopnée
Il s’agit d’une anomalie respiratoire liée au sommeil qui engendre des arrêts complets et répétés de la respiration durant le sommeil. Pendant 30 à 40 secondes, l’air qui passe dans les voies respiratoires supérieures diminue de plus de 50 %. Le syndrome d’apnée/hypopnée du sommeil touche environ 5 % de la population.
Est-ce dangereux ? «Oui», répond le professeur Philippe Rombaux, chef de service ORL aux Cliniques universitaires Saint-Luc. «Il a été prouvé que l’hypopnée constitue un risque élevé de développer des maladies cardio-vasculaires au sens large dont les AVC. Par ailleurs, l’hypopnée induit une très mauvaise qualité du sommeil. Pendant trente à quarante secondes, l’oxygène ne passe plus et les organes vitaux en sont privés. Certes, la nature étant bien faite, une grande respiration permet de reprendre de l’air, mais cette respiration hachée provoque une importante fatigue, la somnolence diurne et des problèmes au volant avec, à la clé, de nombreux accidents. Les apnéiques sévères (1 à 2 % de la population) qui n’ont pas été traités ne peuvent pas, légalement, conduire.»
C’est le nombre d’apnées par heure qui détermine la sévérité du syndrome. Au-delà de trente apnées par heure de sommeil, il est considéré comme «sévère».
Des solutions existent
La seule manière de diagnostiquer le syndrome d’apnée/hypopnée est de passer un test du sommeil dans un centre de médecine spécialisé. Lorsqu’il s’agit d’une apnée légère (chez des ronfleurs), les mesures hygiéno-diététiques sont suffisantes : perte de poids, suppression d’alcool, de tabac, de repas copieux le soir et de somnifères.
Les apnéiques légers à modérés se verront prescrire une orthèse mandibulaire qui a pour but d’avancer la mâchoire vers l’avant et d’augmenter l’espace pour respirer.
Les apnées sévères exigent une intervention chirurgicale de la sphère ORL, soit au niveau du nez, soit au niveau du voile du palais. Il est également possible de placer un stimulateur du nerf hypoglosse (le nerf qui fait bouger la langue). Cette solution, très efficace, est onéreuse (entre 20.000 et 30.000 euros) et l’appareil n’est pas remboursé.
Le masque Cpap ou, en français, PPCM (Pression Positive Continue Nasale) donne de bons résultats et est remboursé. Le hic ? Entre 20 et 30 % des patients ne le supportent pas.
Cet article est paru dans le magazine Télépro du 17 octobre 2019
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici