YouTube : plein les vues !
Algorithme, tendances, formats… obtenir un million de vues sur YouTube n’est pas une mince affaire !
Sur YouTube, les utilisateurs peuvent regarder, partager, publier, commenter, liker des vidéos. Disponible dans plus de cent pays et en quatre-vingts langues, le site compte chaque mois plus de deux milliards d’utilisateurs. Un chiffre astronomique qui fait saliver Itamar Rose. Ce créateur satirique israélien est à la recherche de la formule magique pour réaliser une vidéo à succès. Samedi, La Deux diffuse son documentaire «100 Million Views».
Ne cherchez pas, elle n’existe pas… Pour réussir sur YouTube – soit attirer le plus grand nombre et les publicitaires qui, alors, vous rémunèrent -, il faut, selon Squeezie, youtubeur français aux 14 millions d’abonnés, «se f… de la qualité de votre vidéo. Car avant de cliquer dessus, les gens voient un titre et une miniature.» Si ces propos sont lancés à titre humoristique, ils reposent sur un fait bien réel : le «putaclic». Ce néologisme, qui signifie «piège à clics», est une manière d’attirer un maximum de personnes sur un contenu, avec par exemple un titre racoleur, au détriment de la qualité ou de l’exactitude des propos. D’autres youtubeurs privilégient la variété des contenus, les formats populaires et tendances comme les vidéos ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response, c’est-à-dire générant des sensations agréables), les challenges et autres dégustations.
Même en appliquant tous les conseils pour «réussir sur YouTube», il faut encore être vu. Comme tous les moteurs de recherche, YouTube possède un algorithme. Lors du Creator Summit 2019 à Paris, Marie Lopez, de la chaîne EnjoyPhoenix, a interviewé la dirigeante de YouTube en Europe, Moyen-Orient et Afrique. Lors de cette rencontre, elle lui a demandé de clarifier le fonctionnement de l’algorithme. «YouTube est une plateforme vaste. Il y a environ 500 heures de vidéos uploadées toutes les minutes», expliquait ainsi Cécile Frot-Coutaz. «Pour l’organiser, il faut un algorithme… Il réalise un tri en fonction de l’utilisateur pour fournir la meilleure expérience possible à l’aide de recommandations. Cela se mesure grâce au watchtime (temps passé sur une vidéo ou sur la chaîne d’un créateur, ndlr) et à l’appréciation de l’utilisateur. On essaie aussi d’ajouter de la diversité. Ou du contenu similaire à une vidéo préalablement regardée.»
Frédéric Molas de la chaîne «Joueur du Grenier» a publié une vidéo «coup de gueule» à la suite d’un tweet. Dans ce dernier, il confesse son ressenti général envers la plateforme et son évolution. «Je me sens incroyablement déconnecté. J’ai du mal à comprendre ce qui marche, mais surtout pourquoi ça marche», déclare-t-il dans sa vidéo intitulée «YouTube m’ennuie», avant de préciser qu’il parle des chaînes de divertissement et non de vulgarisation, par exemple. «YouTube est devenu cynique. Tout est calculé pour maximiser les vues. Les youtubeurs passent leur temps à courir après le format qui marche. C’est devenu une obsession.» Sa vidéo, comptabilisant plus de deux millions de vues, a secoué la communauté des youtubeurs qui s’est empressée de répondre. Squeezie, Mastu, Mcfly et Carlito parmi d’autres ont exprimé leurs avis. Norman, de passage à France Inter pour la promotion de son second spectacle, s’est aussi prononcé : «Plus le temps passe, plus YouTube se rapproche de la télé et c’est dommage parce qu’il y a encore cinq ans, on jouait un peu les révolutionnaires. Maintenant, quand on dit youtubeur, j’entends téléréalité.» Alors, YouTube c’était mieux avant ? Le débat est lancé…
Texte : Aurélie BRONCKAERS
Cet article est paru dans le Télépro du 07/02/2020
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