Vices et vertus de la vente en vrac
Présentée comme une solution aux emballages polluants, la vente de produits en vrac a le vent en poupe. Pour le meilleur ? «La Course au vrac» est à poursuivre mardi sur France 5 à 20h55.
On n’arrête pas les initiatives pour réduire nos déchets et c’est tant mieux. Parmi les efforts que le consommateur est prêt à faire pour diminuer son empreinte carbone, il y a le vrac. Comprenez, des magasins proposant des produits, alimentaires pour la plupart, à la pesée et sans emballage. Si la pratique semble positive, les bénéfices environnementaux de la vente en vrac posent question dans certains cas. Explications.
Pari gagnant
C’est une certitude, l’être humain produit beaucoup trop de déchets. Pour contrer cette mauvaise habitude, de nombreux lieux de vente en vrac ont fleuri. Un Français sur quatre affirme en acheter régulièrement. Chez nous, le phénomène prend chaque année plus d’ampleur. En 2018, 150 commerces du genre étaient répertoriés en Wallonie. En mars dernier, on en comptait 218. «Les produits en vrac qui rencontrent le plus de succès sont les produits secs : pâtes, céréales, oléagineux, légumineux et chocolat», détaille Le Soir. «De plus en plus de liquides sont aussi proposés : huiles, vinaigres, produits de cosmétique ou de nettoyage.»
Découvrir pas cher
Ce mode d’achat rencontre un joli succès pour plusieurs raisons. Outre l’évident geste «zéro emballage», il est perçu, par certains consommateurs – fragilisés par la pandémie notamment -, comme une solution économique avantageuse. «Si les comparaisons sont parfois difficiles à réaliser, le vrac serait, selon les types de produits, de 5 à 40 % moins cher que les équivalents emballés (avec une moyenne située entre 10 et 15 %)», affirme Le Parisien. «L’absence d’emballage et d’investissement marketing autour du produit explique ce différentiel.» De plus, aussi économique qu’écologique, le mode de distribution en vrac permet de mieux gérer les quantités achetées et donc de limiter le gaspillage. Enfin, la maîtrise de la quantité a un autre avantage : «La possibilité de n’acheter qu’un simple échantillon et donc de découvrir à peu de frais de nouveaux produits.»
Supercherie au «super»
Les produits sans emballages acheminés vers les magasins sont nécessairement transportés dans des contenants. Dans un objectif écologique, ceux-ci doivent être réutilisables et de grande dimension. «Si certaines boutiques réutilisent ces contenants, d’autres, dont certains supermarchés, les jettent à la poubelle», affirme le site Planète zéro déchet. Pour le vérifier, le magazine «On n’est pas des pigeons» (La Une), s’est rendu dans une grande surface pratiquant le vrac. Premier constat, les sacs alimentant les rayons «en vrac» sont à peine plus grands que ceux des produits «classiques». Remplir les présentoirs génère donc un tas de déchets. Réponse de la porte-parole du magasin : «C’est vrai, mais ces sacs sont compostables, donc pas de problème.» Le hic ? Au moment de l’enquête, en mai dernier, il n’existe pas de centres de compostage industriels en Belgique. Résultat, le petit sac servant à remplir les jarres du vrac finit à l’incinération…
Question d’hygiène
Pour justifier le suremballage de produits, l’argument hygiénique est souvent avancé. Cela signifie-t-il que les produits en vrac souffrent d’un manque de garde-fous sanitaires ? À L’Entre-Pot, commerce de vente en vrac liégeois, la gérante Marine Ledoyen rassure : «On se concerte entre vendeurs de vrac pour piocher les bonnes idées les uns chez les autres. Chez nous, on nettoie très régulièrement nos contenants et l’espace de stockage. Les produits reçus en grande quantité sont placés dans de grands fûts en kraft très hermétiques ce qui limite le risque de contamination. Concernant l’étiquetage, chaque contenant porte une étiquette reprenant le nom du produit, sa composition, les allergènes éventuels, des conseils de préparation et la date de péremption. Nous conseillons à nos clients de prendre ces infos en photo.»
Cet article est paru dans le Télépro du 26/08/2021.
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