Va voir papa, maman travaille : la paternité a bien changé !

Du chef de famille tout-puissant au papa poule, l’image de la paternité et le rôle du père ont beaucoup évolué.

« Le modèle patriarcal traditionnel : pour les pères modernes, c’est dépassé. » Sur le modèle d’une pub pour une nouvelle poudre à lessiver, le teaser de l’émission «Il était une fois… la paternité», proposée ce mercredi à 22h40 sur Arte annonce la couleur.

Ah bon… et qu’est-ce qui les branche ces pères new-look ? « Désormais, ils veulent s’impliquer activement dans la vie de leurs enfants et participer activement aux tâches parentales, au même titre que les mères. » Entre « être un père, c’est être un modèle, donner des repères solides à son enfant et savoir aussi être drôle », « c’est être affectueux » et « c’est aider son enfant à trouver sa place dans le monde », le documentaire « Il était une fois… la paternité » est un voyage dans l’histoire de cette fonction parentale. Jusqu’au monde de certains pères actuels qui feraient sans doute se retourner dans leurs tombes leurs géniteurs et leurs aïeuls.

Omnipotence

Il est bien loin le temps du « paterfamilias » de l’antiquité romaine, ce père de famille qui détenait le pouvoir de vie et de mort sur sa famille dont il était le seul maître. « Jusqu’à l’industrialisation du XIX^e siècle, la puissance paternelle est presque absolue », indique le site Psy.be. Arrive la Révolution française de 1789. L’apparition de la déchéance paternelle pour cause de maltraitance, le mariage par consentement mutuel, l’apparition du divorce qui peut être demandé par l’épouse, la proclamation de l’égalité de tous les êtres vivants : toutes ces innovations font bouger les lignes. C’est le point de départ d’une remise en cause du pouvoir paternel absolu. En Belgique, le Code civil de 1804 ne se réfère pas à l’autorité parentale, mais à la puissance paternelle, rappelle Actualitesdroitbelge.be, « de sorte que le père de famille avait à lui seul le pouvoir de décision sur l’éducation de l’enfant mineur ». Il faut attendre 1974 pour l’utilisation du concept d’autorité parentale et 1995 pour que soit consacré l’exercice de l’autorité parentale conjointe.

Les nouveaux pères

« Historiquement, l’égalité homme/femme s’est faite dans un seul sens », écrit la journaliste romancière Titiou Lecoq en préface de la BD « L’Arnaque des nouveaux pères » (Glénat). « Il s’agissait d’aligner les femmes au niveau des hommes. » Aujourd’hui, « alors que les femmes envahissent le monde  » extérieur «, aux hommes d’investir la maison. À eux le pouvoir de l’éponge, l’ivresse des inscriptions extrascolaires, le feu d’artifice du tri des vêtements des enfants. » Maintenant qu’ils ne peuvent plus s’appuyer sur le patriarcat, qu’est-ce que c’est d’être père pour les pères ? Il n’était pas infondé de penser que cela pourrait se matérialiser par une augmentation du nombre de père au foyer. Raté. Au début du mois de mars, Statbel, l’office belge de statistique, se penchait sur la situation professionnelle des couples et son évolution pour la première fois depuis 1999. Parmi les nombreuses révélations des chiffres récoltés (forte augmentation du nombre de couples où les deux travaillent à temps plein, baisse conséquente des couples où la femme ne travaille pas), celle concernant les couples où l’homme travaille à temps partiel, voire est « non occupé » : en 24 ans, la proportion a peu évolué : 11,1 % en 1999, 13,2 % en 2023.

#MeToo

À l’époque de #MeToo, à quoi ressemble les nouveaux pères ? « D’un côté, ils sont attendris, présents, concernés, et de l’autre, ils se heurtent à un manque de reconnaissance devant leur formidable créativité », explique dans un podcast le psychologue et psychanalyste Kevin Hiridjee. « Puisqu’on ne naît pas père, comment le devient-on ? », s’interroge l’historien André Rauch. À la manière d’un conte, la réalisatrice Marion Priglinger tente de répondre à la question dans son documentaire.

Cet article est paru dans le Télépro du 10/4/2025