Le vaccin de l’espoir pour un monde sans paludisme

Transmis par la femelle de moustiques anophèles, le parasite entraînant le paludisme est responsable de centaines de milliers de morts par an © Wingspan Productions

Mis au point en Belgique, le premier vaccin antipaludisme devrait sauver des millions de vies.

Quel animal est le plus dangereux pour l’homme ? Vous pensez à l’ours, au crocodile, au lion… Pas du tout. Le lion fait en moyenne 250 victimes chaque année, alors qu’une autre bestiole ne tue pas moins d’un million de personnes ! Cet animal féroce est un insecte : le moustique. Il propage toutes sortes de maladies graves : la dengue, le zika, le chikungunya… et le paludisme. En 2022, selon les données de l’OMS, 249 millions de personnes ont contracté cette maladie, et 608.000 en sont décédées. Ces chiffres devraient cependant reculer dans les prochaines années. Car après plus d’un siècle de recherches, les scientifiques ont enfin mis au point un vaccin contre le paludisme. Comme le raconte Arte samedi à 23h20, avec le documentaire « Paludisme, enfin l’espoir ».

Des polders aux tropiques

« Le paludisme est une maladie évitable et dont on peut guérir », souligne l’OMS (Organisation mondiale de la Santé). « Cependant, en l’absence de diagnostic rapide et de traitement efficace, un cas de paludisme non compliqué peut évoluer vers une forme grave de la maladie, souvent mortelle si elle n’est pas traitée. » Les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes et les enfants sont les premiers concernés. Selon l’Unicef, un enfant de moins de 5 ans en meurt chaque minute dans le monde. Aux dires de certains chercheurs, le paludisme serait même la cause du décès de la moitié des humains qui ont peuplé la planète depuis les origines. C’est en tout cas l’une des maladies les plus anciennes du monde. Toutânkhamon en a souffert, Hippocrate l’a décrite…

Jusqu’au début du XXe siècle, on croisait des cas de paludisme dans nos polders. Idem au cœur de la Camargue, en France. Aujourd’hui, les seuls cas rapportés chez nous sont ceux de personnes ayant contracté la maladie lors d’un voyage au bout du monde. Le « palu » est désormais considéré comme une maladie tropicale. La moitié des décès se concentrent d’ailleurs sur quatre pays d’Afrique subsaharienne : Nigéria, RDC, Niger et Tanzanie. Pour se protéger, les habitants de ces régions n’ont que des moustiquaires. Quand ils en ont…

Made in Rixensart

Pendant des siècles, on a pensé que le paludisme était dû à l’air fétide des marais. C’est d’ailleurs de là que vient son autre nom : malaria (mauvais air). Il faut attendre 1880 pour qu’un médecin français d’Algérie comprenne que la maladie est d’origine parasitaire. Et 1897 pour qu’un scientifique anglais installé en Inde fasse le lien avec le moustique. Tous deux se verront décerner le prix Nobel de Médecine. Mais pendant plus d’un siècle, malgré de très nombreuses tentatives, les chercheurs échouent à mettre au vaccin au point. Jusqu’à tout récemment… Le documentaire d’Arte, réalisé par une Britannique, suit l’équipe de l’université d’Oxford. Ce laboratoire avait déjà mis au point le vaccin contre le covid avec AstraZeneca et en 2023, l’OMS a validé celui contre le paludisme. Mais le documentaire oublie de préciser que le tout premier vaccin antipalu reconnu par l’OMS dès 2022 est… belge ! Il s’appelle Mosquirix. Avec « rix » comme Rixensart. Car c’est sur le site belge du géant pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) de Rixensart qu’il a été développé et produit. La recherche a été longue et complexe, mais elle a enfin abouti. Depuis peu, des campagnes de vaccination à grande échelle ont donc pu commencer. Et l’on se met à rêver d’un monde sans paludisme…

Cet article est paru dans le Télépro du 5/12/2024

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