Tremblez de peur, c’est bon pour la santé !

La peur peut aussi être source de plaisir

La peur, émotion commune à tous les humains, a toujours joué un rôle dans leur évolution, les aidant à reconnaître les périls possibles et à assurer leur survie. Et elle peut même être un petit plaisir… Un sujet évoqué ce mercredi à 23h35 sur La Une dans «Matière grise».

La peur, régie par notre cerveau en alerte, fait partie de nos sentiments depuis la nuit des temps. Les sociétés ancestrales racontaient déjà aux enfants des histoires effrayantes afin de leur enseigner les dangers. Aujourd’hui encore, petits et grands aiment avoir peur dans un cadre sécurisé, en lisant ou en regardant des thrillers, en s’essayant au grand huit ou aux sports extrêmes. Car la réaction physiologique peut avoir un effet bénéfique.

Puissance et intuition

Tout le monde n’est pas, bien sûr, fan d’effroi. Les hypersensibles l’évitent. Mais chez ceux qui aiment le frisson, les chercheurs distinguent trois types de caractères : les amateurs de sensations fortes qui se nourrissent de l’excitation, les anxieux qui, après une poussée de panique, se sentent mieux, et les aficionados de challenges, satisfaits d’avoir su gérer un défi. Tous ressentent le même effet.

Selon les scientifiques, la peur génère du cortisol et de l’adrénaline, boosters d’énergie, et de la dopamine, synonyme de plaisir et de récompense. Ce qui s’avère libérateur car on peut alors exprimer nos peurs refoulées et autres sentiments intenses, d’habitude bridés par la société. «C’est euphorisant», dit le psychanalyste Robi Ludwig à Today.com. «Il y a une satisfaction à se confronter au bizarre, au sombre, à l’interdit, par procuration. L’adrénaline face à la menace nous fait nous sentir plus forts physiquement et émotionnellement plus intuitifs!»

Triomphe à la tronçonneuse

Et selon lui : «Les films d’horreur permettent d’explorer la peur de façon agréable et sûre, et de s’identifier au méchant sans s’attirer de problèmes.» Voilà pourquoi «Massacre à la tronçonneuse» est un classique dont on fête, en 2024, les cinquante ans de triomphe. Cela explique aussi notre sympathie envers des psychopathes, tel Hannibal Lecter, le cannibale du «Silence des agneaux» (1991).

Feu le critique de cinéma Roger Ebert l’a analysé ainsi : «Il aime s’amuser, il est la personne la plus intelligente du film, raffinée et dotée d’un humour grinçant. On a presque envie de l’inviter à dîner, à condition qu’il ne nous mange pas !»

Si le public adore l’effroi, les écrivains et cinéastes spécialistes du morbide ont la même passion. Celle-ci remonte aux peurs primaires de leur enfance, comme celle d’Hitchcock, claustrophobe après avoir été enfermé en cellule au commissariat – selon la légende, à la demande de son père désireux de le sanctionner pour une bêtise.

Araignées et morts-vivants

Quant à Stephen King, son livre «Christine» et son film «Maximum Overdrive» (1986) traduisent sa phobie des voitures et camions ! «Quand j’étais enfant, ils me semblaient si énormes et moi si petit», dit-il. Avec son expérience, l’écrivain distingue trois registres capables de susciter la panique : «Il y a le « gross-out » qui dégoûte les gens à la vue d’une tête coupée dévalant un escalier. Puis, l’horreur avec le surnaturel, les araignées géantes ou les morts-vivants qui se réveillent. Et enfin, la terreur lorsque la lumière s’éteint et que vous sentez quelque chose derrière vous avec son souffle contre votre oreille, mais quand vous vous retournez, il n’y a rien…»

Après cela, bonne nuit, les petits !

Cet article est paru dans le Télépro du 6/6/2024

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