Traiter par les psychédéliques ?
La science s’intéresse, depuis quelques années, à l’usage des drogues psychédéliques, notamment dans le traitement des troubles psychiatriques. Mais à très petites doses… Arte s’y intéresse ce samedi soir à 22.30.
Aussi loin ou presque que l’on remonte dans le cours de l’histoire, on trouve les traces de la drogue. Le pavé d’opium est déjà cultivé sur les rives du Tigre et de l’Euphrate vers 4000 ans avant Jésus-Christ. Les populations andines de l’Équateur et du Pérou mâchent la feuille de coca depuis quatre millénaires au moins. En Chine, la drogue fait ses premières victimes vers 2700 avant notre ère.
Licites et illicites
Le développement des échanges commerciaux entre l’Orient et l’Europe favorise la diffusion de certaines plantes hallucinogènes dans des régions où elles sont encore inconnues. Mais ce n’est qu’au XVIIe siècle que le lien sera établi entre certaines perturbations du système nerveux et la prise de substances liées à la drogue. Deux siècles plus tard, ces substances psychoactives sont qualifiées d’excitants pernicieux du système nerveux. À la charnière des XIXe et XXe siècles, on distingue enfin les drogues dites licites, aux vertus médicamenteuses et, à ce titre, contrôlées par l’État, et les drogues illicites, les stupéfiants. Les premières sont garanties par le corps médical et l’industrie pharmaceutique, le trafic des secondes fait l’objet d’un long combat, contre leurs auteurs, mené par la police, les tribunaux et les douanes. C’est le cas en Belgique où ces dernières se sont spécialisées dans le démantèlement du trafic de cocaïne, notamment au port d’Anvers. Entre les deux : les addictions admises au tabac ou l’alcool qui, par le biais des accises, rapportent gros au trésor public.
Microdosages
Selon la journaliste Meryl Davids Landau, dans un intéressant article paru dans le National Geographic en février 2022, depuis une dizaine d’années, de plus en plus d’Américains sont adeptes des «microdoses» de drogues psychédéliques, permettant d’augmenter leur bien-être, leurs performances professionnelles ou d’atténuer les effets de leur dépression sans subir les conséquences indésirables d’une dose normale. Ce phénomène est tel que de plus en plus de scientifiques américains – qui avaient déjà entamé des recherches sur les substances psychédéliques dès les années 1950, interdites en 1970 – reconsidèrent le sujet depuis les années 2000. Certains pays européens leur ont emboîté le pas. Mais les études en laboratoires s’avèrent compliquées : «Comme les psychédéliques sont illégaux, la loi américaine interdit aux chercheurs d’en donner à des participants pour qu’ils appliquent cette posologie depuis leur domicile», rapporte Meryl Davids Landau. Et toutes les expérimentations ne permettent pas encore de tirer des conclusions scientifiques assez solides pour confirmer la légitimité de ces traitements. Personne ne peut non plus présager des risques à long terme (problèmes cardiaques, accoutumance…). Les recherches n’en sont qu’à leurs balbutiements, mais nombreux sont les scientifiques à considérer certains de ces produits avec le plus grand intérêt.
Sous surveillance
«Les thérapies psychédéliques annoncent une révolution en santé mentale», note Laurent Zanella, rédacteur en chef du Journal du médecin dans un article d’août 2022, «à condition de pouvoir révéler tout le potentiel de ces substances et de rester vigilant sur la façon dont on les accompagne.»
Cet article est paru dans le Télépro du 5/01/2023.
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