Trafics d’objets inestimables : pour tout l’art du monde
Les vols d’œuvres d’art connues ou pas continuent d’attirer les malfrats. Un trafic à plusieurs milliards d’euros. Mercredi à 21h10 sur France 3, « Des racines & des ailes » se lance sur la piste des trafiquants d’art et d’œuvres culturelles
« Le Pont de Waterloo, Londres » de Claude Monet, « La Liseuse en blanc et jaune » de Henri Matisse, « Tête d’Arlequin » de Pablo Picasso… Tableaux, sculptures, bijoux anciens… la liste des œuvres d’art volées semble sans fin. La base de données d’Interpol en déborde. Plus de 52.000 objets y sont recensés. Contenant des informations de police certifiées sur des objets d’art volés et manquants, cette base est le principal outil pour lutter contre le trafic de biens culturels. Un commerce qui fait recette depuis très longtemps.
Un marché juteux
Dans son ouvrage « Faut-il rendre les œuvres d’art », les chiffres avancés par l’écrivain français et avocat Emmanuel Pierrat laissent rêveur. Le commerce mondial et illicite des biens culturels s’élèverait à plus de sept milliards d’euros par an, « quelque part entre le trafic de drogue, celui des armes ou de la fausse monnaie ». Interpol relativise. « Il est très difficile d’avoir une idée précise de l’importance des vols d’œuvres d’art dans le monde et il est peu probable que des statistiques précises soient un jour disponibles. » Il y a quelques années, l’Association internationale pour l’économie culturelle avait osé se risquer aux statistiques. « On estime que plus de 50.000 œuvres d’art sont volées chaque année dans le monde, et le marché noir des œuvres d’art volées est évalué entre 6 et 8 milliards de dollars par an. » Autre chiffre avancé par l’association : « 10 % des œuvres d’art volées sont retrouvées. »
Pourquoi tant de vols ?
Quelles sont les motivations des voleurs ? La réponse vaut aussi son pesant de cacahuètes. Demander une rançon au propriétaire est un modus operandi connu. Pas toujours efficace. En témoigne l’affaire de la salière dorée et émaillée réalisée en 1543 pour François Ier. Subtilisée en 2003 en Autriche, l’objet d’une valeur de 40 millions d’euros, faisait l’objet d’une demande de rançon. Le malfaiteur a été interpellé en 2006.
Vendre à un receleur est aussi une façon de faire souvent utilisée. Dans le cas d’une œuvre connue, la valeur chute immanquablement. Deux tableaux d’Edvard Munch ont par exemple été retrouvés deux ans après leur vol sans avoir réussi à être vendus. Le magazine en ligne Slate pose aussi la question des commandes par de riches collectionneurs ou des rivalités entre cambrioleurs de haut vol, comme dans les films. Interpol n’y croit guère. L’exception confirmant toutefois la règle, un Alsacien a malgré tout subtilisé 237 œuvres d’art pour s’offrir une collection personnelle avant d’être arrêté.
Biens culturels
Au-delà des rares vols d’œuvres célèbres, le trafic de biens culturels se porte très bien. Il s’agit d’objets « beaucoup moins médiatisés présentant un intérêt archéologique, historique, préhistorique, littéraire, artistique ou scientifique », précise le programme de l’Union européenne « Union créative ». Vols dans des institutions du patrimoine culturel ou des collections privées, pillage de sites archéologiques, déplacement d’objets d’art en temps de guerre : les possibilités sont nombreuses. L’Union européenne a renforcé la lutte contre ce trafic qui touche toutes les régions du monde. Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, ce trafic illicite de biens culturels représente chaque année entre 3,4 et 6,3 milliards de dollars.
Cet article est paru dans le Télépro du 31/10/2024
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