TikTok, l’œil de Pékin ?
L’appli TikTok est très populaire chez les jeunes. Mais il se dit qu’elle nous espionne au profit de la Chine…
C’est la plateforme la plus tendance : TikTok. Téléchargée plus de 3 milliards de fois, elle compte 1,6 milliard d’utilisateurs réguliers. Principalement des jeunes. En France, 75 % des 13-24 ans consultent TikTok tous les jours. Et pourtant… Il se dit que TikTok collecterait des infos pour le gouvernement chinois. Fantasme ou réalité ? Ce dimanche sur France 5, «La Fabrique du mensonge» se penche sur la question.
Un incroyable algorithme
Des karaokés, des chorés, des recettes, des défis… Voilà ce qu’on peut voir sur TikTok. Du contenu apparemment innocent et divertissant. L’application chinoise est pourtant la cible de toutes les critiques.
Que lui reproche-t-on ? D’abord d’avoir un algorithme ultrapuissant. Il a en effet la capacité de vous cerner en quelques minutes, d’ensuite sélectionner pour vous un contenu personnalisé, de sorte que vous devenez addict. On estime que les mineurs passent en moyenne 1 h 47 par jour sur TikTok.
Le système collecte donc un nombre gigantesque de données personnelles. Et c’est là le principal reproche fait à TikTok. Avec 3 milliards d’utilisateurs qui passent des heures sur l’appli en scrollant un nouveau contenu toutes les 2 secondes, cela fait un réservoir de données unique au monde !
Désinstallez !
Que fait TikTok de toutes ces données ? C’est la question qui fâche. Car l’appli manque de transparence. On peut imaginer que cette immense masse de données agrégées va nourrir l’intelligence artificielle. Ce qui donnerait à l’IA chinoise un coup d’avance sur l’IA occidentale.
Mais ces données pourraient aussi être traitées de manière individuelle. Il est certes peu probable que la géolocalisation et les préférences sexuelles d’un retraité d’Houte-Si-Plou intéressent les Chinois. Mais si vous êtes une personnalité publique, si vous faites un métier sensible, si vous êtes engagé en politique… il se peut que certaines informations puissent un jour être utiles au gouvernement de Pékin.
Les autorités occidentales prennent cette crainte très au sérieux. Ainsi, après les États-Unis et le Canada, les instances européennes ont demandé à tous leurs employés de désinstaller TikTok de leur smartphone. Bon nombre de gouvernements nationaux, dont le nôtre, ont suivi.
Fake news
Officiellement, TikTok est une entreprise privée. Fournit-elle vraiment des données aux autorités chinoises ? On l’ignore. Mais pour prospérer en Chine, elle doit sans doute faire des concessions au régime. Comme toutes les grandes plateformes, TikTok a dressé une liste de thèmes sensibles à surveiller : racisme, violence, pornographie… Mais dans la liste TikTok, on trouve aussi Hong Kong, Taïwan, le Tibet et les Ouïghours – autant de sujets délicats pour le gouvernement chinois.
Au-delà de cette liste théorique, on constate sur TikTok des cas avérés et répétés de propagande, de censure et de désinformation. En 2019, quand le monde s’inquiète pour les Ouïghours, cette minorité musulmane persécutée par Pékin, TikTok les présente comme de dangereux terroristes. En 2020, quand des manifestations monstres sont organisées à Hong Kong, tous les réseaux s’en font l’écho… sauf TikTok.
Chez nous, le vrai danger à court terme, c’est que les ados s’informent sur TikTok. S’ils tapent «Ukraine», ils liront que Zelensky est un néo-nazi. Et s’ils cherchent à en savoir plus sur Apollo 11, TikTok leur dira que les images de l’homme sur la Lune ont été tournées dans un studio hollywoodien… Tout ce qui peut affaiblir l’Occident semble faire farine au bon moulin de TikTok.
Cet article est paru dans le Télépro du 30/11/2023
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