Technologie : faut-il craindre l’IA ?

« L’éducation » des IA passe par des millions de petites mains pour un salaire de misère © Ⓒ StoryCircus

L’intelligence artificielle fascine, mais on ne mesure pas toujours son coût… financier, environnemental et humain.

Donald Trump l’a annoncé : son second mandat sera placé sous le signe de l’IA. Appuyé par les milliardaires de la tech, le président américain compte investir massivement dans le développement de l’intelligence artificielle. 500 milliards de dollars ont ainsi été libérés dès le lendemain de son investiture ! L’IA est-elle la promesse d’un avenir meilleur ? Nul ne le sait. Mais la plupart d’entre nous ignorent aussi qu’elle est source de problèmes au présent… Car l’intelligence artificielle ne fonctionne pas d’un claquement de doigt. Elle exploite les ressources de la planète et le travail humain. Comme l’indique mardi, à 22h40 sur France 2, le documentaire « Les Sacrifiés de l’IA », qui suit le magazine « Intelligence artificielle : la grande expérience » de 21.10.

Vous l’utilisez déjà

Grâce à l’intelligence artificielle, les voitures seront autonomes, les diagnostics médicaux instantanés… Science-fiction ? Non. Bien que nous en soyons peu conscients, l’IA est déjà très présente dans nos vies. La reconnaissance faciale sur votre smartphone, les traductions en direct sur le Web, le filtrage des mails indésirables, les publicités ciblées, les assistants vocaux… Tout cela, c’est déjà de l’IA. Depuis deux ans, il faut aussi compter avec ChatGPT, le plus puissant des agents conversationnels. En décembre, il a franchi la barre des 300 millions d’utilisateurs par semaine. Et ce n’est que le début…

De l’énergie et de l’eau

Contrairement à l’image que donne le cloud (nuage, en anglais), tout cela ne fonctionne pas dans un univers éthéré… On le sait depuis les PC et les smartphones : pour les produire, il faut extraire beaucoup de minerais, dépenser beaucoup d’énergie et sacrifier beaucoup d’eau. C’est d’autant plus préoccupant avec l’IA qu’elle nécessite un immense stockage de données.

Pour sensibiliser la population, le gouvernement français vient d’ailleurs de lancer Altimpact, une campagne incitant chacun à adopter une certaine sobri-été numérique. Car chaque post sur les réseaux sociaux, chaque recherche sur Google, chaque demande à ChatGPT (ou à DeepSeek, son nouveau concurrent chinois qui affole les marchés)… ont un impact environnemental certain.

Les petites mains

L’IA a aussi un impact humain. En braquant les projecteurs sur les ingénieurs de la Silicon Valley, on en oublie les data workers… Ils seraient plusieurs centaines de millions à travers le monde ! 10 ou 12 heures par jour, ces petites mains lisent, classent, annotent, corrigent… des masses de textes et d’images. Elles alimentent ainsi les bases de données et coachent l’IA afin qu’elle soit toujours plus efficace. Le job est aliénant et sous-payé. En Europe, seuls des prisonniers, des réfugiés ou des étudiants désargentés s’y collent. La plupart des data workers sont recrutés dans les pays du Sud, en Afrique ou en Amérique latine. Et c’est là que sont traitées les données les plus trash (pédopornographie, meurtres sanglants…). Car l’IA doit aussi apprendre à distinguer le bien du mal…

Long-termisme

L’IA abîme des vies, affecte l’environnement, engloutit des sommes gigantesques… Est-ce bien raisonnable ? Pour faire passer la pilule, les géants de la tech s’appuient sur une philosophie toute récente : le long-termisme. En bref : il faut faire des sacrifices aujourd’hui pour se construire un avenir meilleur. Ainsi Sam Altman, patron d’OpenAI, à l’origine de ChatGPT, explique-t-il : « Certains robots tueront des humains. Mais si on considère le phénomène dans son ensemble, ce sera extrêmement positif pour l’humanité. »

Cet article est paru dans le Télépro du 6/2/2025

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