Schizophrène, trisomique ou dépressif… Que faire d’un frère à problème quand les parents disparaissent ?
«Qu’est-ce qu’on va faire de Jacques ?» C’est le titre du téléfilm proposé vendredi à 20h55 par Arte. C’est aussi la question que se posent Louise, Fabien et Estelle à la mort de leur père. Que vont-ils faire de Jacques, le quatrième de la fratrie ?
Jacques est schizophrène, mais il aurait pu être trisomique, alcoolique ou dépressif. C’est l’enfant différent, celui qui n’a jamais été capable de quitter le nid pour construire sa vie. Les parents l’ont couvé jusqu’au bout. Mais après, qu’est-ce qu’on fait ?
Un sujet tabou
«Jacques, c’est ma sœur», avoue le scénariste du film, Pierre Chosson. On le connaît pour «La Vie rêvée des anges» – le film qui a consacré Natacha Régnier et Élodie Bouchez. Plus récemment, il a été nominé au César du Meilleur scénario pour «Hippocrate», avec Vincent Lacoste.
«Ma sœur est schizophrène», explique le scénariste. «Je ne voulais pas faire un film sur la maladie, mais sur la fratrie. Je suis parti de ma propre histoire, puis j’ai rencontré d’autres familles dans des groupes de parole. Le plus important pour la personne malade, c’est d’être reconnue comme un frère ou une sœur avant tout. Même si les choses sont compliquées, Jacques est leur frère avant d’être un schizophrène. Ce sont des sujets encore très tabous. Quand je travaillais sur ce film, des amis m’ont dit : « Tu sais, ma belle-sœur est bipolaire, ma cousine… » Selon l’OMS, le handicap psychique sera la première cause de handicap dans le monde en 2050. Au-delà du phénomène de société, comment gère-t-on cela dans les familles ?»
Riche en émotions
C’est Vincent Deniard qui incarne Jacques, le frère schizophrène. On l’a vu dans de nombreuses séries, de «Plus belle la vie» aux «Bracelets rouges». Pour ce rôle de Jacques, il a décroché le prix de la Meilleure interprétation masculine au Festival de la fiction TV de La Rochelle.
«J’ai su dès le scénario que ce serait une aventure riche en émotions», raconte-t-il. «J’ai lancé un appel sur mes réseaux pour discuter avec des gens qui avaient accompagné un proche. J’ai appris pas mal de choses. Ça a infusé. Je ne voulais pas jouer le schizophrène, parce qu’il y a 1.001 formes de schizophrénie. J’ai pris quelques kilos et je me suis mis dans la peau d’un mec baraqué qui a parfois 5 ans d’âge mental. On ne sait jamais ce qu’il va dire la seconde d’après. J’enfilais un survêtement informe, je me mettais un goût de cigarette dans la bouche, et je ressentais le mal-être du personnage.»
Sa famille, ma famille
«Qu’est-ce qu’on va faire de Jacques ?» est un film poignant sur un sujet de société rarement abordé en télé. Nul doute que beaucoup de familles s’y retrouvent, d’une manière ou d’une autre.
Vincent Deniard a lui-même puisé dans son vécu. «Ma sœur est décédée voici quelques années. C’était un autre trouble, mais c’était pareil. Quand j’ai montré le film à ma mère, j’ai d’ailleurs vu beaucoup d’émotion dans ses yeux.»
Cet article est paru dans le Télépro du 17/2/2022
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