Sale temps sur l’immobilier !

Des agendes Stéphane Plaza en Belgique ? «Ce n'est pas pour tout de suite !» © Getty Images

Depuis quelques mois, les prix de l’immobilier grimpent en flèche. Que l’on veuille construire, rénover ou juste faire de petits travaux, les budgets explosent. La faute au covid et à Poutine.

En décembre 2021, et pour la deuxième année consécutive, Stéphane Plaza était désigné «la personnalité télé préférée des Français», résultat du sondage TV Magazine-OpinionWay. Difficile, en effet, de ne pas croiser à un moment ou un autre, sur un écran, la tête de cet animateur spécialisé dans les émissions «immobilières»… Signe que le secteur se porte bien ? Plutôt que les Belges, comme les Français, lui accordent de plus en plus d’importance. La maison, l’appartement, lieux de vie, sont désormais des refuges. De valeur ! Car les prix, dans le secteur, n’ont jamais été aussi élevés !

«Le budget ne suffira plus !»

«Les prix sont fous !» À l’approche de la retraite, Anne et Pierre envisageaient d’acheter un appartement. Leurs recherches ont été interrompues par la crise sanitaire. «En deux ans, les prix ont grimpé de manière incroyable ! Le budget que nous avions prévu ne suffira plus…» Même constat pour Charlotte et Maxime. Le jeune couple rêve de devenir propriétaire, mais il ne sait plus sur quel pied danser. «Quand mes parents ont acheté leur maison, au début des années 2000, ils ont négocié à la baisse le prix mentionné dans l’annonce. Aujourd’hui, les annonces indiquent « faire offre à partir de »… C’est au plus offrant !»

Un bond de 10 %

Les prix de l’immobilier sont en train de s’envoler. Tous les chiffres le confirment. L’indice Trevi, qui fait référence en la matière dans notre pays, indique une hausse de 5,5 % en 2021. Soit la plus forte hausse de ces dix dernières années. Le baromètre Immoweb, basé sur le prix des annonces publiées sur la plateforme, montre que les prix de l’immobilier belge ont fait un bond de 10 % depuis le début de la crise sanitaire, avec une pointe de 17,6 % en province de Luxembourg. Même constat pour le baromètre des notaires. L’an dernier, les acheteurs ont payé en moyenne 297.661 euros pour un bien, soit 7,5 % de plus qu’en 2020.

Plus grand, plus vert

Pourquoi de telles hausses de prix ? Parce que le confinement et le télétravail ont redéfini nos priorités en matière de logement. On voudrait tous plus grand et plus vert. Côté propriétaires, cela s’est concrétisé par une euphorie d’achat dès le premier semestre 2021. Côté locataires, neuf sur dix affirment vouloir déménager dans les deux ans. Et quand la demande dépasse l’offre, les prix grimpent…

Matériaux hors de prix

À cela s’ajoute une forte hausse du prix des matériaux. Elle s’explique par trois phénomènes successifs. D’abord, la crise sanitaire a complètement désorganisé le transport mondial de containers. Ensuite, la reprise économique a entraîné une augmentation de la demande. Enfin, la guerre en Ukraine a fait exploser le prix de l’énergie.

Heureux propriétaires

Avant la crise, Statbel (la Direction générale Statistique) constatait déjà que le logement occupait une place croissante dans le budget des ménages belges : 36 % en 2019 contre 33 % en 1999. Faudra-t-il bientôt consacrer la moitié de ses revenus à se loger ? Quand on demande aux locataires pourquoi ils ne deviennent pas propriétaires, ils répondent massivement : «C’est trop cher !»

Bien que les taux hypothécaires soient bas, les jeunes en particulier ont beaucoup de mal à accéder à la propriété. Depuis la pandémie, les notaires constatent une diminution significative du nombre d’acheteurs de moins de 30 ans. Les générations futures seront peut-être condamnées à être locataires. C’est assez paradoxal quand on sait que, au final, les propriétaires dépensent 31 % de moins que les locataires pour se loger. Mais l’investissement de départ est devenu inabordable pour beaucoup. Et ce n’est pas sans conséquence sur notre bien-être. Selon l’enquête ImmoTour 2021, les propriétaires sont 2,7 fois plus heureux dans leur logement que les locataires.

Et Plaza ?

Rencontre avec l’agent immobilier le plus connu de France et de Belgique !

Stéphane Plaza, 51 ans, n’a pas toujours été agent immobilier ! Sa formation de sept ans, au conservatoire, en art dramatique l’a préparé au métier d’acteur. Mais c’est dans l’immobilier qu’il entame sa carrière tout en jouant, de temps en temps, au théâtre. Rien d’étonnant qu’en 2005, un producteur lui propose d’animer «Recherche appartement ou maison». Avec la suite que l’on connaît. Dont une présence accrue dans les fictions télé, au cinéma et sur les planches !

Stéphane Plaza, on vous voit dans la quasi-totalité des émissions télé liées à l’immobilier. Avez-vous envie d’autre chose ?

Je suis ouvert à toutes les propositions ! (On l’a vu récemment dans «Meurtres à Figeac» sur La Une, ndlr) Pour autant qu’elles m’intéressent et que j’aie du temps. Je suis assez décalé.

Est-ce que vous jouez de votre maladresse dans les émissions ?

Non ! (il souffre de dyspraxie, un trouble moteur, ndlr) Ma maladresse coûte très cher à la production. Et au théâtre… Lors d’une représentation à Paris, je jouais avec une baguette qui m’a échappé. Elle a atterri sur l’arcade sourcilière d’un spectateur !

Va-t-on vous revoir au cinéma ?

Oui, j’ai deux propositions dont une avec des skate-surfeurs, c’est une version française de «Point Break» qui sera tournée en Bretagne. Je serai le Keanu Reeves français (rires). Quant au deuxième projet, je suis en train de le lire.

Comment voyez-vous votre avenir à la télé ?

Je partirai du jour au lendemain. Peut-être dans quatre ou cinq ans, pour profiter de la vie. Je ne compte pas arriver en déambulateur à l’écran. Pas question d’être le nouveau Michel Drucker.

Verra-t-on un jour des agences Stéphane Plaza en Belgique ?

Pourquoi pas ? Mais ce n’est pas pour tout de suite… Il y en a quelques centaines en France que je tiens à consolider avant tout. Ça ne s’improvise pas, notamment en ce qui concerne les législations…

Un dernier mot pour les Belges ?

J’offre un verre de champagne dans ma loge à chaque Belge qui viendra me voir aux Bouffes Parisiens dans «Un couple magique» ! Je ne rigole pas ! Il suffira de me montrer votre carte d’identité !

Impossible d’obtenir un devis !

Trois questions à Sven Nouten, chargé de communication de la Confédération Construction.

Pourquoi est-il si compliqué d’obtenir un devis quand on souhaite rénover ou construire ?

Parce que les prix changent tout le temps ! Entre janvier et mars, on a constaté une augmentation moyenne de 12 % du prix des matériaux. Et bien davantage pour l’acier et le bois. Les entrepreneurs ne savent plus comment établir leur devis. Si le prix des matériaux augmente entre le devis et les travaux, certains répercutent la différence sur le client, d’autres pas. Mais ils risquent de finir par fonctionner à perte ! On leur conseille de travailler au prix du jour. C’est-à-dire au prix des matériaux le jour des travaux.

Pour le client, c’est signer un chèque en blanc !

Les clients semblent assez compréhensifs. Ils constatent que tous les prix augmentent. Ils savent que ce n’est pas la faute de l’entrepreneur. C’est une affaire géopolitique…

Dans ces conditions, ne vaut-il pas mieux repousser les travaux jusqu’à y voir plus clair ?

Pas sûr que ce soit la bonne option. D’abord parce que personne ne sait de quoi demain sera fait. Ce sera peut-être encore pire. Ensuite, bon nombre de travaux permettent d’économiser l’énergie, et s’avèrent donc rentables. Les entrepreneurs sont inquiets mais pour l’instant, leurs carnets de commande sont toujours bien remplis.

La hausse des prix, c’est bientôt fini ?

Trois questions à Kim Ruysen, managing director du groupe immobilier Trevi.

Les prix vont-ils continuer à grimper ?

Il y a quelques semaines, je vous aurais dit que la croissance allait se poursuivre, mais de manière plus raisonnable que ces deux dernières années. Depuis le début de la guerre en Ukraine, il devient très difficile de prévoir quoi que ce soit. Tout va dépendre de la durée de cette guerre et des sanctions qui seront prises.

Cette guerre risque-t-elle d’avoir plus d’impact que le covid sur le marché immobilier ?

On sait que les chiffres de l’inflation vont être costauds. On parle déjà de 6 % pour 2022. Les bourses sont perturbées. Dans ce contexte, les gens font confiance à la brique. C’est ce qu’il y a de plus sûr. Tant les privés que les investisseurs vont donc se tourner vers l’immobilier, ce qui va faire grimper les prix.

Certains biens voient-ils leurs prix grimper plus que d’autres ?

Pendant la crise sanitaire, on a vu grimper le prix des maisons bien compartimentées (avec bureau séparé, cuisine fermée) et pourvues d’un jardin. Aujourd’hui, avec l’augmentation du prix des énergies, les gens s’intéressent d’abord au PEB. Le prix des logements de qualité, bien isolés, va continuer à augmenter. Si l’on veut vivre dans un tel logement, il sera de plus en plus compliqué de devenir propriétaire. À l’avenir, il y aura davantage de locataires.

Cet article est paru dans le Télépro du 31/03/2022.

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