Rétines et pupilles, les enfants ont les yeux qui vrillent…

Avant 3 ans, les spécialistes déconseillent les écrans © RTBF/Arte
Alice Kriescher Journaliste

Ce n’est pas un scoop, nous passons trop de temps sur de multiples écrans. Ce lundi à 20h35 avec le documentaire «Génération écrans : génération malade ?», La Trois se questionne sur l’impact de cette habitude sur notre santé.

L’abus d’écrans est devenu un enjeu de santé publique majeur. Retard de langage, perturbation du sommeil, de l’attention et de l’apprentissage, frustrations mal gérées… les études alarmantes sur le sujet sont nombreuses. Alors, faut-il tout éteindre ?

La menace numérique ?

Dans les foyers des années 1970, un enfant découvrait la télévision vers l’âge de 4 ans. Aujourd’hui, c’est dès 4 mois. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que les ménages belges possèdent, en moyenne, six écrans. Mais, concrètement, cette consommation précoce représente-t-elle réellement un danger ? Pour le psychiatre français Serge Tisseron, concepteur de la fameuse règle «3/6/9/12» (pas de télévision avant 3 ans, pas de console avant 6, Internet à partir de 9 et réseaux sociaux à 12 ans), interrogé par Le Monde, les choses sont claires. «Un enfant de moins de 3 ans a peu de temps d’éveil. Il faut qu’il utilise ce temps pour les activités cognitives et sociales indispensables. Avant 3 ans, évitons les écrans autant que le bifteck dans le biberon ! L’estomac d’un bébé ne digère pas cette nourriture tout comme son cerveau ne digère pas les écrans.»

Déculpabilisons !

Le problème principal d’une exposition trop précoce réside dans ce que les spécialistes appellent «un défaut de transfert», ce qui signifie que l’enfant est incapable de faire la différence entre ce qu’il voit à l’écran et la réalité. Cependant, contrairement aux humains qui l’entourent, la télévision n’interagit pas directement avec l’enfant, celui-ci devient alors totalement passif. Une exposition qui, si elle est trop longue et trop fréquente, peut perturber le développement cognitif.

Cependant, si vous avez permis à votre bambin de regarder un épisode ou deux de «La Pat’Patrouille», histoire de lancer une machine ou de vous relaxer un instant, pas de panique, vous n’avez pas brisé son futur pour autant ! Les études les plus alarmistes sur le sujet sont en général les moins rigoureuses.

Comme pour tout, le rapport aux écrans des plus jeunes est une affaire d’éducation. «Le problème n’est pas en effet de savoir si les enfants ont besoin d’autres choses que des écrans. La réponse est évidemment oui, et c’est d’autant plus vrai qu’ils sont plus jeunes. Il est de savoir si nous voulons nous donner les moyens pour que nos enfants, demain, sachent éviter leurs dangers et les utiliser à bon escient», détaille Serge Tisseron sur son site (sergetisseron.com). «Le but est d’apprendre à se servir des écrans pour apprendre à s’en passer.»

Grands enfants

Si vous n’avez pas grandi avec une tablette dans la poussette, les écrans que vous consommez en tant qu’adulte ont néanmoins un impact sur votre cerveau. Les études en la matière sont à nouveaux nombreuses et parfois contradictoires. Cependant, certaines recherches et leurs conclusions font aujourd’hui consensus dans le monde scientifique. Outre les troubles du sommeil que peut engendrer la fameuse lumière bleue des écrans, c’est le contenu et le flux continu d’informations que nous recevons qui alertent bon nombre de spécialistes.

À l’instar de Pierre-Marie Lledo, directeur du département des Neurosciences à l’Institut Pasteur, interrogé par la RTBF. «Le cerveau adulte est attiré par des sources d’informations plurielles et volatiles, avec le risque à terme de développer anxiété et dépression.» D’où l’importance de régulièrement se déconnecter ! 

Cet article est paru dans le Télépro du 23/2/2023

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