Résistantes, pour un monde meilleur !
Elles ont su dire non et se battre. Pour leurs convictions. Mais aussi pour changer et améliorer le monde. Alors que sort sur les écrans un bouleversant portrait de Simone Veil, personnalité rescapée des camps de la mort durant la Seconde Guerre mondiale, focus sur une liste non exhaustive de femmes au poing levé.
Dans «Simone, le voyage du siècle», Olivier Dahan («La Môme») retrace la vie de celle qui naquit avec un caractère très fort. Un tempérament qui permit à Simone Veil de traverser de multiples épreuves : mort des siens à Auschwitz-Birkenau, décès de sa sœur par accident après la guerre, lutte pour être magistrate, puis ministre (à l’origine de la loi pour l’avortement en 1974) – malgré les menaces antisémites et misogynes –, puis ardente partisane de l’Europe. Bien avant et après cette grande dame, d’autres sont montées au créneau avec la même foi !
L’esclave mulâtresse «Solitude»
Née à la fin du XVIIIe siècle en Guadeloupe, du viol de sa mère par un marin blanc, Rosalie, son vrai prénom, prend les armes à 20 ans et lutte contre l’esclavage. Celui-ci est aboli en 1794, mais Napoléon Bonaparte et le général Richepance le rétablissent en 1802 et interdisent toute rébellion. La même année, Rosalie, 30 ans, bien qu’enceinte, rejoint la résistance et continue de s’insurger. Arrêtée, elle sera pendue au lendemain de son accouchement. Dans son pays, il reste d’elle une statue, appelée Solitude, la représentant ventre rond et appelant à la résistance. Une autre lui a été dédié à Paris, le 10 mai dernier, dans le Jardin homonyme, Solitude.
Millicent Fawcett et Emmeline Pankhurst
Au Royaume-Uni, comme ailleurs, les femmes ont lutté pour le droit de vote. Dès 1897, Millicent Fawcett fonde la National Union of Women’s Suffrage et croit aux manifestations pacifiques. Mais trois de ses consœurs, Emmeline Pankhurst et ses filles (Christabel et Sylvia), à la tête de l’Union sociale et politique des femmes, aussi appelée Les Suffragettes, optent pour la force, font le siège du Parlement, manifestent à Londres et cassent des vitrines ! En 1914, Emmeline les prie de s’arrêter pour soutenir l’effort de guerre et montrer l’importance des femmes dans la société. Celles-ci sont enfin autorisées à voter, à partir de 30 ans, en 1918, puis à l’âge de 21 ans, en 1928. En Belgique, les femmes ont le droit de voter aux élections communales dès 1920. Elles devront attendre 1948 pour les législatives.
Rosa Parks
Le 1er décembre 1955, la modeste couturière afro-américaine de 42 ans prend le bus pour rentre chez elle. La ségrégation interdit aux Noirs de s’asseoir dans les premiers rangs. Priée de prendre place à l’arrière du véhicule et de céder sa place à un Blanc, Rosa Parks refuse. Avant elle, trois autres femmes avaient tenté de faire de même. Arrêtée et condamnée à une amende de 15 $, elle déclarera : «J’avais décidé que je devrais savoir, une bonne fois pour toutes, quels droits j’avais en tant qu’être humain et citoyenne !» En 2013, huit ans après son décès, une statue est érigée au Capitole en son honneur. Barack Obama dit alors : «Rosa Parks nous montre que nous avons tous des responsabilités, envers nous-mêmes et les autres.»
Billie Jean King
En 1973, exaspérée par les inégalités salariales dans le sport et ailleurs, cette joueuse s’oppose à Bobby Riggs, ex-champion misogyne, pour montrer que les femmes valent autant que les hommes. Leur match est baptisé «La guerre des sexes». Billie déclare : «Les leçons apprises dans le sport, vous pouvez les utiliser dans votre quotidien. Il faut juste vous demander si vous souhaitez construire un monde meilleur ou le détruire. C’est à vous de décider !»
Malala Yousafzai
Malala Yousafzai, plus jeune lauréate du prix Nobel, a survécu à une tentative d’assassinat au Pakistan occupé par les talibans, alors qu’elle faisait campagne, en 2012, à l’âge de 15 ans, pour les droits des femmes et les droits des filles à l’éducation. Malala a risqué sa vie. Un acte qui fait de cette militante une héroïne contemporaine au discours puissant : «Je raconte mon histoire, non pas parce qu’elle est unique, mais parce que c’est celle de tant de filles.»
Greta Thunberg
Malgré son visage juvénile encadré de tresses qui auraient pu nuire à sa crédibilité, Greta a attiré l’attention du monde entier, à 15 ans, avec sa manifestation pour le climat devant le Parlement suédois en 2018. En 2019, au Sommet des Nations unies sur l’action pour le climat, elle exprime sa colère avec sa célèbre question «How dare you ?» («Comment osezvous ?») : «Je ne devrais pas être ici. Je devrais être de retour à l’école de l’autre côté de l’océan. (…) Des gens souffrent. Des gens meurent. Des écosystèmes entiers s’effondrent. (…) Vous nous décevez. Mais les jeunes commencent à comprendre votre trahison. (…) Le monde se réveille. Et le changement arrive, que cela vous plaise ou non !»
En Belgique
Parmi les centaines de pionnières (souvent méconnues ou oubliées), nous avons noté Marie Janson. Elle ouvre aux femmes la voie à la politique en intégrant le Sénat en 1921 et en devenant la première femme belge parlementaire. Et… ce sont des hommes qui ont voté pour elle, les femmes n’ayant eu le droit de vote qu’en 1948 ! Quant à Isala Van Diest , elle fut la première femme médecin. Après avoir été diplômée en Suisse – ce genre d’études ne lui étant pas accessible en Belgique -, elle ouvre son cabinet à Bruxelles en 1884, à 42 ans, après avoir reçu l’autorisation par arrêté royal.
Pour lire l’interview d’Elsa Zylberstein pour la sortie du film «Simone, le voyage du siècle», rendez-vous dans le Télépro du 13/10/2022.
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