Rafle du Vel d’Hiv’ : la honte française
Ce lundi à 21h10 avec un documentaire inédit, France 3 commémore les 80 ans de cet épisode tragique et révoltant de la collaboration zélée du gouvernement de Vichy.
Au milieu du mois de juillet 1942, la police française arrête plus de 10.000 Juifs en région parisienne pour le compte de l’Allemagne nazie. Hommes, femmes et enfants sont entassés au pied de la Tour Eiffel, au Vélodrome d’Hiver, avant d’être envoyés vers les camps de la mort.
Vent printanier
16 juillet 1942, 4 heures du matin. «Police, ouvrez !» Cette phrase raisonne devant des milliers de portes de foyers juifs à Paris. Le destin de toutes ses familles a été scellé le 20 janvier, lors de la conférence de Wannsee, à Berlin. En moins de deux heures, quinze hauts fonctionnaires du IIIe Reich ont acté la mise en place de «la solution finale de la question juive».
Satisfait des déportations qui touchent d’abord surtout l’Europe de l’Est, Hitler prévoit de les étendre à l’Ouest. C’est l’opération «vent printanier», un nom de code bucolique pour un projet abject : l’arrestation de 10.000 Juifs en Belgique, 15.000 aux Pays-Bas et 40.000 en France.
Tractations françaises
Tout au long de l’été, Pierre Laval, chef du gouvernement, et René Bousquet, chef de la police, négocient avec l’Allemagne. Et ils ne manquent pas de zèle : pour que les rafles ne concernent que les Juifs apatrides (Allemands, Autrichiens, Polonais, Tchécoslovaques, Russes) Bousquet promet de livrer aux nazis des Juifs de la zone libre.
Laval quant à lui, sous prétexte de ne pas séparer les familles, suggère que les enfants soient emmenés avec leurs parents, alors que les Allemands ne l’avaient pas envisagé. Afin de ne pas tomber en pleine fête nationale, la rafle, initialement prévue du 13 au 15 juillet, est repoussée au 16.
«N’oubliez pas les petits»
Dans les rues de la capitale, la rumeur d’une rafle enfle. Ignorant qu’ils ne sont plus, comme auparavant, les seules cibles, certains hommes fuient. Aux petites heures du 16 juillet, 4.500 policiers français sillonnent Paris, armés d’une liste de 27.391 noms. Sur les 12.884 Juifs arrêtés, les femmes (5.802) et les enfants (4.051) se trouvent, pour la première fois, en majorité.
L’humanité se montre sous son pire comme son meilleur jour : des voisins portent secours alors que des concierges dénoncent leurs locataires, des policiers détournent les yeux quand quelques-uns s’échappent tandis que des gendarmes font preuve de cruauté.
Prison parisienne
Les célibataires et couples sans enfant sont envoyés au camp de Drancy, au nord de Paris, alors que des autobus conduisent les familles vers le Vélodrome d’Hiver, construit en 1909 pour accueillir les courses cyclistes. Plus de 8.000 personnes sont massées dans le stade, trois jours et trois nuits, dans des conditions d’hygiène inimaginables. Eau, nourriture, sanitaires : tout manque.
Dehors, les arrestations continuent. Au total, 13.152 Juifs sont appréhendés. Les familles sont ensuite transférées vers des camps d’internement avant d’être brutalement séparées et, pour la quasi-totalité, envoyées à Auschwitz-Birkenau. Moins de cent adultes et aucun enfant n’en sortira…
Cet article est paru dans le Télépro du 7/7/2022
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