Que se passe-t-il au Haut-Karabakh ?

Voilà plus d’un siècle que l’Arménie et l’Azerbaïdjan se disputent un petit territoire montagneux. Ce conflit d’abord local a aujourd’hui des répercussions internationales. Ce mardi à 23h30, Arte diffuse «Arménie, le sang des montagnes».

C’est un conflit dont on reparle régulièrement : celui qui oppose l’Arménie à l’Azerbaïdjan à propos du Haut-Karabakh. Vous avez perdu le fil de l’histoire ? Mardi, Arte refait le point avec un documentaire : « Arménie, le sang des montagnes ».

Du Tsar à Staline

Pour comprendre les enjeux, il faut d’abord situer l’Arménie sur la carte. Ce petit pays du Caucase a pour voisins la Turquie à l’ouest et l’Iran au sud. De l’autre côté, elle est bordée par deux anciennes républiques soviétiques : la Géorgie et l’Azerbaïdjan. Les origines du conflit remontent à la fin de l’empire russe, en 1917. Libérées du Tsar, l’Arménie et l’Azerbaïdjan proclament leur indépendance. Mais les deux voisins se disputent un territoire : les montagnes du Haut-Karabakh. En 1921, Staline siffle la fin de la récréation, attribuant le Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan, bien que 90 % de sa population soit arménienne. Durant toute l’ère soviétique, personne n’ose remettre cette décision en cause. Mais en 1988, alors qu’un vent de perestroïka souffle sur l’URSS, le Haut-Karabakh proclame son autonomie…

Guerre sur guerre

L’Azerbaïdjan réagit immédiatement à la décision de sécession du Haut-Karabakh. Des violences éclatent. Elles conduisent même à des pogroms anti-arméniens. Ils sèment d’autant plus la terreur que les Arméniens ont déjà subi un génocide en 1915… Ces massacres entraînent une première guerre du Haut-Karabakh. L’Arménie prend le dessus. Un cessez-le-feu est conclu en 1994. Mais on sait que la paix est fragile. Car l’Azerbaïdjan n’a pas dit son dernier mot… En 2020 éclate donc une deuxième guerre du Haut-Karabakh. Armé par la Turquie, l’Azerbaïdjan reprend le contrôle de la région en quelques semaines. Une nouvelle offensive est menée à l’automne 2023, causant un départ massif des populations arméniennes.

Des soutiens fragiles

Ce conflit d’abord local engage aujourd’hui la communauté internationale dans un jeu d’équilibriste. On l’a dit, l’Azerbaïdjan est soutenu par la Turquie. Mais également, et c’est plus étonnant, par Israël. Pourquoi ? Parce qu’en contrepartie, l’État hébreu peut profiter en Azerbaïdjan d’un fabuleux poste d’observation sur son pire ennemi : l’Iran. Si Israël est aux côtés de l’Azerbaïdjan, ce devrait aussi être le cas des États-Unis. Eh bien, non ! Parce qu’il y a une importante diaspora arménienne aux USA. Tout comme en France, où le président Macron s’est clairement engagé auprès de l’Arménie. L’Union européenne soutient aussi l’Arménie… tout en veillant à ne pas se brouiller avec l’Azerbaïdjan, important producteur de gaz et de pétrole. Bref, les alliances sont fragiles et fluctuantes.

Et la Russie dans tout cela ? C’est pareil. A priori plus proche de l’Arménie, elle ne s’oppose pas formellement à l’Azerbaïdjan. Poutine, par ailleurs occupé en Ukraine, a tout intérêt à ce que le conflit du Haut-Karabakh s’enlise pour ensuite reprendre le pouvoir sur les deux belligérants affaiblis. Le conflit continue donc de couver. Jusqu’à quand ? Un siècle s’est écoulé depuis les premières tensions autour du Haut-Karabakh, et ni l’Azerbaïdjan ni l’Arménie n’en est définitivement sorti gagnant. Pour l’heure, il n’y a que des perdants : les populations locales, principalement arméniennes, contraintes de fuir encore et encore.

Cet article est paru dans le Télépro du 26/9/2024

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