Quand l’IA s’invite dans les urnes

Lors des récentes élections communales et provinciales, la RTBF a fait appel à l’intelligence artificielle pour lui donner un coup de main © Getty Images

En quelques années, l’intelligence artificielle est devenue une partenaire incontournable des scrutins électoraux. Pour le meilleur et pour le pire. Ce vendredi à 20h15, Tipik diffuse le documentaire «Trump et son armée numérique»

Il y avait «Martine à la mer», «Martine au cirque» ou «Martine fait du camping». Aujourd’hui, ce sont les aventures de l’intelligence artificielle qui sont mises à toutes les sauces. «L’IA est assistante vocale», «L’IA calcule mon itinéraire en auto», «L’IA m’envoie mes pubs préférées» : la liste n’en finit pas de s’allonger. En parlant de liste justement, à quand «L’IA est candidate aux élections» ? Candidate, nous n’y sommes pas encore. Par contre, elle peut tenter de faire la pluie et le beau temps quand il est question de passage aux urnes. Commençons par le beau temps.

Près de 850 articles à rédiger

Lors des récentes élections communales et provinciales, la RTBF a fait appel à l’intelligence artificielle pour lui donner un coup de main. Une première ! Mode d’emploi : sur son site internet RTBF Actus, le service public a ajouté du texte aux traditionnels graphiques illustrant la répartition des sièges. Expliquer trois fois par jour les différents enjeux dans les 281 communes bruxelloises et wallonnes, total : près de 850 articles à rédiger. Un sacré ouvrage !

Appelez-moi Claude

La RTBF explique comment elle s’y est prise pour réussir ce tour de force. «Nous recevons des données du ministère de l’Intérieur. (…). Ces mêmes données sont travaillées de manière à les rendre utilisables par l’intelligence artificielle générative. Nous utilisons une IA répondant au doux nom de Claude.» Et ce n’est pas tout : «Cette IA va produire du texte descriptif, basé sur une poignée de modèles stylistiques fournis par la RTBF. Elle a pour mission de varier formellement les textes d’une commune à l’autre.» Le moins que l’on puisse écrire, c’est que la RTBF a joué… gagnant ! Sur son site RTBF Actus, les élections ont été particulièrement suivies avec 8,8 millions de pages vues la journée du dimanche électoral. Au nom de l’information, merci l’intelligence artificielle.

Fraude dans l’isoloir

Après le beau temps, passons au côté «pluie». Le 9 octobre dernier, OpenAI publie un rapport intitulé «Mise à jour sur la lutte contre les utilisations trompeuses de l’IA». Le constat de la société américaine de recherche et de déploiement en intelligence artificielle est interpellant. OpenAI constate que ses modèles d’intelligence artificielle sont de plus en plus utilisés par des cybercriminels pour influencer les élections. Ceux-ci génèrent «de faux contenus, y compris des articles de fond et des commentaires sur les réseaux sociaux, dans le but d’influencer les élections». La startup californienne déclare avoir neutralisé plus de vingt tentatives d’utilisation frauduleuse de ses outils d’intelligence artificielle depuis le début de l’année. Elle a notamment identifié et supprimé des comptes iraniens. Ils utilisaient ChatGPT (une intelligence artificielle capable de générer du contenu écrit) pour manipuler l’opinion publique en vue des élections présidentielles américaines.

Élections US

Celles-ci préoccupent particulièrement le Département de la sécurité intérieure des États-Unis. Le logiciel antivirus Kaspersky a été interdit par Washington. Motif : la proximité entre le géant de la cybersécurité et Moscou. Des attaques chinoises sont aussi redoutées.

Alors que plus de la moitié de la population mondiale est appelée aux urnes cette année, l’intelligence artificielle est particulièrement mise à contribution et les risques d’utilisations frauduleuses particulièrement sensibles.

Cet article est paru dans le Télépro du 24/10/2024

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