Quand la jeunesse crie à l’aide
Des milliers d’enfants sont hébergés par la Fédération Wallonie-Bruxelles ailleurs que chez leurs parents en raison de difficultés sociales, psychologiques ou matérielles. Ce lundi à 20h30, La Trois diffuse le documentaire «Bébés placés – La vie devant eux».
«Le secteur de l’aide à la jeunesse suffoque», «Grève pour réclamer des moyens et des places d’accueil», «Des enfants placés à l’hôpital», «4.000 enfants en danger» : chronique d’une aide à la Jeunesse bien mal en point en Fédération Wallonie-Bruxelles ! Ajoutez-y «délabrement», «crise», «détresse» et vous aurez en quelques mots le portrait-robot bien sombre dressé de ce secteur ces derniers mois. L’été dernier, la Fédération annonçait pourtant lui consacrer un budget structurellement augmenté de 52 millions d’euros ces cinq dernières années. Qu’est-ce qui fait que des enfants doivent être placés en dehors de leur famille ? Qui le décide ? Combien sont-ils ? Lundi, La Trois consacre sa soirée aux bébés et jeunes placés en Belgique.
Le placement
Rappel de quelques fondamentaux. Un placement, qu’est-ce que c’est ? Le Décret du 4 mars 1991 relatif à l’aide à la jeunesse considère qu’on parle de placement quand pour une période déterminée un enfant est hébergé en dehors de son milieu familial dans une famille d’accueil ou dans une structure professionnelle et spécialisée. Dans le cas qui nous occupe, il s’agit d’enfants mineurs que les parents peuvent difficilement prendre en charge. Pourquoi un placement ? Quand le milieu familial de l’enfant n’est pas en mesure de garantir sa santé, sa sécurité ou sa moralité. Quels sont les types de placements ? Le placement peut être volontaire, consenti avec le Service d’aide à la Jeunesse ou imposé par un juge de la Jeunesse. Les procédures ne sont pas les mêmes en Wallonie et à Bruxelles. Combien de temps dure le placement ? De quelques jours à plusieurs années, «jusqu’à ce que les problèmes apparus dans la famille d’origine soient résolus». Finalement, convention, décret et ordonnance qui fixent le cadre légal sont d’accord : le placement doit rester une mesure exceptionnelle, l’État doit soutenir les parents dans leur rôle.
Cent dossiers pour 1 délégué
En décembre dernier, la Fédération Wallonie-Bruxelles publiait ses dernières statistiques concernant le secteur. L’Aide à la Jeunesse, ce sont plus de 42.000 jeunes pris en charge en 2022 (hors fréquentation des 89 services d’Action en milieu ouvert). «Environ 7.500 enfants sont hébergés ailleurs que chez leurs parents dans le cadre d’une prise en charge par le secteur de l’Aide à la jeunesse en raison de difficultés sociales, psychologiques ou matérielles», détaille la Fédération. Parmi eux, près de 3.400 jeunes vivent en famille d’accueil». Parmi plus de 22.000 jeunes pris en charge quotidiennement dans le cadre de l’aide spécialisée en raison d’un danger ou d’une difficulté, 7.200 enfants sont hébergés hors de leur milieu familial de vie. 3.800 vivent dans une famille d’accueil, 3.000 jeunes sont hébergés par un service agréé de l’aide à la jeunesse et 400 par un service d’accueil spécialisé de la petite enfance subventionnés par l’ONE. À ces chiffres officiels, les personnes qui travaillent dans le secteur ajoutent des exemples parlants comme celui des cent dossiers à traiter pour un seul délégué ou celui d’enfants déplacés d’un centre à un autre.
Bébés parqués à l’hôpital
Les «bébés parqués», cela existe aussi. Une expression utilisée pour parler des enfants placés à l’hôpital, parfois pendant une longue période, «alors qu’ils n’ont pas ou plus besoin de soin», peut-on lire dans une étude de la CODE (Coordination des ONG pour les droits de l’enfant). Les raisons de ce type de placement sont multiples. Parmi elles, l’état de santé de l’enfant bien sûr, mais aussi le fait que «les autres solutions d’accueil d’urgence seraient saturées en Fédération Wallonie-Bruxelles (…). Dans ces situations de crise, l’hôpital est souvent la seule solution disponible pour les personnes devant y faire face». Chaque année, environ 300 enfants entre 0 et 6 ans sont placés à l’hôpital en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Cet article est paru dans le Télépro du 22/2/2024
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