Quand la croisière ne s’amuse plus…
Ce lundi à 21h25 sur La Trois, le documentaire «Croisières, bienvenue à bord de l’enfer» nous emmène sur un bateau touristique, côté sombre, dans une ambiance bien éloignée de la série «La Croisière s’amuse»…
Entre vols, disparitions, viols voire crimes, certains voyages maritimes peuvent virer à l’horreur. Mais, lorsque l’on vit une telle situation au beau milieu des eaux internationales, coincé sur un bateau étranger avec un agresseur d’une autre nationalité, à qui s’adresser ? On navigue en eaux troubles…
Business florissant
Longtemps synonyme de luxe, les croisières sont, depuis quelques années, de plus en plus sous le feu des critiques. Entre le naufrage du Costa Concordia en 2012, la gestion de cette forme de tourisme durant le covid et l’aspect peu écologique de ce type de voyage, la réputation des croisiéristes a été fortement entachée. Des ombres au tableau que les professionnels du secteur ont tout intérêt à passer sous silence, tant le marché est porteur.
Malgré les crises successives, les croisières continuent d’engranger des milliards : en 2018 ce business était évalué à 150 milliards de dollars. «Par rapport à d’autres secteurs touristiques, les croisières se distinguent à la fois par une croissance soutenue ces vingt dernières années et une forte résilience aux cycles économiques», constate le cabinet de conseil en stratégie, Roland Berger.
Que fait la police ?
Outre les naufrages médiatisés ou l’impact environnemental causé par ce domaine touristique, on le sait moins, mais les croisières sont, parfois, le théâtre de faits sordides. Dans une enquête menée par le magazine américain Quartz, on apprend, qu’au cours de l’année 2016, quatre personnes sont décédées de manière suspecte durant une croisière, six ont disparu, six ont été volées pour une valeur de plus de 10.000 dollars et quatorze ont subi des coups et blessures. Des situations certes dramatiques pour les victimes, mais qui restent relativement rares.
Ce qui pose davantage question, ce sont les chiffres d’agressions sexuelles. Là, pour l’année 2016 toujours, l’étude de Quartz fait état de soixante-deux plaintes déposées. Problème majeur, si ces villages sur l’eau sont évidemment encadrés par des agents de sécurité, ces derniers ne sont pas forcément qualifiés pour enquêter sur un crime. «Le FBI et la Gendarmerie royale du Canada (ndlr : pour les eaux américaines) ont juridiction sur les crimes perpétrés en haute mer», détaille TF1. «Mais parfois, il manque des pièces à conviction… Ce qui rend difficile la préservation de la scène de crime.»
Eaux troubles
En cas d’agression en pleine mer, la situation n’est pas toujours plus limpide de retour sur la terre ferme. Seule indication du droit maritime international : les navires de croisières doivent garantir la sécurité de leur passager en prenant toutes les mesures nécessaires. Et, si un événement malheureux devait se produire, en fonction des eaux où les faits ont été commis, de la nationalité des personnes impliquées et du pavillon maritime sous lequel on se trouve, différents pays doivent accorder leur violon juridique pour résoudre l’affaire.
Jugez par ce cas concret. En 2019, un Italien âgé de 19 ans est soupçonné d’avoir violé une Britannique deux ans plus jeune. Les faits se déroulent à bord du MSC Divina, un bateau de croisière sous pavillon panaméen, qui ralliait Palma de Majorque à Valence (Espagne). Une fois débarquée, la jeune femme porte plainte, mais son agresseur est rapidement libéré à cause, justement, de ce flou juridique. «Le magistrat de Valence s’est estimé incompétent dans cette affaire», rapporte le journal 20 Minutes. «En effet, le viol s’est déroulé dans les eaux internationales, sur un « territoire » panaméen. De plus, il a été commis par un ressortissant étranger sur une autre ressortissante de nationalité différente.»
Cet article est paru dans le Télépro du 15/6/2023
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