
Qualité de l’eau : plongée en eaux troubles
Qu’elle soit du robinet ou de consommation, la pureté de l’eau que nous buvons ne coule pas nécessairement de source… Un sujet évoqué ce mardi à 21h05 sur France 5 dans «Des eaux pas si claires».
« L’eau du robinet constitue un des produits alimentaires les plus contrôlés en Région wallonne : plus de 39.000 contrôles sont réalisés par an, depuis son origine jusqu’au robinet ». Rassurant, sécurisant, apaisant. Trois adjectifs, trois manières de qualifier les propos tenus par le gouvernement wallon lorsqu’il évoque sur son site Internet le contrôle des eaux potables sur son territoire. Rassurant, sécurisant, apaisant. Vraiment ? Depuis le 8 novembre 2023, le droit d’en douter existe réellement.
L’affaire PFAS
Ce soir-là, dans l’émission « #Investigation », la RTBF diffuse un reportage édifiant. Les téléspectateurs découvrent un terme peu familier : les « PFAS » (prononcez « pi face »). Peu familier, mais pourtant omniprésent dans la vie quotidienne. Les PFAS, c’est une grande famille de plus de 4.000 composés chimiques, les substances per- et polyfluoroalkylées. Fabriqués par l’homme depuis près de 80 ans, ils se retrouvent dans des ustensiles de cuisine anti-adhésion, des emballages alimentaires, des embouts buccaux de cigarette électronique, des semelles de fers à repasser, des vêtements imperméables, des lubrifiants et cires pour sols et voitures…
Particularités de ces molécules chimiques : elles sont très résistantes. Leur surnom de « polluants éternels » dit tout. Conséquence : « Les PFAS s’accumulent dans l’environnement et dans nos corps », résume l’organisation environnementale Écoconso. « 99 % de la population mondiale aurait des PFAS dans le sang. Or, ces substances sont mises en cause dans diverses maladies et problèmes de santé », conclut l’asbl. Retour à l’émission « #Investigation ».
Un pavé dans la mare
Après plusieurs mois d’enquête, les journalistes de la chaîne publique révèlent une lourde contamination des eaux wallonnes aux PFAS. Un pavé dans la mare qui éclabousse les autorités publiques de la Wallonie et de la SWDE, la société wallonne de distribution des eaux : elles étaient au courant de la pollution mais l’ont minimisée. Des contaminations aux PFAS sont aussi détectées à Ronquières, Florennes, Nandrin… Au total 20.000 Wallons ont continué à consommer de l’eau dont on savait depuis plusieurs années qu’elle était contaminée.
Le gouvernement wallon réagit. Pour éviter que de nouvelles gouttes d’eau polluée fassent déborder le vase de l’inquiétude et de l’indignation dans la population, il revoit à la baisse les quantités de PFAS tolérées dans l’eau de consommation (10 nanogrammes par litre). Plus tôt que prévu : le 20 février dernier, alors que l’Europe fixe l’entrée en vigueur de cette norme au 1er janvier 2026.
Feu vert aussi pour l’augmentation du prix de l’eau. Depuis le 1er février, elle est 11 % plus chère. L’augmentation doit impérativement être utilisée (en partie) par les opérateurs pour investir, notamment dans la modernisation des infrastructures et la protection des captages, comprenez : dans la protection des consommateurs.
Même Perrier, c’est flou !
Ouf ! Nous voilà rassurés. Quoique… Alors qu’on nous conseille de boire 1,5 litre d’eau par jour pour être en bonne santé, laquelle choisir ? Particules de plastique dans les bouteilles, traces de pesticides, les dernières études sont préoccupantes. L’année dernière, en France, deux millions de bouteilles de Perrier étaient détruites par Nestlé. La raison : une pollution de la source par des bactéries fécales. Face à ces pollutions, carafes filtrantes, filtres fixés au robinet et osmoseurs ont fait leur apparition dans nos maisons. Les avis concernant leur efficacité fluctuent. Non, mais… à l’eau quoi ! ?
Cet article est paru dans le Télépro du 20/3/2025
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