Producteurs de lait : le bonheur n’est plus dans le pré
Le monde agricole est en ébullition. Inflation, concurrence, normes environnementales : en Europe, la colère monte. En Nouvelle-Zélande, un scandale concernant le lait éclabousse le secteur. Ce mardi à 21h55, Tipik diffuse le documentaire «Milked, scandale dans l’industrie laitière».
La Nouvelle-Zélande, c’est beau mais c’est loin. Pourtant, certaines préoccupations peuvent être très proches ici et là-bas. Prenez le secteur de l’agriculture. Pas assez de revenus, trop d’heures de travail, de paperasserie : en France, les agriculteurs débutent l’année en bloquant des routes et en multipliant les actions pour manifester leur colère.
Toute l’Europe
En réalité, la grogne agricole commence en Europe dès l’été 2022. Au Pays-Bas, le secteur se mobilise contre les réductions de cheptel prônée par le gouvernement pour lutter contre le dérèglement climatique. En Allemagne, c’est la réforme de la fiscalité sur le diesel agricole qui ne passe pas. La Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie montrent aussi les dents. Inflation, concurrence de l’Ukraine, normes environnementales, «les revendications des agriculteurs divergent d’un pays à l’autre mais tous sont en colère», synthétise le journal économique et financier français La Tribune. Interviewé sur la chaîne d’information en continu BFM, le syndicaliste agricole français Arnaud Rousseau explique que, pour lui, «ces mouvements ont tous les mêmes ferments : ils résultent d’une incompréhension grandissante entre la réalité de la pratique du métier d’agriculteur sur le terrain et les décisions administratives centralisées».
Le retour des tridents ?
Chez nous, les agriculteurs sont fâchés aussi. Nous n’en sommes pas encore revenus à l’époque des tridents de la colère de 1962 quand 2.000 tracteurs défilaient à Tournai contre la politique gouvernementale. La mobilisation de la crise du lait de 2009 et ses images inoubliables de millions de litres déversés sur un champ n’est pas encore de mise. Mais le poêlon du mécontentement est sur le feu. Des manifestations contre la politique agricole commune sont organisées. En trente ans, même si la surface moyenne par exploitation (58,3 ha) a augmenté, la Wallonie a perdu 16.000 fermes, leur nombre est passé de 29.000 à 12.670. Le portail de l’agriculture «État de l’agriculture wallonne» indique également : «La Wallonie compte moins de 22.000 travailleurs réguliers en agriculture ou horticulture, ce nombre a diminué de plus de 50 % depuis 1990.» Le bonheur est dans le pré disiez-vous ?
Scandales à répétition
Revenons-en à la Nouvelle-Zélande. À 19.000 km de la Belgique, ça chauffe aussi. Plusieurs scandales liés à l’industrie laitière ont secoué le pays ces dernières années. En 2013, des produits laitiers contaminés par une bactérie potentiellement mortelle défraient la chronique. Deux ans plus tard, des images insoutenables tournées en caméra cachée dans un élevage dénoncent le traitement réservé aux jeunes veaux, frappés, traînés, jetés vivants dans des bennes comme des déchets parce que n’entrant pas dans la production de lait.
Production fulgurante
Le documentaire diffusé ce mardi sur Tipik est une pierre de plus dans le jardin déjà bien rempli de cette industrie. Avec cette question comme point de départ : comment un pays où il n’y avait pas de vache est-il devenu aussi vite le plus grand exportateur mondial de produits laitiers ? Le long métrage, primé à plusieurs reprises, dévoile des informations alarmantes sur l’impact environnemental et sanitaire de cette industrie. Source de fierté nationale jusqu’il y a peu, elle est aujourd’hui accusée d’être le plus gros pollueur du pays, une véritable menace pour la population. Dans le pré néo-zélandais et européen, l’heure n’est décidément pas au bonheur.
Cet article est paru dans le Télépro du 1/2/2024
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