Poutine et Xi Jinping, une amitié dangereuse

Image extraite du documentaire diffusé ce mardi sur Arte © Arte

Russie, Chine et Iran forment un triangle inquiétant. Leur objectif ? Faire basculer l’ordre du monde. Et leur stratégie commune tentaculaire agit sur tous les fronts… Ce mardi à 20h55, Arte diffuse le documentaire «Russie, Chine, Iran – La revanche des empires».

Les images datent de 1997. On y voit Joe Biden, alors fringant sénateur, rentrant d’un voyage à Moscou. Il a été missionné par le Congrès américain pour rassurer le Kremlin sur l’élargissement de l’Otan. «Ils ne veulent pas en entendre parler», explique Biden. «Alors, ils menacent : « Si vous faites ça, on va devoir se tourner vers la Chine ». Je n’ai pas pu m’empêcher de leur dire : « Bonne chance ! Et puis, si ça ne marche pas, essayez avec l’Iran ! ».»

L’assemblée éclate de rire aux bons mots du sénateur… Mais vingt-sept ans plus tard, l’histoire drôle est devenue une inquiétante réalité. La Russie, la Chine et l’Iran forment désormais un triangle soudé, bien décidé à contrer l’Occident.

De la chair à canon

24 février 2022, la Russie envahit l’Ukraine. Très vite, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un simple conflit régional. Car la guerre ébranle le continent européen. «Les Ukrainiens sont un peuple transformé en chair à canon. Nous sommes désolés pour eux», affirme sans ambages un proche conseiller de Poutine dans «Russie, Chine, Iran – La revanche des empires», le documentaire diffusé mardi par Arte. «Nous ne combattons pas l’Ukraine, nous combattons l’Otan et l’Occident. Et nous gagnerons.»

Le 2 mars, une dizaine de jours après le début de l’offensive, lors du vote à l’Onu, 52 pays ne condamnent pas l’agression russe. Notamment la Chine. À la grande surprise des Occidentaux qui pensaient qu’en devenant plus capitaliste, l’empire du Milieu serait davantage prooccidental…

Dans les coulisses des JO

«Le monde est en pleine restructuration», déclarait Xi Jinping, le président chinois en août dernier. Et cela se prépare depuis quelques années déjà… Dès 1996, la Chine et la Russie de Boris Eltsine signent un partenariat stratégique. Objectif : avoir davantage de force dans les discussions avec l’Occident.

2012 marque un tournant avec la réélection de Poutine et l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping. Ces deux-là
s’entendent comme larrons en foire. C’est en Syrie qu’ils mènent leur première grande action conjointe pour contrer les États-Unis et l’Occident.

La guerre en Ukraine confirme leur coopération. Quelques jours avant l’invasion, Poutine était aux JO d’hiver de Pékin. En coulisses, la Russie et la Chine ont signé un partenariat sans précédent : l’alliance d’une grande puissance économique et d’une grande puissance militaire. Quelques mois plus tard, ils seront rejoints par un troisième «camarade» : l’Iran.

La guerre de l’information

Ces trois pays ont une même détestation du monde occidental. Et donc un objectif commun : mettre fin à l’ordre actuel du monde. Ils remettent en cause le système de droit international mis en place après la Seconde Guerre mondiale. Ils estiment que c’est à chaque État de déterminer le mode de gouvernance qui lui convient, démocratique ou pas. Dans la foulée, ils réfutent l’universalité des droits de l’homme. Pour ce faire, la Russie, la Chine et l’Iran déstabilisent de l’intérieur les institutions internationales existantes et envisagent d’en mettre en place de nouvelles. Ainsi, les sommets internationaux BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine), dont on parle encore peu, fédèrent déjà la moitié de la population et le tiers du PIB à l’échelle mondiale.

Pour arriver à ses fins, le triangle Russie-Chine-Iran essaie aussi de miner les démocraties occidentales à distance. Notamment par une politique de désinformation qui sème le doute et la zizanie dans les populations. C’est une nouvelle forme de guerre mondiale… qui a déjà commencé !

Cet article est paru dans le Télépro du 23/5/2024

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