Plastique : comment lui dire adieu ?
460 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde. Avec des conséquences néfastes sur la biodiversité et la santé humaine.
Lundi à 21.05 sur France 5, «Le Monde de Jamy» enquête sur le plastique, ce dérivé du pétrole si pratique, mais dont il serait urgent de se débarrasser.
Usage éphémère
En moins d’un siècle, le plastique, création purement humaine conçue à base de pétrole, est devenu le troisième matériau le plus fabriqué au monde, après le ciment et l’acier. Produit à grande échelle après la Seconde Guerre mondiale, il s’écoule désormais au rythme de 460 millions de tonnes par an. Souvent pour un usage éphémère. 81 % des produits fabriqués en plastique finissent en déchets en moins d’un an. Or chaque Européen en consomme 120 kg chaque année et peut-être 238 d’ici à 2060 si nous ne faisons rien.
Partout
Le plastique est partout. Dans nos frigos, mais aussi dans nos poubelles, dans les océans (6 à 12 millions de tonnes déversées chaque année), dans la nature et maintenant, notre sang et nos poumons. Car ce matériau se fragmente en microparticules qui s’insinuent partout. Et pas seulement lorsqu’il devient un déchet. Nos pneus, nos vêtements, nos routes, nos bâtiments s’usent et émettent des microplastiques que l’on retrouve partout sur la planète, dans l’air que nous respirons, dans l’eau que nous buvons, dans les sols… Un rapport du WWF de 2019 estime que chaque individu avalerait 2.000 particules de plastique par semaine, l’équivalent de 5 g, soit le poids d’une carte bancaire.
Jusqu’au cerveau
Avec des conséquences alarmantes pour notre santé. « Il a été démontré que les plastiques pouvaient être transportés par le sang, mais également par les nerfs, et atteindre ainsi des organes qu’on qualifie de lointains, tels que les testicules, le placenta, les reins ou le cerveau. Une étude a même évalué la part du plastique dans cet organe à 5 milligrammes par gramme : cela signifie que 0,5 % du poids du cerveau serait formé de plastique », détaille un récent rapport parlementaire français.
Le plastique serait responsable de l’augmentation du cancer de l’estomac, de pathologies respiratoires, d’infarctus du myocarde et d’accidents vasculaires cérébraux.
Nouvelles idées
Pour éviter ce que certains qualifient de bombe à retardement, il faut rapidement diminuer notre consommation de plastique. Mais comment dire adieu à cette matière si pratique ? Une start-up britannique a mis au point un nouveau type d’emballage à base d’algues et de carton qui offre le double avantage d’être entièrement compostable et recyclable. Des chercheurs américains ont découvert une bactérie baptisée « Comamoanas testosteroni » se nourrissant essentiellement de matières provenant de plantes ou de plastique. Il y a aussi les lingettes démaquillantes et les langes lavables, les produits d’entretien à fabriquer soi-même, les bouteilles en verre consignées, l’achat de produits en vrac…
Recycler ? Oui, mais…
Et le recyclage. Nos flacons de gel douche servent à fabriquer des câbles et des tuyaux, et nos pots de yaourt se transforment en cintres. Mais cette solution ne plaît guère aux chantres du « no plastic ». « En réalité, c’est du sous-cyclage. On fabrique autre chose qui ensuite ne sera pas recyclable », déplorent-ils. « Et si vous mettez en place des filières de recyclage parfaites, pourquoi s’embêter à produire moins de plastique ? »
Usage essentiel
Pour ces derniers, il est temps de mettre fin à l’utilisation irraisonnée de ce dérivé du pétrole, pour n’en conserver que les usages essentiels. En interdisant les plastiques à usage unique et certains emballages, en instaurant des quotas de production sur les composants de base, en mettant en place une taxe environnementale sur les plastiques, en allongeant la durée de vie des produits et en encourageant la production de plastique vraiment biodégradable. « Mais le plastique le moins mauvais est celui qui n’existe pas ! », insistent-ils.
Cet article est paru dans le Télépro du 9/1/2025
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