«Planet Killers» (France 5) : la chasse aux tueurs de planète

Image extraite de la série «Planet Killers» © France 5/Premières Lignes

Pollueurs, trafiquants d’animaux ou de bois : les criminels environnementaux en veulent à la Terre entière. Interpol mène la traque. Ce lundi à 21h, France 5 lance la nouvelle série documentaire «Planet Killers».

Impossible de rater l’affiche rouge sang qui apparaît sur l’écran. En haut, à gauche, le sigle d’Interpol, l’Organisation internationale de police criminelle. Juste à côté, l’intitulé au titre évocateur du document : INTERPOL WANTED. Sous celui-ci, les photos de sept visages. Ceux de sept hommes, chinois, kényans, albanais. Tous figurent sur la liste des fugitifs les plus recherchés pour des atteintes à l’environnement. Selon les estimations, la criminalité environnementale générerait entre 110 et 270 milliards d’euros de profits illicites chaque année.

Écocide

Cela se passe à la fin de l’année dernière. La presse française relate l’arrestation de quatre personnes dans le cadre du démantèlement d’un vaste trafic international d’espèces animales menacées. Les individus s’étaient procuré à bas prix à l’étranger des servals (petits félins tachetés cousins du chat), des singes, des perroquets et des suricates. Ils les revendaient ensuite via des annonces sur WhatsApp et Instagram.

Un exemple parmi de nombreux autres. Selon les estimations, ce type de commerce illégal rapporte à ses auteurs entre 15 et 160 milliards d’euros par an, soit plus de 5.000 € de braconnage par seconde. Il s’agit de la troisième activité criminelle la plus lucrative au monde après les trafics de drogue et d’armes. Pour Interpol, le trafic d’espèces sauvages croîtrait de 5 à 7 % par an.

Conséquence : outre les souffrances qu’il inflige aux animaux («30 à 40 % décèdent pendant le transport»), le trafic est à l’origine de la disparition de certaines espèces. En octobre dernier, l’opération Thunder 2022 menée dans 125 pays a permis d’effectuer près de 2.200 saisies et d’identifier 934 suspects.

La guerre du sable

Les animaux ne sont pas les seules victimes des trafiquants. La Commission européenne définit comme crime contre l’environnement «tout acte qui enfreint la législation environnementale et entraîne un dommage ou un risque grave pour l’environnement ou la santé humaine». La criminalité environnementale englobe donc aussi le trafic d’ivoire, la surpêche d’espèces protégées, l’exploitation illégale du bois ou le déversement de déchets dangereux. La contrebande du bois a par exemple atteint jusqu’à 80 % des volumes de bois vendus en Indonésie.

Dans son livre «Qu’est-ce que le crime environnemental ?», Grégory Salle, directeur de recherche du CNRS, évoque la véritable «explosion» de la délinquance écologique (notamment dans le contexte de la destruction accélérée de la forêt amazonienne). Il consacre un chapitre entier à un sujet peu connu : la guerre du sable. Celui du désert étant inutilisable dans le secteur de la construction, des îles et des plages entières disparaissent pour permettre à certains projets pharaoniques d’être réalisés.

La mort verte

À la tête des trafics illicites de ressources naturelles, on retrouve de véritables mafias, prêtes à tout pour continuer à prospérer. Un reportage récent de Radio France Internationale révélait qu’en dix ans, au moins trente journalistes spécialisés dans le domaine l’environnement ont été tués. En juin dernier, la police brésilienne confirmait le décès d’un journaliste britannique qui enquêtait sur la pêche illégale en Amazonie. Un reporter indien qui s’intéressait de trop près à la mafia du sable a été abattu. Reporters sans frontières rapporte aussi plusieurs assassinats en Amérique latine et en Asie du Sud-Est.

C’est dans ce contexte que s’inscrit l’émission «Planet Killers» proposée lundi soir sur France 5. Martin Boudot se lance à la poursuite de criminels environnementaux, raconte leur traque par les autorités, enquête sur les réseaux internationaux et décrit les conséquences majeures de leurs crimes sur la planète. 

Cet article est paru dans le Télépro du 19/1/2023

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