Pique et pique et Instagram…
Avec ses clichés toujours parfaits, Instagram nuit à la santé mentale des plus jeunes.
«Instagram est toxique pour les adolescentes», titrait le Wall Street Journal en septembre dernier. «Plus les ados vont sur Instagram, plus leur bien-être, leur confiance en soi, leur satisfaction à l’égard de la vie, leur humeur et l’image qu’ils ont de leurs corps se dégradent», expliquaient alors des spécialistes de la psychologie juvénile. Comment Instagram est-il devenu dangereux ? C’est le sujet de «La Foire aux vanités», l’excellent documentaire proposé par Arte, mardi à 22h20.
Tout à l’image
Instagram est l’application la plus téléchargée au monde. Elle plaît particulièrement aux jeunes : huit ados sur dix l’ont installée sur leur téléphone. Ils font partie du demi-milliard de personnes qui se connectent chaque jour à ce réseau pour échanger 100millions de photos et de vidéos. La particularité d’Instagram, c’est en effet de tout miser sur l’image.
Filtres brillants et colorés
L’idée est née en 2010, dans la tête d’un étudiant américain passionné de photographie. Alors qu’Apple vient de lancer un iPhone doté d’un bon appareil photo, il met au point cette application où partager de petits clichés carrés. Et pour leur donner un look plus artistique, il propose une série de filtres. Le succès est immédiat. Mais pas auprès des fins spécialistes de la photo. Ce sont les stars qui s’emparent de l’appli et de ses filtres pour raconter leur vie avec des images toujours plus brillantes et colorées. La famille Kardashian et Justin Bieber sont parmi les premiers.
Vie idyllique
L’appli n’a que quelques mois quand Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, décide de la racheter. L’investissement est important mais il compte bien le rentabiliser. C’est ainsi que les marques arrivent sur Instagram. Via des pubs, mais surtout dans les stories des instagrammeurs qui ont le plus de followers (ou suiveurs, ces internautes abonnés au profil d’une célébrité ou d’une marque). En clair : les utilisateurs les plus suivis sont payés pour placer tel ou tel produit dans leurs photos. C’est la naissance des influenceurs.
Sous les filtres d’Insta, leur vie paraît idyllique. Plus elle le laisse croire, plus leur public augmente, et plus les marques leur offrent l’occasion de prendre des photos de rêve. Ils sont invités à Dubaï, reçoivent des bijoux, sont maquillés par des pros… Cela fait rêver bon nombre d’ados qui taguent (ou mentionnent le nom d’une marque ou de quelqu’un) leur sweat #Kiabi ou leurs baskets #Decathlon en espérant se faire remarquer de la marque. Mais pour sortir du lot, il en faut toujours plus…
Image de soi
Selon une enquête menée par Mediapart, les algorithmes d’Instagram donneraient plus de visibilité aux photos suggestives. Une fille aurait plus de chances d’être vue si elle pose les fesses à l’air ou les jambes écartées. Mieux vaut donc se déshabiller pour gagner de l’audience. Mieux vaut aussi avoir la taille mannequin, voyager au soleil, siroter des cocktails et paraître très heureux. Sur Instagram, tout tourne autour de l’image que l’on donne de soi. On critique parfois Tik Tok et ses défis débiles, mais Instagram est plus malsain car plus pernicieux. Il donne l’illusion que la vie des autres est parfaite… Face à de telles images, sa vie à soi semble inévitablement terne et triste. Chez les personnes fragiles, cela peut engendrer des problèmes de santé mentale. Les ados sont particulièrement exposés. La vraie vie n’est pas celle que l’on voit sur Insta !
Instagram Kids
Après Instagram, a pointé l’idée d’un Instagram Kids ! Facebook pensait lancer une version pour enfants. Mais la nouvelle a déclenché un tel tollé que le projet a été suspendu. Une ancienne ingénieure de Facebook a révélé des études menées en interne. Il en ressort clairement que Instagram est dangereux pour les plus jeunes. Un tiers des adolescentes mal dans leur peau estiment qu’Insta accroit leur mal-être.
Cet article est paru dans le Télépro du 25/8/2022
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