Paris 1924 : des JO précurseurs
Il y a un siècle, les Jeux olympiques se tenaient déjà dans la capitale française et suscitaient aussi des polémiques.
«On n’parle plus que de Jeux olympiques. C’est merveilleux, c’est prodigieux», chantait Maurice Chevalier en 1924. Il y a tout juste 100 ans, Paris s’apprêtait, tout comme cette année, à vibrer au rythme de ce grand rendez-vous sportif. Dans «Retour aux sources», samedi sur La Trois, zoom sur ces Jeux qui ont amené leur lot d’innovations et de polémiques.
En 1921, quand Paris se porte candidate, la France est en pleine reconstruction. Les violents bombardements de la Première Guerre mondiale ont laissé place à un paysage de désolation. De nombreux soldats, dont des sportifs, ont péri au combat ou sont revenus mutilés. Le gouvernement français voit dans l’organisation des Jeux une occasion de fédérer la population et d’insuffler un peu d’optimisme. En compétition avec Los Angeles et Amsterdam, Paris remporte la bataille grâce à Pierre de Coubertin qui milite au CIO pour sa ville natale.
Polémiques et innovations
À un siècle d’intervalle, l’organisation de ces Jeux suscite, comme en 2024, des débats. Financement, transports, équipements, prix des places… autant de sujets qui font alors polémiques. Ainsi, faute de budget suffisant pour en construire un nouveau, c’est finalement le stade de Colombes qui est aménagé pour accueillir les épreuves phares. Mais sa situation au nord-ouest de la ville place au centre de l’attention la question du transport, dont les prix des billets flambent.
Mais ces Olympiades (qui comptent pour la première fois des Jeux d’hiver) sont aussi l’occasion d’une série d’innovations car la France veut se montrer à la hauteur de l’événement. Paris subissant alors une grave crise du logement, la question de l’hébergement est cruciale. La première révolution est la construction du tout premier village olympique : une soixantaine de maisons en bois sont construites pour loger les athlètes du monde entier. Dotée d’un bureau de poste, d’un salon de coiffure et d’un restaurant, cette cité, critiquée pour son confort sommaire, est boudée par certaines délégations.
Autre nouveauté : les Jeux 1924 sont les premiers à bénéficier d’une importante couverture médiatique. Près de 700 journalistes du monde entier relatent la compétition. Et, grâce à la transmission sans fil, les épreuves sont diffusées en direct à la radio et commentées par le «Parleur inconnu», Edmond Dehorter, premier commentateur sportif. C’est aussi depuis 1924 qu’il revient au pays organisateur de filmer les épreuves et de revendre les images aux différentes sociétés de presse.
Couacs et performances
D’un point de vue sportif, ces JO sont marqués par une chaleur accablante qui contraint la moitié des concurrents du cross-country à abandonner. Une hécatombe qui signe la fin de cette discipline. De même, deux autres sports disparaissent, après 1924, du programme olympique : le rugby à XV en raison des nombreux blessés consécutifs à des placages pourtant réglementaires et le tennis, dont l’organisation des matches suscite de nombreuses critiques.
Excepté ces couacs, la grand-messe du sport rassemble les plus grands sportifs de l’époque. Le Finlandais Paavo Nurmi, coureur de fond hors normes, est le premier athlète à remporter cinq Médailles d’Or en une seule édition. L’Américain Johnny Weissmuller, premier homme capable de nager le 100 m nage libre en moins d’une minute, décroche quatre médailles, avant de devenir une star de cinéma en incarnant Tarzan à douze reprises. Avec sa Médaille d’Or du saut en longueur, l’Afro-Américain William DeHart Hubbard devient le premier champion olympique de couleur en individuel.
Enfin, les femmes, même si elles ne représentent que 4 % des athlètes, s’illustrent. Notamment l’Américaine Gertrude Ederle, qui sera, deux ans plus tard, la première femme à traverser la Manche à la nage (14 h 39), en battant même le record masculin.
Cet article est paru dans le Télépro du 20/6/2024
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici