Panneaux solaires : de si grands soleils

L’énergie solaire a le vent en poupe. Les parcs photovoltaïques se multiplient. La Belgique aussi prend le soleil. Un sujet évoqué ce mercredi à 23h15 sur Arte dans le film «Nos soleils».

Le désert du Taklamakan, dans la région du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. Grand comme neuf fois la Belgique, il est surnommé « la mer de la mort ». Sous un soleil de plomb, du sable à perte de vue. Du sable et, depuis juin dernier, des panneaux photovoltaïques. 5,26 millions ! Construit pour près de 2 milliards d’euros, le parc solaire de Midong est la plus grande centrale solaire du monde. Elle peut produire 6,09 milliards de kilowattheures, de quoi répondre aux besoins en électricité d’Anvers ou du Luxembourg.

De loin le plus important émetteur de gaz à effet de serre (30 % des émissions mondiales), l’Empire du Milieu a à cœur de redorer son blason en s’imposant comme précurseur des énergies renouvelables. Leader mondial de l’énergie éolienne, numéro 1 de la production hydro-électrique, il occupe aussi la première place en matière d’énergie solaire. Selon l’organisation américaine Global Energy Monitor, il possède la moitié de la quantité totale d’énergie photovoltaïque dans le monde.

Pour atteindre ses objectifs (stabiliser ses émissions de CO₂ d’ici 2030 et neutralité carbone atteinte d’ici 2060), le pays investit massivement dans les énergies renouvelables. Il n’est pas le seul.

Électricité verte

Les avantages écologiques des parcs de grande taille sont nombreux. L’association SolarPowerEU affirme ainsi que les panneaux solaires produisent 96 % d’émissions de gaz à effet de serre de moins que les centrales à charbon, et 93 % de moins que les centrales à gaz. Le bilan énergétique global positif de l’énergie solaire (malgré l’énergie nécessaire pour la production des panneaux), le pourcentage important de recyclage (jusqu’à 95 % des composants des panneaux) et l’utilisation de terrains abandonnés ou non cultivables sont d’autres arguments en sa faveur.

Méga projets

Qu’on les appelle parcs photovoltaïques, centrales photovoltaïques ou centrales solaires, les réalisations se multiplient. Simple et économique, la production d’électricité verte se répand sur la planète. Outre la Chine, de nombreux pays lancent des projets taille XXL. En Australie, SunCable alimentera des millions de foyers nationaux et fournira de l’électricité à Singapour. En Inde, le parc solaire de Khavda est appelé à devenir la plus grande installation d’énergie renouvelable au monde. Il sera capable d’alimenter 16,1 million de foyers par an. Même les pays du Golfe s’y mettent. Le Qatar, par exemple, annonce la mise en service d’une gigantesque ferme solaire à l’horizon 2030.

La Belgique sous le soleil

Notre pays pourrait moderniser un vieux slogan de la crise pétrolière des années 1970, genre « On n’a pas de soleil, mais on a des idées ». En septembre dernier, INEOS Inovyn inaugurait à Jemeppe-sur-Sambre un parc de 30 hectares (56 terrains de football) pour 90.000 panneaux photovoltaïques. Objectif : fournir de l’électricité sans CO₂ à son site de production de Feluy et réduire de 14.000 tonnes par an ses émissions de CO₂.

Le premier producteur européen de vinyles ne compte pas s’arrêter là. Il projette de construire un deuxième parc quatre fois plus grand l’année prochaine. Autre exemple : en 2023, Braine-l’Alleud inaugurait ce qui était à l’époque le plus grand parc photovoltaïque terrestre de Wallonie. 18.000 panneaux pour fournir l’électricité à l’entreprise UCB. À Wierde, en province de Namur, le premier projet agrivoltaïque (avec des ruches et des brebis sous les 15.000 panneaux surélevés) en Belgique est en production depuis septembre 2023. Voilà quelques échantillons.

Reconnaissons-le : il faut un peu gratter pour trouver des projets de parcs photovoltaïques noir jaune rouge. Comme si le manque de soleil dans notre ciel rendait jusqu’ici la Belgique un peu frileuse.

Cet article est paru dans le Télépro du 13/2/2025