Opération Eurêka : sus à la mafia !

Cent cinquante suspects ont été arrêtés dans huit pays © Arte

Ce mardi à 20h55 sur Arte, la série documentaire «Chasseurs de mafia» dévoile les coulisses de l’opération Eurêka, coup de filet géant mené en 2023 contre une redoutable mafia italienne.

Allemagne, mars 2019. L’enquêteur en chef de la police judiciaire de Rhénanie-du-Nord-Westphalie reçoit un appel de ses collègues italiens. Une conversation téléphonique suspecte vient d’être interceptée entre deux résidentes de Wuppertal, une ville de sa juridiction, et un chef de la ‘Ndrangheta, discrète mais puissante organisation mafieuse qui contrôle la majeure partie du trafic international de cocaïne. Une surveillance étroite se met en place : c’est le lancement d’Eurêka, l’une des plus grandes opérations européennes antimafia de l’histoire récente, menée simultanément dans huit pays, et qui aboutira à un coup de filet sans précédent.

Originaire de Calabre, la ‘Ndrangheta, l’une des mafias les plus riches d’Italie, a réussi à étendre son influence bien au-delà de ses frontières. Contrairement à d’autres organisations criminelles, elle est basée sur des liens familiaux très forts, ce qui rend son infiltration particulièrement difficile. Outre le trafic de drogue, elle est impliquée dans des activités de blanchiment d’argent, d’extorsion et d’infiltration dans des entreprises légitimes.

La Belgique impliquée

À l’issue de quatre années d’enquête, le raid final se déroule le 3 mai 2023, à 4 heures du matin. La descente de police géante est lancée simultanément en Italie, en Allemagne, en France, en Belgique, en Espagne, au Portugal, en Slovénie et en Roumanie. Plus de trois mille agents sont déployés, cent cinquante suspects sont arrêtés.

L’opération Eurêka concerne donc aussi la Belgique, où un dossier a été ouvert par le Parquet fédéral dans le plus grand secret en 2018. La police et la justice ont collaboré avec les agences européennes Eurojust et Europol. Le matin du 3 mai 2023, cent cinquante policiers belges sont sur le pont. Vingt-cinq perquisitions sont menées à Genk, Maasmechelen, Hasselt, Bilzen et Pelt. Treize personnes sont privées de liberté. Pour sept de celles-ci, un mandat d’arrêt européen est émis par les autorités italiennes qui demandent qu’elles leur soient remises. Toutes sont soupçonnées d’être membres de la ‘Ndrangheta et d’avoir participé à des transports de cocaïne entre l’Amérique du Sud et l’Europe occidentale.

« Pas une fiction ! »

Lors des perquisitions belges, quatre véhicules de luxe sont saisis ainsi que 60.000 € en liquide et des armes interdites. Le procureur du Roi du Limbourg, Guido Vermeiren, déclare : « La mafia dans le Limbourg n’est pas une fiction ». Le directeur général de la police judiciaire fédérale, Eric Snoeck, salue les résultats de l’opération : « La police judiciaire fédérale est mobilisée sur l’ensemble du territoire contre toutes les formes de criminalité organisée. Des résultats significatifs ont été obtenus et nous allons continuer notre action dans ce sens. »

Selon le porte-parole du parquet fédéral belge, Eric Van Duyse, tout est parti d’une enquête née sur la base d’informations délivrées par la police et la justice belge en 2018 : « C’est parti du Limbourg, à proximité du port d’Anvers et des frontières, qui est un endroit où les mafias travaillent relativement facilement. Nous avons utilisé des moyens discrets comme des filatures, des caméras placées à des endroits stratégiques, des écoutes téléphoniques. Patiemment, le dossier s’est construit jusqu’à arriver à retirer le fil de cette toile d’araignée qu’est la ‘Ndrangheta. » Une mafia désormais affaiblie, mais pas anéantie…

Cet article est paru dans le Télépro du 23/1/2025

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