OCS : l’inconnue de Shanghai
Comparée à l’OTAN, l’OCS regroupe des géants comme la Chine, la Russie et l’Iran. Une organisation évoquée ce samedi à 19h30 sur Arte dans «Le Dessous des cartes».
Si l’alliance politico-militaire entre les trente pays d’Europe et d’Amérique du Nord membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord – OTAN – est loin d’être une inconnue pour les Occidentaux, son (presque) pendant asiatique leur (nous) est presque inconnu. Pourtant, l’Organisation de coopération de Shanghai – OCS – regroupe des nations comptabilisant ensemble près de 44 % des habitants de la planète. En font partie des poids lourds comme la Russie, la Chine, l’Inde, le Pakistan et, depuis peu, l’Iran.
Au commencement était la fin
1991 : l’une après l’autre, les républiques qui formaient l’Union soviétique proclament leur indépendance. L’URSS explose, l’URSS est morte : vive la Communauté des États indépendants. Une CEI qui voit lui échapper une grande partie de son influence en Asie centrale en même temps qu’y grimpe en flèche la popularité de l’OTAN et, en particulier, de l’éternel rival américain.
Un autre géant de la planète voit cette évolution et les tensions dans la région d’un mauvais œil : la Chine. Les deux pays parlent, se rapprochent, coopèrent. En avril 1996, Pékin et Moscou créent ensemble le Forum de Shanghai. Le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan font aussi partie de ce groupe.
Le 15 juin 2001, l’OCS voit le jour. Assurer la sécurité mutuelle des membres et la paix dans la région, coopérer dans les domaines politique, économique, militaire… font partie de ses objectifs principaux. Mais il s’agit aussi pour elle de mettre un terme à ce qu’elle considère comme «les visées d’hégémonie américaine dans la région» et de s’instaurer en rivale vis-à-vis de l’OTAN. En 2005, pour marquer le coup, les pays membres de l’OCS rejettent à l’unanimité la demande des États-Unis de faire partie de l’organisation en tant qu’observateur.
Séances de musculation
En 2017, l’Inde et le Pakistan mettent leurs rivalités de côté et se retrouvent membres à part entière de l’organisation. Le 17 septembre dernier marque un autre tournant historique pour l’OCS. Le président chinois Xi Jinping l’annonce : l’Iran est devenu membre de l’Organisation. Comme l’analyse Le Nouvel économiste, Téhéran sort ainsi de «l’isolement imposé par les États-Unis», tandis que Moscou comme Pékin «profitent du départ des États-Unis d’Afghanistan pour s’imposer comme les pays clés de la région».
OCS versus OTAN
L’OCS rivale crédible de l’OTAN ? Des événements marquants récents ne permettent plus d’en douter. Que ce soit à l’occasion de son intervention en Syrie ou quand elle a déclenché la guerre en Ukraine, la Russie a pu vérifier la fiabilité de ses partenaires principaux au sein de l’OCS : à l’ONU, Vladimir Poutine a reçu le soutien tant de la Chine que de l’Inde.
Sur le plan militaire, les pays de l’OCS effectueraient chaque année une douzaine de grandes manœuvres. Quant aux budgets alloués à la défense, ils seraient pratiquement identiques à ceux de l’OTAN. «L’Organisation de coopération de Shanghai n’est pas une alliance militaire comme l’OTAN», déclarent les responsables de l’OCS. Elle est effectivement nettement moins occidentale…
Cet article est paru dans le Télépro du 28/4/2022
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