Obésité infantile : sortir de «l’addiction à la chaise» !
« Et si, pour la première fois, l’espérance de vie de nos enfants était inférieure à la nôtre ? » C’est la question que pose le documentaire diffusé lundi à 20h40 sur La Trois, «Écrans, malbouffe, sédentarité : alerte rouge sur la santé de nos enfants».
Il faut bouger, mieux manger et utiliser raisonnablement smartphones, télévisions, ordinateurs, tablettes et consoles. Le conseil vaut pour tous. Et surtout pour les enfants.
Il n’y a pas de temps à perdre. Les bambins de 2 ans à 5 ans regardent en moyenne un écran plus de 4 heures par jour. Et chez les 8-14 ans, ce temps d’exposition atteint 8 heures. Alors qu’il est recommandé de ne pas dépasser, par jour, 30 minutes d’écran pour les 3 à 6 ans, et pas plus d’une heure pour les 6-9 ans. Au-delà, les conséquences sur leur santé peuvent s’avérer sévères. Troubles du comportement et retard dans l’apprentissage du langage chez les petits. Sédentarité accrue et problème de poids chez les ados, notamment.
Plus mortelle que le tabac
Le documentaire de La Trois suit Aya, 2 ans et demi, venue consulter une spécialiste. Alors qu’elle passe jusqu’à dix heures par jour devant la télé, Aya est incapable de parler. La prescription est simple : pas de médicaments, mais supprimer au maximum les écrans. Trois mois et demi plus tard, la petite fille parle beaucoup, joue avec ses grandes sœurs, a gagné en motricité et en vivacité.
Autre conséquence de la surexposition aux écrans, la sédentarité induite avec les effets désastreux qu’elle engendre. L’inactivité physique augmente le taux de graisse et de sucre dans le sang et altère les vaisseaux. Elle favorise l’apparition du diabète, du cholestérol et de l’hypertension. « Nos lycéens d’aujourd’hui préparent leur infarctus à 30 ans. La sédentarité et l’inactivité physique tuent plus que le tabac ! », met en garde le cardiologue interrogé dans le documentaire.
L’essentiel, se dépenser
D’autres complications liées au surpoids se manifestent insidieusement : douleurs aux genoux ou aux pieds, troubles du sommeil, incontinence… Au-delà des problèmes de santé, l’enfant obèse doit aussi faire face à la grossophobie. Moqueries, harcèlement, décrochage scolaire deviennent souvent son quotidien.
Là aussi, il existe une prévention simple : sortir de « l’addiction à la chaise ». Développer une activité physique par la pratique d’un sport ou par le simple fait d’aller jouer dans le jardin. L’important, c’est que l’enfant se dépense. Il est conseillé de bouger environ 60 minutes par jour.
La sédentarité et les écrans ne sont pas les seuls coupables du surpoids et de l’obésité galopante chez les jeunes. Il y a aussi les habitudes alimentaires, la tristement célèbre malbouffe !
En Belgique, 20 % des enfants entre 2 et 17 ans sont en surpoids, 5,8 % considérés comme obèses. En Fédération Wallonie-Bruxelles, l’obésité précoce est prépondérante avec 10,2 % des enfants de première maternelle en surpoids et 6,2 % d’obèses. En 6e primaire, ces taux passent respectivement à 14,2 % et 11,4 %. En vingt ans, l’obésité infantile a augmenté de 17 % dans notre pays.
Trajet de soins
Consciente qu’il est urgent d’assister les enfants au corps arrondi, la Belgique a lancé le 1er décembre 2023 un « trajet de soins obésité infantile ». Dispensé dans 25 centres multidisciplinaires pédiatriques pour l’obésité (CMPO), ce plan de traitement personnalisé s’adresse aux enfants âgés de 2 à 17 ans dont l’Indice de masse corporelle (IMC) atteint un seuil spécifique en fonction de leur âge et de leur sexe. Il est élaboré sur mesure par des pédiatres, diététiciens, psychologues, kinésithérapeutes et assistants sociaux formés à la prise en charge de l’obésité pédiatrique. « L’obésité est une maladie chronique qui, comme toute maladie chronique, mérite les meilleurs soins et surtout des soins adéquats et financièrement abordables », déclarait alors Frank Vandenbroucke, ministre fédéral de la Santé.
Cet article est paru dans le Télépro du 29/8/2024
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