Nudité au cinéma : Hollywood sans (dessus) dessous
Lundi à 20.35 avec le documentaire «L’Histoire de la nudité à Hollywood», La Trois fait grimper la température et dévoile les dessous des scènes les moins habillées du grand écran.
«Couvrez ce sein que je ne saurais voir»… Ou pas ! Au cours de son histoire, le cinéma américain a vu ses acteurs se (dé)couvrir au gré des changements de la société. Retour sur l’histoire culottée de la nudité à Hollywood.
Nu dès le début
Il y a bientôt 127 ans, le 28 décembre 1895, Louis et Auguste Lumière, inventeurs du cinématographe, organisaient la toute première projection publique d’un film. Le cinéma est à peine inventé que les actrices de films muets en noir et blanc se trouvent déjà dévêtues. «Sublime beauté», avec Audrey Munson et réalisé par George Foster Platt en 1915, est considéré comme la première production américaine – non pornographique – dévoilant une scène de nu intégral.
Dès le début, les films font l’objet de censures, mais celles-ci varient d’un État à l’autre. Pour mettre de l’ordre dans ce secteur en plein boom et éviter les pertes financières, l’industrie du cinéma crée son propre organisme d’autorégulation en 1916 : la National Association of the Motion Picture Industry (NAMPI).
Code Hays
Depuis les années 1910, Hollywood est devenu le centre du petit monde du 7e art. Et le lieu de tous les excès : alcool, drogue, prostitution, jeux d’argent… Le vice est partout.
Et en 1921, le scandale de trop éclate. L’acteur star Roscoe Arbuckle est accusé d’avoir violé et tué la comédienne Virginia Rappe. La NAMPI, qui devient la Motion Pictures Producers and Distribution Association, présidée par William Hays, décide d’établir un code de bonne conduite.
Rédigé en 1930, le Code Hays n’est réellement appliqué qu’à partir de 1934, à l’arrivée à la tête de la Commission du très catholique Jospeh Breen. Alors que les films de la période pré-code montraient encore de la chair à qui voulait en voir, le Code réglemente sévèrement la moralité au grand écran : pas de nudité, ni de baiser de plus de trois secondes et jamais, ô grand jamais, un homme et une femme dans le même lit… sauf si l’un d’eux a un pied au sol !
Mais la censure, loin de brimer tous les réalisateurs, titille l’imagination des plus inventifs, comme Alfred Hitchcock. Ses feux d’artifices dans «La Main au collet» ou son train qui entre dans un tunnel dans «La Mort aux trousses» sont autant d’éléments suggestifs qui ont marqué les esprits.
CiNUma
Les mœurs de l’Amérique des sixties évoluent. La révolte sociale qui gronde ne correspond plus du tout à la moralité du Code Hays, qui perd toute raison d’être. Il disparaît en 1968 au profit d’un système de classement des films selon les publics auxquels ils sont adaptés.
Les films classés G (General Audience) ne présentent aucune scène de nudité, très peu pour les films PG (Parental Guidance Suggested) et de la nudité complète à partir des PG-13 (déconseillés aux moins de 13 ans). Lorsque celle-ci est sexualisée, les films sont classés R (Restricted – les enfants de -17 ans devraient être accompagnés) ou NC-17 (No Children under 17).
Dans le documentaire de La Trois, Malcolm McDowell, qui apparaît dans le plus simple appareil dans «If…» (1968) puis «Orange mécanique» (1971) raconte : «Je suis arrivé pile au moment où la brèche a été ouverte, quand ils ont plus ou moins autorisé la nudité au cinéma. (…) C’était la limite qu’on n’osait pas franchir, mais une fois que ça a été fait, mon Dieu, c’était la débandade !»
Un cinéma qui n’a pas froid aux yeux fait son apparition. Et dans les décennies qui suivent, les scènes dénudées, plus ou moins sexy, plus ou moins violentes et plus ou moins utiles, deviennent monnaie courante.
#MeToo
En 2017, suite à l’affaire Weinstein, un courant déferle comme un raz-de-marée sur Hollywood : #MeToo. La parole des femmes est enfin entendue. Les unes après les autres, les actrices osent faire éclater la vérité, accusant d’agressions sexuelles et de viols certains des plus grands noms du cinéma.
Pour elles, plus question de voir le tournage d’une scène de nu comme un passage obligé pour se faire une place. Et une nouvelle profession fait son apparition sur les plateaux : le coordinateur d’intimité. Celui-ci est chargé de planifier les scènes de sexe, de s’assurer que les acteurs sont consentants et à l’aise, notamment grâce aux équipements qui leur sont fournis pour préserver leur dignité.
Cet article est paru dans le Télépro du 15/12/2022
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