Notre cerveau reste froid à la hausse du climat
Face à la menace climatique, pourquoi ne changeons-nous pas nos comportements ou si peu ? Car notre esprit ne se met pas en alerte ! Ce samedi à 22h40, Arte propose le documentaire «Climat : mon cerveau fait l’autruche».
La fonte des glaces aux pôles, les tornades aux États-Unis, les grands incendies en Grèce ou en Australie… Plus près de nous : les inondations meurtrières de juillet 2021, le printemps anormalement clément de 2020, les canicules des étés précédents… Le climat est fou !
Il y a peu, le GIEC tirait encore la sonnette d’alarme. Si l’on n’agit pas rapidement, la planète sera invivable. On en parle partout. Et pourtant… On prend l’avion, on continue d’utiliser sa voiture plus que de raison, on achète de la ciboulette du Kenya et des gadgets made in China. Face à l’urgence climatique, pourquoi n’adaptons-nous pas nos modes de vie ? Car notre cerveau fait l’autruche, comme le titre le passionnant documentaire d’Arte samedi soir.
Gamine de pub
Vous vous souvenez de la gamine dans la pub télé : «T’as entendu parler du plastique qui pollue les océans ? Alors, t’attends quoi pour dire stop ?». Les émissions de CO2, l’effet de serre, le réchauffement climatique… Ce n’est pas compliqué à comprendre. Tous les enfants peuvent vous l’expliquer. Mais nos cerveaux d’adulte bloquent.
Pour appréhender ce phénomène, les écologues utilisent la fable de la grenouille. Si vous plongez une grenouille dans un bain d’eau très chaude, elle sort d’un bond. Si vous la mettez dans l’eau froide que vous chauffez peu à peu, elle s’habitue à la température et finit par mourir ébouillantée. Nous sommes cette grenouille-là. Notre cerveau refuse de nous avertir du danger.
Chinois et moi et moi
Le phénomène a des causes multiples. Les spécialistes évoquent d’abord le biais d’optimisme. Notre cerveau a du mal à envisager une crise, il préfère penser que tout va bien. C’est ainsi qu’au début du covid, certains ont cru à une «grippette»… Notre esprit a aussi tendance à sous-estimer la menace individuelle.
La maladie, l’accident, le handicap… ça n’arrive qu’aux autres. Si la mer monte, les Flamands seront sous eau, pas les Wallons. Ça ne me concerne pas tant que ça ne m’affecte pas concrètement. Il faut aussi compter avec l’effet de masse. Si une dame âgée tombe en rue devant moi, je vais vite lui porter secours si je suis seul. Mais plus nous sommes nombreux autour d’elle, moins je serai enclin à l’aider.
Pourquoi moi ? Pourquoi pas les autres ? Pourquoi faire attention à mes émissions de CO2 alors que l’industrie ou les Chinois polluent bien plus ? C’est d’autant plus compliqué qu’il y a un décalage temporel entre la cause et l’effet. Si j’achète aujourd’hui un véhicule polluant, ma maison ne sera pas inondée ou détruite par une tornade dans la nuit. Notre cerveau a du mal à se projeter dans des conséquences futures, qui semblent lointaines et abstraites.
Depuis la Genèse
Notre comportement est aussi le fruit de toute une histoire. Depuis la Genèse, il est dit que l’homme doit dominer la nature. Et depuis deux siècles, le progrès technique donne l’illusion que nous avons tout pouvoir. Cette représentation du monde est si bien ancrée que nous ne parvenons pas à nous en détacher.
Et ajoutez encore à cela que notre cerveau trie les infos pour ne conserver que celles qui confortent nos valeurs et croyances. Si vous êtes antivax, vous retiendrez les propos du Dr Raoult. Si vous êtes provax, vous ne l’entendrez même pas. Il en est de même pour le climat. Malgré les évidences scientifiques, beaucoup de cerveaux adultes sont donc en mode : « Stop Greta ! Arrête de nous bassiner avec le climat !».
Cet article est paru dans le Télépro du 10/3/2022
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