Noël made in China : une ville entièrement dédiée à la fabrication d’objets de fêtes

Yiwu a fait de Noël sa spécialité : 3.000 boutiques vendent uniquement des objets portant ses couleurs et motifs © Isopix

Le Père Noël vit peut-être au pôle Nord, mais ses ateliers de déco de fêtes sont en Extrême-Orient ! Ce mardi à 23h20 sur Arte, le documentaire «Noël made un China» nous emmène à leur découverte.

Yiwu est une petite ville du sud-est de la Chine. Sans doute n’en avez-vous jamais entendu parler. Et pourtant, il y a fort à parier que l’on trouve dans vos armoires ou votre grenier quelques objets en provenance de Yiwu. Un sapin artificiel, des boules à 3 € la douzaine, un renne lumineux, des étoiles pailletées, une nappe imprimée de flocons dorés… C’est à Yiwu que sont produits 80 % de toutes les décos de Noël vendues à travers le monde.

Milliards de gadgets

«Un océan de marchandises, un paradis pour les consommateurs», tel est le slogan de Yiwu. Cette ville manufacturière chinoise est mondialement considérée comme le plus grand marché de gros pour les petites marchandises. Comprenez : elle est la capitale mondiale du gadget.

Chaque jour, 40.000 grossistes de la planète viennent y sélectionner les babioles qui vont remplir nos magasins. Le principal marché couvert de la ville abrite pas moins de 70.000 stands. Au total, Yiwu compte environ 100.000 boutiques proposant 400.000 produits aux acheteurs en gros. Elles sont organisées par quartiers. Dans telle rue on ne vend que des chaussettes, dans telle autre que des élastiques ou des sacs en plastique.

Parmi ce fatras de produits, les articles de Noël. Yiwu en a fait l’une de ses spécialités. 3.000 boutiques proposent exclusivement des objets aux couleurs et motifs de Noël. Négociés quelques dizaines de centimes sur place, ils seront revendus dix à vingt fois plus cher chez nous.

«Lutins» d’Orient

À Yiwu, 600 usines travaillent toute l’année à produire des milliards d’articles de fêtes. En fait d’usines, ce sont plutôt des ateliers. Des lieux faits de bric et de broc où l’essentiel du travail est manuel. Les machines sont rares, car beaucoup trop coûteuses. Les tâches sont donc confiées à de petites mains.

Du matin au soir, de janvier à décembre, avec un tournevis électrique ou un pistolet à colle, elles attachent une tête de renne ou fixent un pompon sur le bonnet du Père Noël. Puis elles emballent ces pièces, une par une. Quand vient l’heure de la pause, ces «lutins» d’Extrême-Orient se fristouillent un plat de nouilles sur un réchaud posé dans un coin, entre les cartons prêts à partir décorer les fêtes à l’autre bout de la planète.

Vie de paillettes

Mardi à 23.20, le documentaire d’Arte, conçu dans l’esprit «Strip-Tease», avec peu de commentaires, propose de passer un moment avec ces ouvriers de Noël. Même si leurs conditions de travail et de vie interpellent, le doc n’est ni misérabiliste ni accusateur, militant ou bien-pensant. On suit simplement ces hommes et femmes dans leur quotidien, leurs joies, peines, amours, aspirations…

Parmi eux, des gens qui ont quitté la campagne en espérant une vie meilleure. Mais aussi un couple de médecins qui a tout abandonné pour se lancer dans le commerce de Noël. Ou la jeune Jiajiao (17 ans) qui a arrêté l’école pour rejoindre ses parents à l’usine. Son seul rêve : devenir riche. Pour l’instant, elle passe ses journées à saupoudrer des paillettes sur des gadgets…  

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 10/12/2020

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