Mennonites, entre tradition et modernité
Parfois confondus avec les Amish, les Mennonites sont un groupe de chrétiens dont le mode de vie oscille entre ruralité et innovation. Ce dimanche à 21h05 sur La Trois, «Le Doc du Bourlingueur» part à leur rencontre.
Apparus en Europe au XVe siècle, ces croyants portent une appellation en référence à Menno Simons, prêtre qui doutait de certaines doctrines. Il a quitté l’Église catholique pour devenir anabaptiste, en référence au fait qu’il ne croyait pas à la notion du baptême des enfants dans la Bible. Simons deviendra ensuite un homme influent parmi les anabaptistes des Pays-Bas et de l’Allemagne.
D’après la Conférence mennonite mondiale, il y aurait actuellement près de 2,1 millions de mennonites dans 87 pays : États-Unis, Canada, Afrique, Inde, Indonésie, Amérique centrale et du Sud, Allemagne, France et Suisse.
Migrants persécutés
Les persécutions du XVIe siècle ont forcé les mennonites hollandais à s’installer en Pologne, en Ukraine et en Amérique du Nord. Vers 1920, ceux qui vivaient dans les régions ukrainiennes ont été menacés par la révolution communiste et ont rejoint leurs semblables sur le continent américain. On compte ainsi des mennonites canadiens de souche slave, mais aussi française et anglo-saxonne.
Ils ne se disent ni catholiques ni protestants, mais «un groupe distinct ayant des racines dans les deux traditions». Tous ont cependant beaucoup en commun avec les confessions chrétiennes, mettent l’accent sur la paix, le service aux autres et une vie centrée sur le Christ. Ils ne baptisent leurs membres qu’à l’âge adulte.
Confusion
Leur mode de vie initial leur a souvent valu d’être confondus avec les Amish. Certes, un bon nombre utilisent encore des charrettes, portent des bonnets et des habits simples. Parmi les Suisses et les Hollandais, des conservateurs perpétuent la pratique de l’agriculture traditionnelle et gardent la mode d’un autre âge.
La majorité, elle, vit actuellement comme les autres chrétiens, conduit des voitures et a une apparence contemporaine. Les mennonites du Vieil Ordre ont le téléphone (deux sont accordés par famille) l’eau courante, l’électricité, des frigos, mais les ordinateurs, télés et radios sont interdits ! Ce sont les groupes canadiens qui avancent le plus avec leur temps.
L’accent est mis sur la religion, mais aussi la famille et l’éducation afin de renforcer les liens de la communauté. Ainsi, l’écrivaine Rudy Wiebe, née en 1934 à Speedwell (Missouri), après l’exode de Russie de ses parents en 1930, souligne l’importance de ces relations : «Ma petite vie ne suffit pas. J’ai besoin des autres, de ma communauté ; c’est là que je trouve les rochers, plaines et rivières de mes racines (…) J’ai trouvé ma communauté dans les mondes passés de mes ancêtres, dans le présent de l’endroit où je vis à ce jour (Canada, ndlr) et dans la communauté de foi où chaque semaine je rencontre des amis que je connais depuis des décennies.»
Cet article est paru dans le Télépro du 17/3/2022
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