Mascus : macho-Man, le retour
Les féministes revendiquent l’égalité homme-femme… Les masculinistes, eux, prônent le retour de la domination mâle !
On explique la stagnation intellectuelle et économique de l’Europe par le vieillissement de sa population… On ne songe jamais à sa féminisation ?» Dixit Éric Zemmour, candidat d’extrême droite à la présidentielle française. Qui sont ces hommes pour qui tout est la faute de la gent féminine ? Ils portent un nom : les masculinistes. Pour «Doc Shot», jeudi à 22h10 sur La Une, un journaliste s’est infiltré parmi eux. Il livre un
reportage stupéfiant : «Mascus. Les hommes qui détestent les femmes».
Le mâle alpha
«On a donné trop de pouvoir aux meufs, on a volé le pouvoir aux hommes. Sois un leader, sois macho, sois dominant…» Ces petites phrases misogynes tournent en boucle sur YouTube et certains réseaux sociaux. Elles sont répétées à l’infini par des influenceurs très suivis. Ils incitent les hommes à «se comporter en homme», ils leur expliquent comment devenir un «mâle alpha». Ce sont des masculinistes.
Mais le Web n’est pas leur seul terrain de jeu. On les retrouve dans la sphère politique et médiatique. On a déjà évoqué Éric Zemmour. On peut aussi citer Alain Soral, idéologue d’extrême droite, également réputé antisémite, négationniste et complotiste.
Parmi les masculinistes connus et reconnus, il y a aussi Yvon Dallaire. Psychologue et sexologue canadien,
auteur de nombreux livres sur les relations entre hommes et femmes, il a souvent donné des conférences en Belgique.
Leur virilité
Le masculinisme se présente comme le pendant du féminisme. La comparaison est erronée. Car si le féminisme réclame l’égalité entre hommes et femmes, le masculinisme revendique le retour de la masculinité traditionnelle. C’est-à-dire la supériorité de l’homme sur la femme et tout ce qui va avec : patriarcat, inégalité des droits…
En clair : c’est un mouvement réactionnaire, misogyne et antiféministe. Les masculinistes estiment que c’était mieux avant, quand tout le pouvoir était aux mains des hommes. À l’instar de Zemmour qui écrit : «Les femmes n’incarnent pas le pouvoir. Je pense qu’il y a un lien entre le pouvoir et la virilité».
C’est là l’un des nœuds du problème… Dépossédés de leur pouvoir exclusif et de leur rôle patriarcal, ces hommes se sentent atteints dans leur virilité.
Langer bébé
Certains font remonter au mouvement #MeToo cette crise de la masculinité dans notre société. En réalité, elle est bien plus profonde et bien plus ancienne. Au fil du XX e siècle, les femmes ont pris une place toujours plus
importante dans la société et ses rouages. On a vu apparaître une nouvelle distribution des rôles, tant au travail que dans la cellule familiale.
Nos aïeux n’en croiraient pas leurs yeux de voir un jeune papa d’aujourd’hui langer son bébé ou préparer le repas du soir avant que sa femme rentre d’une réunion online avec New York. Le monde a changé, c’est un fait. Mais pour les masculinistes, ce n’est pas simplement le sens de l’Histoire… C’est la faute des femmes ! Et des hommes qui acceptent de se laisser mener par le bout du nez.
Le juste équilibre
Les féministes sont-elles parfois allées trop loin ? Peut-être. Les hommes sont-ils un peu paumés depuis #MeToo ? Sans doute. Peuvent-ils encore dire à une femme qu’elle est jolie ou lui céder le passage sans être accusés d’être macho ? C’est délicat. Le juste équilibre des rapports entre hommes et femmes reste à trouver. Mais ce n’est évidemment pas ce que cherchent les masculinistes. En février dernier, un tribunal français a confirmé en appel la réclusion criminelle à perpétuité de Mickaël Philétas. Coach en séduction sur YouTube, masculiniste et fier de l’être, il incitait à la haine à l’égard des femmes. Une nuit d’hiver, il a tué son ex-petite amie de 80 coups de couteau…
Cet article est paru dans le Télépro du 13/6/2024
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