Mafia : le clan des Siciliens
De Palerme à New York, «Retour aux sources» (La Trois) par sur les traces de la mafia sicilienne, ce samedi à 21h.
«L’héroïne était livrée à toutes les pizzerias de New York, comme la sauce tomate ou le fromage. Ces pizzerias distribuaient ensuite la drogue dans leur quartier.» Dixit Edward MacDonald, ancien procureur de New York, l’un des nombreux témoins qui racontent l’histoire de la mafia sicilienne, Cosa Nostra, dans «Retour aux sources», sur La Trois.
Little Italy
Cette histoire commence à la fin du XIXe siècle. Le sud de l’Italie vit alors dans une misère profonde. Pour s’en sortir, beaucoup choisissent l’exil.
Entre 1880 et 1920, 4 millions d’Italiens émigrent aux États-Unis. Tous arrivent à New York et beaucoup décident de s’y installer. Ils se regroupent dans un même quartier, bientôt appelé Little Italy.
Parmi ces migrants, il y a évidemment quelques délinquants. Mais rien à côté de la criminalité qui règne en Sicile. Depuis les années 1860, de petits groupes organisés y rançonnent la population. On parle de «mafia».
Mussolini, qui arrive au pouvoir en 1922, décide de donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Un millier de mafieux sont arrêtés et condamnés. Les autres fuient en direction de Little Italy.
Un juteux business
Les mafieux siciliens arrivent aux États-Unis en pleine prohibition. En plus du racket, des braquages et des kidnappings, ils vont donc se livrer au trafic d’alcool. Le business, très juteux, déclenche des guerres entre familles rivales.
Un homme élimine tous ses adversaires et s’impose comme le parrain des parrains. Son nom ? Lucky Luciano. C’est lui qui fera de la mafia sicilienne un empire du crime.
En 1936, Luciano tombe pour proxénétisme. Condamné à trente ans de prison, il est libéré juste après-guerre pour services rendus à la patrie. Le parrain aurait notamment activé ses réseaux en Sicile pour y faciliter le débarquement américain de 1943.
Élimination
Après la Seconde Guerre, la mafia new-yorkaise se lance dans un autre business florissant : le trafic de drogue. Une dizaine de petites usines siciliennes raffinent une tonne d’héroïne chaque semaine. Les valises de drogue et de dollars transitent par l’aéroport de Palerme.
Cet afflux d’argent suscite à nouveau des rivalités entre familles mafieuses. Un nouveau parrain s’impose en éliminant tous ses adversaires : Toto Riina.
D’une vengeance à l’autre
Certains quittent la Sicile avant d’être exécutés. Parmi eux, Tommaso Buscetta. S’il a réussi à sauver sa peau, tous ses proches ont été abattus. Y compris les enfants. Lorsque Buscetta est arrêté outre-Atlantique en 1983, il décide donc se venger en parlant.
Ses déclarations vont mener à un procès hors norme. En 1986, 475 mafieux se retrouvent devant la cour d’assises de Palerme. 19 écoperont de la perpétuité, les autres se partageront 2.650 ans de prison.
Condamné par contumace, Toto Riina se venge à son tour en faisant assassiner les deux juges qui ont mené au procès : Giovanni Falcone et Paolo Borsellino.
Lève-toi, Palerme !
Aux funérailles de Borsellino, l’archevêque de Palerme s’insurge : «Lève-toi, Palerme ! Ne te résigne pas !». La population locale s’est longtemps tue, mais n’en peut plus de cette violence permanente. Rome envoie alors 7.000 soldats pour réprimer la mafia.
Toto Riina est enfin arrêté. En cavale depuis plus de vingt ans, il vivait tranquillement chez lui, au cœur de Palerme… Poursuivi pour une centaine de meurtres, il sera condamné à perpétuité.
Depuis, la mafia sicilienne s’est faite plus discrète. Quant à sa cousine new-yorkaise, affaiblie par les révélations de Buscetta, elle a perdu le contrôle du trafic d’héroïne. Mais d’autres mafias, venues d’ailleurs, ont pris la relève…
Cet article est paru dans le Télépro du 3/2/2022
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici