Maduro, d’homme du peuple à dictateur
Héros révolutionnaire, leader, paria, dictateur… Ce mardi à 23h25 avec le documentaire «Maduro, du socialisme à la dictature», Arte tente de cerner les contours de la personnalité du président vénézuélien, Nicolás Maduro (61 ans).
L’histoire était digne d’un film hollywoodien, celle d’un chauffeur de bus atteignant les plus hautes sphères du pouvoir de son pays. Mais Nicolás Maduro, actuel président du Venezuela, en a décidé autrement. Portrait.
Quand c’est flou…
Rien ne prédestinait Nicolás Maduro, né en 1962 dans une famille ouvrière, à devenir président. Sur sa jeunesse, peu d’informations claires, à commencer par son lieu de naissance qui est entouré de mystères. «Maduro a changé à plusieurs reprises son récit, pour démentir l’accusation selon laquelle il serait né en Colombie, le pays d’origine de sa mère. L’article 277 de la Constitution interdit en effet aux détenteurs d’une autre nationalité de se présenter à l’élection présidentielle», relate Olivier Dabène, professeur de science politique à Paris, sur le site de l’Institut Montaigne. Dans les années 1990, Maduro est chauffeur de bus à Caracas, syndicaliste très actif et grand soutien d’Hugo Chávez lors de sa tentative de coup d’État. Lorsque ce dernier est libéré de prison, en 1994, Nicolás Maduro est à ses côtés et parvient, au fil du temps, à se rendre pratiquement indispensable.
Persona non grata
5 mars 2013, Nicolás Maduro, alors devenu vice-président, annonce, ostensiblement ému, la mort d’Hugo Chávez des suites d’un cancer. En décembre de l’année précédente, lors de l’une de ses dernières interventions publiques, étant conscient de son état de santé précaire, le père de la Révolution bolivarienne avait enjoint son peuple à élire Maduro s’il quittait ses fonctions. La mort de Chávez sonne donc comme une passation de pouvoir. Le dauphin désigné, pourtant jugé fade et sans envergure par les Vénézuéliens, est élu de justesse avec 50,66 % des voix. Quelques jours après son accession au pouvoir, Maduro voit les rues de son pays s’enflammer pour réclamer son départ. Sa réponse est violente : répression des opposants, droits humains bafoués, presse réduite au silence. «Le pays plonge dans une grave crise économique, sociale et humanitaire, tandis que l’industrie pétrolière, au cœur de la politique sociale chaviste, s’effondre», détaille le documentaire.
Point de non retour
En mai 2018, Nicolás Maduro est réélu après une campagne marquée par le boycott des grands partis d’opposition dénonçant une fraude annoncée. L’homme devient un paria sur la scène internationale, les États-Unis ne reconnaissent pas les résultats tandis que plusieurs pays, dont la France, donnent, en janvier 2019, une semaine à Maduro pour organiser de nouvelles élections. Ce dernier rejette l’ultimatum. L’homme du peuple s’est mué en dictateur…
Le saviez-vous ?
• En dix ans de crise, plus de 7,2 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays. Souvent au péril de leur vie.
• Le Venezuela est l’un des pays disposant d’une réserve de pétrole parmi les plus importantes au monde.
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