L’île de Pâques en danger
L’île de Pâques et ses Moaï ont été victimes du tourisme de masse. Mais depuis le covid, les autochtones ont dit stop ! Ce mardi à 22h15, Tipik diffuse le documentaire «L’Île de Pâques engloutie».
«Vous rêvez de découvrir la mystérieuse île de Pâques et ses célèbres statues Moaï ? La culture et les paysages de l’île font d’un tel voyage une évasion enchanteresse. Suivez le guide !» Dixit le site Web du Club Med.
L’île de Pâques est tendance, et ce n’est pas sans conséquences ! Mardi, sur Tipik, le documentaire «L’Île de Pâques engloutie» explique le désastre causé sur place par le tourisme de masse. Mais le covid a complètement changé la donne…
Le mystère des statues
On l’appelle «île de Pâques» en souvenir du navigateur qui la découvrit un jour de Pâques. Les locaux, eux, l’appellent Rapa Nui : le nombril du monde. Ce petit rocher de 160 km2 est totalement isolé au cœur du Pacifique. De toutes les îles de la planète, c’est la plus éloignée d’une autre terre habitée. Elle appartient au Chili, or la capitale est à 4.000 kilomètres et 4 heures d’avion… Si ce petit bout de terre perdu est très connu, c’est évidemment pour ses Moaï : 1.042 statues monolithiques en pierre volcanique. Les plus grandes atteignent 20 mètres de hauteur et pèsent jusqu’à 80 tonnes. Que représentent-elles ? Qui les a sculptées ? Et surtout, comment sont-elles arrivées là ? Voilà plusieurs siècles que le mystère des Moaï attire des étrangers sur l’île de Pâques. Durant longtemps, ce ne furent qu’une poignée d’explorateurs, d’archéologues et d’anthropologues. Mais depuis l’an 2000, les touristes sont arrivés en masse. Jusqu’à 160.000 par an.
Impact environnemental
Ce tourisme de masse a des effets en cascade. On songe d’abord aux visiteurs peu scrupuleux qui piétinent les sites et mettent le patrimoine en péril. Ce n’est pas là le plus grave. Il y a d’abord une importante croissance démographique. En une quinzaine d’années, la population de l’île a doublé pour atteindre près de 8.000 habitants. La manne touristique attire continentaux et étrangers qui espèrent profiter du business. En quelques années, les natifs de l’île sont devenus minoritaires. Pour accueillir les touristes et cette nouvelle population, on construit à tour de bras : logements, routes… Tout cela a un important impact environnemental. L’accès à l’eau et la gestion des déchets deviennent problématiques.
Merci, le covid
Dès 2018, les autorités chiliennes ont mis le holà. «Cette île est magique, tout le monde veut la visiter, mais c’est aussi une île délicate que nous devons protéger. La nouvelle loi a pour objectif d’y réguler le tourisme», expliquait alors le Président chilien. La loi prévoyait notamment des quotas de visiteurs. Puis est arrivé le covid… Entre mars 2020 et août 2022, l’île de Pâques a été totalement coupée du monde. Comment allait-elle survivre alors que le tourisme était son unique source de revenus ? Qu’allaient devenir les guides, les hôteliers, les vendeurs de souvenirs ? Ils ont repris le métier que les anciens faisaient avant eux : la pêche et le travail de la terre. La municipalité a distribué des graines aux particuliers pour qu’ils cultivent de quoi se nourrir. La solidarité traditionnelle est réapparue. Et finalement, l’expérience n’a pas été déplaisante… Au bout de 28 mois de quarantaine, les premiers touristes ont été reçus avec un enthousiasme modéré. Les autochtones sont désormais bien décidés à imposer leurs limites, pour le respect de leur île et de leur culture. Accueillir des touristes, oui… mais plus jamais en masse !
Cet article est paru dans le Télépro du 7/3/2024
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