L’exorcisme : pas que dans les films !
L’exorcisme – «un combat entre le bien et le mal» – suscite un regain d’intérêt, d’après les archives du Vatican… Ce mardi à 16h45, TV5MONDE diffuse un reportage du magazine «Temps présent» intitulé «Exorcisme, le diable est de retour».
«Les êtres humains sont en grande souffrance, aujourd’hui». Le prêtre responsable du service Écoute – Accompagnement – Exorcisme de l’évêché de Liège marque une pause. Il reprend : «Je dirais qu’ils sont désespérés. Parmi les personnes que nous rencontrons, certaines croient être possédées par le Diable, qu’on leur a jeté un sort, une malédiction. Elles pensent être sous l’emprise de la magie noire. D’autres entendent des voix». L’abbé de 77 ans préfère rester anonyme, pas question d’évoquer le nombre de femmes et d’hommes qui ont fait appel à son service créé en novembre 2021 par l’évêque de Liège. «Nous ne sommes ni psychiatres ni médecins. Notre combat est un combat spirituel», explique-t-il.
Fascination
Pour ceux qui ont vu «L’Exorciste» de William Friedkin, impossible d’oublier la scène. Deux prêtres tentent d’exorciser une jeune fille possédée par le démon. Tandis qu’ils l’aspergent d’eau bénite et prient, celle-ci entre soudain en lévitation au-dessus de son lit, sa tête tourne à 360°. L’enfant profère des insanités d’une voix d’outre-tombe. Musique obsédante signée Mike Oldfield, gros plans sur des visages terrorisés, effets visuels réussis pour l’époque (1973) : combien de cauchemars ces quelques minutes de cinéma auront-elles provoqués ? Et combien de cinéastes auront-elles fascinés ? La purge du mal, l’exorcisme, le vrai, semble bien moins spectaculaire. Mais semble en recrudescence en Belgique, en France ou en Suisse, où «Temps présent» lui consacre un documentaire, mardi sur TV5Monde.
À l’écoute
«D’abord, je rappelle que tout prêtre, diacre et même tout baptisé, par sa prière, peut aider les personnes qui se sentent «sous emprise»», précise Éric de Beukelaer, vicaire général du diocèse de Liège. «Le premier accueil vient d’abord du curé local ou d’un couvent de la région». Ailleurs en Belgique, les évêques ont plutôt tendance à désigner un ou des prêtres exorcistes. Namur et Tournai, par exemple, en comptent deux chacun. Liège a choisi une autre façon de procéder. Mgr Jean-Pierre Delville a créé le service EAE (Écoute, Accueil, Exorcisme). Celui qui en a besoin s’adresse à ce service. Deux personnes décident de la suite à donner. L’abbé, que nous évoquions plus haut est l’une d’elles. «Rendez-vous est alors pris à l’évêché avec deux «écoutants» : un laïc et un ecclésiastique.»
Combat
Impossible d’établir un profil type des demandeurs : femmes, hommes, couples, jeunes, plus âgés, d’origine belge ou étrangère…, ils sont tous représentés. Quelques constantes malgré tout. Souvent, avant de s’adresser à l’évêché dans leur «combat contre le mal», ils ont consulté des marabouts ou des voyants qui n’ont rien pu faire pour eux. «On les considère comme des fous, notre service est en quelque sorte leur dernier recours.» L’abbé insiste : «C’est surtout la valeur de l’écoute, de l’empathie, du non-jugement que nous pratiquons. Il n’y a rien de spectaculaire. Nous essayons aussi d’expliquer que Dieu n’est pas un magicien.» Si, après un ou deux entretiens, les personnes insistent, le service les met en contact avec un prêtre exorciste pour une prière de délivrance. «Dans ce cas, le recours à une aide psychologique pour démêler les niveaux, n’est pas exclue», précise Éric de Beukelaer. «En effet, ceux qui nous sollicitent sont souvent emmêlés dans un nœud de souffrances et de liens mentaux. L’œuvre de l’exorcisme consiste à délier cela, pas d’en rajouter par une dramatisation scénique de style hollywoodien.»
Cet article est paru dans le Télépro du 14/3/2024
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