«Les Indésirables» : le paquebot de la honte
Ils étaient près d’un millier à tenter de fuir le régime nazi pour sauver leur vie, mais personne ne voulait d’eux…
C’est l’histoire d’une terrible errance. À la mi-mai 1939, plus de 900 Juifs allemands embarquent sur le Saint-Louis, un paquebot à destination de Cuba. Ils savent que c’est leur dernière chance de fuir le régime nazi et ses persécutions. Certains ont déjà passé plusieurs mois en camp de concentration, à Dachau ou à Buchenwald. Ils ont été libérés à condition de quitter le territoire et de ne rien emporter avec eux. Mais le voyage ne va pas se passer comme prévu… Une épopée à découvrir vendredi à 20h55 sur Arte dans «Les Indésirables», une docu-fiction ponctuée de témoignages et documents d’archives.
Refoulés à Cuba et aux USA
Le 13 mai, quand le bateau de la Hamburg America Line s’éloigne des côtes allemandes, ses 937 passagers respirent. L’enfer est derrière eux. Ils ont réussi à quitter l’Allemagne hitlérienne et s’apprêtent à entamer une nouvelle vie de l’autre côté de l’Atlantique. Une quinzaine de jours plus tard, le Saint-Louis arrive dans le port de la Havane. Certains aperçoivent déjà sur le quai un mari ou un père parti quelques mois plus tôt. Le bonheur est à portée de main… Sauf que les autorités cubaines interdisent le débarquement. Outre le prix de la traversée, chaque passager a pourtant déboursé 150 $ pour un visa en bonne et due forme. Qu’à cela ne tienne. Cuba refuse qu’ils mettent pied à terre. Au bout de quelques jours, le Saint-Louis est contraint de quitter les eaux territoriales cubaines. Le capitaine, Gustav Schröder, met alors le cap sur Miami. Mais les États-Unis refusent aussi d’accueillir les réfugiés !
S’échouer pour les sauver
Le capitaine imagine faire échouer son bateau sur la côte pour que les autorités américaines n’aient d’autre choix que de venir secourir ses passagers. Bien qu’il soit proche du régime nazi, Schröder a de la compassion pour les hommes, femmes et enfants qu’il transporte. Il est cependant intercepté par le garde côtière avant d’avoir pu mettre son projet à exécution.
Affolement général
Après les USA, il y a le Canada. Le Saint-Louis n’y est pas davantage le bienvenu. Certains voient dans cette histoire sans fin une organisation de Goebbels et de la propagande allemande. Objectif : montrer au monde que personne ne veut des Juifs. Après trois semaines d’errance, le capitaine du Saint-Louis comprend qu’il a tout juste assez de carburant pour retraverser l’Atlantique. Sur le paquebot, c’est l’affolement général. Tous les passagers savent que s’ils rentrent en Allemagne, ils vont vers une mort certaine. Plusieurs préfèrent tenter de se suicider…
La Belgique les accueille
Pendant ce temps, le capitaine élabore un autre projet d’échouage sur les côtes anglaises. Il ne devra pas s’y résoudre, le port d’Anvers lui accordant finalement le débarquement le 17 juin. Parmi les passagers du Saint-Louis, 214 resteront en Belgique. D’autres s’installeront en Angleterre, en France et aux Pays-Bas, où ils seront malheureusement rattrapés par la guerre quelques mois plus tard…
Cet article est paru dans le Télépro du 10/6/2021
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